Étienne Guillard « La récompense du regard des gens »

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Publié le 16 juillet 2005
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Cinq jours, pas plus. Le temps pour Etienne Guillard, tout juste sorti du DU « Pharmacie et aide humanitaire » de Caen, de se préparer pour une mission d’urgence à Haïti, pays dévasté par le cyclone Jeanne en septembre dernier. Il y rejoindra la Croix-Rouge haïtienne dans la ville des Gonaïves pour assurer l’approvisionnement et la dispensation de médicaments. « Haïti a beau être une île sous les tropiques, la vision n’est pas idyllique. A l’arrivée, c’est le choc : situation économique déplorable, état sanitaire désastreux, routes démolies, tas d’ordures qui pourrissent dans les rues… », décrit-il.

Côté travail, Etienne a commencé par gérer la distribution des médicaments dans une clinique d’urgence. « Lever à l’aube avec 50 à 200 personnes qui attendent, qui crient et se bagarrent sur place, explications en créole appris en accéléré, tri des médicaments… Les journées sont épuisantes, d’autant plus que l’on est confronté à la triste réalité des gens dans la galère. » Le centre a cependant dû fermer suite à l’ouverture d’un hôpital de campagne. « Dur de s’investir dans un projet qui s’éteint aussi vite ! J’ai poursuivi ma mission en coordonnant la réception des dons de médicaments. L’humanitaire est parfois décourageant à cause des structures locales peu motivées pour vous aider, et des problèmes d’organisation qui vous rendent fous quand il faut agir dans l’urgence », raconte Etienne.

Autant dire que les missions à l’étranger demandent des qualités d’adaptation et d’ouverture d’esprit. « Il faut aussi accepter les conditions précaires : se laver avec une casserole d’eau ou manger toujours la même chose », précise Etienne. Alors pourquoi un tel engagement ? « Parce que ça me plaît et que je ne peux pas accepter de vivre dans l’aisance alors que d’autres sont abandonnés à leur sort sur le bas-côté de la route. Bien sûr, il y a des désillusions lorsque l’on découvre le fonctionnement de grosses ONG qui en oublient la motivation humanitaire de leurs actions. Mais il y a la récompense du regard des gens, à la fois tendre et sévère, qui vous remercient d’être venu les aider. »

Passion ethnobotanique.

Après quatre mois passés à Haïti, Etienne a mis le cap vers l’Equateur pour un projet que ce passionné d’ethnobotanique finance sur ses propres deniers : valoriser les médecines traditionnelles des Indiens Shuar d’Amazonie. Etienne collabore avec un centre de santé, il aide à cultiver des plantes médicinales pour réaliser des remèdes simples, il participe aussi à la formation des promoteurs de santé. « Le plus important est d’impliquer la population locale pour qu’elle s’approprie le projet et qu’il perdure. Je n’ai aucun retour financier sur investissement mais c’est passionnant. Je ne sais pas encore si je vais faire carrière dans l’humanitaire », confie-t-il. Initialement prévue jusqu’en août, sa mission a porté ses fruits et devrait se prolonger. Et si c’était à refaire ? « Je repars demain matin sans problème. Mais après onze mois d’absence, j’ai besoin d’une pause pour revoir mes proches et me ressourcer. »

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