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Dans le Gard, après le déluge…
Les 8 et 9 septembre, orages et pluies ont provoqué des inondations cataclysmiques dans le sud-est de la France. Bilan : 23 morts dont 21 dans le Gard. Une vingtaine d’officines ont été dévastées. Ils ont tout perdu. Récit.
Cela fait vingt-sept ans que je suis là. Ma préretraite, ce sera pour plus tard… » Pierre Raynal a assisté pendant deux jours, impuissant, à l’inondation de sa pharmacie de Sommières. Une crue sans précédent du Vidourle : cinquante centimètres plus haut que le record de 1958 qui faisait référence. L’eau a inondé jusqu’à la réserve du premier étage. Pierre Raynal a donc passé sa soirée du 8 septembre à tenter de sauver ce qui pouvait l’être avant que la pression des flots ne devienne trop forte. Le studio de garde du deuxième étage lui a servi de refuge jusqu’au mardi matin : « On a tenu à deux avec un paquet de biscottes. De toute manière, on n’avait pas faim. »
De l’officine de 100 mètres carrés, il ne reste que les murs, et encore, il faudra les sonder. Mobilier, médicaments, balances, ordinateurs : du sol au plafond, tout a été immergé. Le stock de médicaments a été détruit à 80 %.
« En escaladant par les toits ». Dans les jours qui ont suivi, les six salariés de l’officine ont donné un sérieux coup de main pour le nettoyage, en attendant un chômage technique inévitable. En tout cas, un formidable élan de solidarité s’est manifesté dans cette commune complètement ravagée par les eaux. Même le dentiste voisin a mis la main à la pâte. Pierre Raynal tire également un coup de chapeau aux équipes de la CERP de Montpellier : « Ils sont venus tout de suite évacuer les médicaments et produits touchés pour les incinérer et éviter tout risque de pollution. »
Même reconnaissance à la pharmacie Granier-Dupleix, située près d’un supermarché dévasté. Marie Dupleix était de garde. Elle aussi a dû s’installer à l’étage. Plus d’électricité, ni de téléphone. Son mari a été sans nouvelles d’elle jusqu’au mardi : « Dix-sept personnes sont venues se réfugier ici en escaladant par les toits. On a utilisé le même chemin pour se ravitailler entre voisins. J’avais l’impression de participer à Fort Boyard. »
Seuls le disque dur de l’ordinateur central et quelques médicaments ont été sauvés. « Il faut tout reconstruire. On a lancé un appel pour avoir des meubles provisoires. Le Conseil de l’Ordre nous envoie des dossiers pour bénéficier des aides de la commission d’entraide nationale. On a deux employés au chômage technique, mais on voudrait essayer de redémarrer au plus tôt avec un minimum de stock. Nous, nous avons certaines banques derrière nous. Ici, tous les commerçants n’ont pas cette chance. » L’avenir ? Il sera lié à la réouverture du supermarché voisin. Mais Sommières a connu plusieurs crues ces dix dernières années et certains habitants veulent quitter la ville. « Faut-il rouvrir dans une rue où personne ne passerait plus ? », s’interroge désormais Marie Dupleix.
« Redémarrer au plus tôt ». La pharmacie Rouvière, à deux pas de l’hôtel de ville, a eu beaucoup plus de chance, avec seulement trois centimètres d’eau et de boue. Elle est pour encore quelques jours ou quelques semaines la seule pharmacie de Sommières, et elle devra être ouverte six jours sur sept, même si le syndicat des pharmaciens a fait appel à des confrères des communes voisines pour assurer les gardes de nuit. Ici, la demande est telle que le grossiste livre avant de repartir immédiatement avec une autre commande. Il faut dépanner des habitants qui ont tout perdu, y compris papiers, cartes Vitale et ordonnances. On y vient pour téléphoner ou recevoir des petits soins. Dans le cadre du plan orsec, on remet gratuitement des médicaments à ceux qui ne peuvent pas payer. « Une bonne partie de la population est très stressée et angoissée, témoigne Monique Andreu, l’assistante. Nous avons obtenu l’autorisation d’un médecin de délivrer directement certains calmants. »
Outre Sommières, neuf autres pharmacies ont été dévastées par les flots à Uzès, Aimargues, Alès, Goudargues, Brignon et Aramon, où la pharmacie a été le premier commerce à rouvrir ses portes, pour se mettre au service des gens le plus vite possible, notamment les patients chroniques. Mais neuf jours après la catastrophe, cinq officines gardoises n’avaient encore pu rouvrir…-
Vous pouvez les aider !
« Nous avons reçu des appels de pharmaciens d’autres départements qui voulaient manifester leur solidarité sous forme de dons », explique André Lacassagne, président du conseil régional de l’Ordre. Lequel les a invités à contacter la commission nationale d’entraide de l’Ordre.
Prêts et dons. Comme à plusieurs reprises par le passé, celle-ci vient en aide aux pharmaciens sinistrés par des prêts d’urgence à taux zéro rapidement débloqués.
La Fédération a opté de son côté pour un dispositif similaire d’aides d’urgence.
Quant au syndicat des pharmaciens du Gard, il a ouvert ce mardi un compte bancaire (« Solidarité pharmaciens sinistrés ») auprès du Crédit agricole du Gard.
Des chèques peuvent être adressés au syndicat : Maison des Professions libérales, parc Georges-Besse, 30000 Nîmes ; ou par virement, code d’établissement : 13006 ; code guichet : 00040 ; n° de compte : 08593787001 ; clé RIB : 62. F.C.
A retenir
En matière de catastrophe naturelle, la prévention totale n’existe pas plus que le risque zéro. Mais certaines mesures simples peuvent permettre de limiter les dégâts :
– Installer stock et matériel informatique de gestion à l’étage.
– Sauvegarder les données informatiques, CD-ROM ou Zip hors officine.
– Photographier les éléments de décorations (poteries, tableaux…), même si la loi sur l’état de catastrophe naturelle garantit les murs et leur contenu.
– Adresser à son assureur la déclaration de sinistre dans les dix jours suivant la publication de l’arrêté de catastrophe naturelle.
– Après passage d’un expert, ne pas hésiter à demander une contre-expertise (gratuite).
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