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Entre professionnels et complémentaires santé : une relation ambiguë et perfectible
Bien malin qui aurait pu prévoir la place des complémentaires santé dans le débat présidentiel. A partir de la proposition du candidat François Fillon de leur confier le monopole du remboursement du « petit risque », toute une gamme de projets a vu le jour, allant jusqu’à leur nationalisation pure et simple dans un système national de santé à la française couvrant 100 % des soins. Mais ces propositions ne sont pas réalistes. La distinction entre gros risque et petit risque n’est pas très opératoire – les professionnels de la santé le savent bien – car le risque est par essence évolutif dans sa gravité, incertain dans sa mesure, variable d’un individu à l’autre. Quant à la « sécurité sociale universelle », prenant tout en charge à 100 %, elle est socialement brutale car elle boute hors de la protection sociale les mutuelles qui ont constitué la « Sécu avant la Sécu » et représentent, qu’on le veuille ou non, une composante du mouvement social.
Cette proposition est économiquement absurde, car il faudrait transformer 35 milliards d’euros de prestations en 35 milliards d’euros de prélèvements obligatoires et, sans doute à terme, des excédents en déficit ! Et tout cela pourquoi ? Pour économiser des frais de gestion dont le montant est surestimé, car on n’impute à l’assurance maladie ni le coût de la collecte des cotisations qui est mutualisé au niveau de l’ACOSS, ni celui de l’endettement qui est supporté par l’Etat qui amortit annuellement, à travers la CADES (caisse d’amortissement de la dette sociale), 14 milliards d’euros d’emprunts et acquitte 3 milliards d’euros de frais financiers ! Est-ce que pour autant la situation actuelle est satisfaisante ? Certainement pas. Si les complémentaires santé sont devenues quasi universelles à travers la loi ANI (accord national interprofessionnel), si leurs prestations sont de plus en plus encadrées à travers le dispositif « contrats responsables », les relations qu’elles entretiennent avec les professionnels de santé restent ambiguës et perfectibles. Le monde des professions de santé et celui des complémentaires sont longtemps restés étrangers l’un à l’autre et si les premiers attendent des secondes des compléments de financement – par exemple à l’officine la prise en charge de l’automédication ou en médecine libérale celle des dépassements d’honoraires – ils en redoutent les contreparties comme le référencement sélectif des prestataires, la création de réseaux fermés ou l’imposition de conditions tarifaires péjoratives. Mais les complémentaires sont elles-mêmes contraintes par la concurrence d’offrir à leurs assurés des services de qualité qui ne passent pas nécessairement par la pression tarifaire. Contraindre les professionnels, c’est aussi contraindre les assurés ! Sans doute faut-il souhaiter que dans le futur professionnels de santé et complémentaires trouvent de nouvelles voies de collaboration dans le respect du rôle de chacun.
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