Du pragmatisme dans la distribution des masques aux libéraux

Christophe Wilcke a vécu cette crise sanitaire en tant que pharmacien titulaire à Spincourt (Meuse) et président de l’URPS Pharmaciens du Grand Est. A ce titre, il est présent dans le bureau du directeur de l’agence régionale de santé le jour où celui-ci prend connaissance du foyer de contagion né d’un rassemblement religieux à Mulhouse (Haut-Rhin) à la mi-février. « Nous avons pu échanger sur les points de stratégie à mettre en place. » Progressivement, l’épidémie atteint d’autres départements. « Installé en Meuse, je l’ai vue se propager selon un gradient régional est-ouest. » Pour les professionnels de santé, la priorité est l’équipement. Il faut très vite rassembler les stocks de masques disponibles et en gérer la répartition harmonieuse en fonction des besoins. Les représentants régionaux des pharmaciens, des médecins et des infirmiers décident de mettre en œuvre un outil logistique de traçabilité de matériel de protection et de produits hydroalcooliques. En 48 heures, un prestataire informatique est recruté. Trois jours seront nécessaires pour construire la plateforme Distrimasques, lancée le 23 mars. Outre la gestion des stocks d’Etat, l’outil permet de gérer les stocks de masques donnés par les entreprises et les collectivités territoriales. D’abord déployé dans le Bas-Rhin avec l’appui des grossistes-répartiteurs et réservé aux médecins et infirmiers, le dispositif Distrimasques est généralisé à l’échelle régionale et aux autres professions à partir de début avril. « Jusqu’à présent, ce n’était pas leur habitude de s’approvisionner en pharmacie. Les professionnels de santé de ville sont venus chercher leur matériel de protection tous les jours après s’être rattachés à l’officine de leur choix. »