Coup de savate

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Publié le 1 juillet 2009
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Stéphanie Khalili, préparatrice de 24 ans, exprime son trop-plein d’énergie dans la boxe française.

J assure Stéphanie toujours étonnée par la puissance des coups qu’elle donne. Malgré son petit gabarit, 50kg, 1m58, (elle est classée catégorie poids coq), elle n’a peur de rien. Adepte de boxe française, depuis ses 17 ans, la jeune fille arbore une combinaison noire aux rayures violettes, les couleurs du PUC, le Paris Universitaire Club. Championne d’Ile-de-France en 2008, elle s’est consacrée huit heures par semaine à la préparation du championnat de France en 2009, où elle est allée jusqu’en quart de finale.

L’élégance du geste. Inspirée des combats de rue, la boxe française est apparue au XIXe siècle sous le terme de «savate», nom qu’elle reprendra officiellement en 2002. Elle appartient aux boxes pieds-poings tout comme le Muay Thaï d’origine thaïlandaise, le Kick-Boxing d’origine japonaise et le Full-Contact d’origine américaine. La savate-boxe française se pratique sur un ring de 4,5m sur 6 avec une tenue particulière, une combinaison, des chaussures souples lacées derrière les chevilles et toute une armure, protège-dents, protège-sein, protège-tibia et la coquille pour les parties génitales. De quoi se sentir engoncé dans ses mouvements. réplique Stéphanie,Chaque technique de coup est codifiée, pour les pieds il y a le chassé, le fouetté, pour les poings on retrouve des techniques de boxe anglaise, l’uppercut, le direct, le crochet. Les combats se déroulent en quatre reprises de deux minutes.

Ne pas confondre avec la boxe anglaise. souligne Stéphanie,En effet, la boxe anglaise très populaire – la seule reconnue aux jeux olympiques – est plus impressionnante avec ses classiques plaies aux arcades sourcilières et ses cocards… Toute la puissance est concentrée sur les membres supérieurs, avec des contacts rapprochés. La boxe française est moins violente, mais reste aussi un sport à risques, Stéphanie le concède. Elle a vu autour d’elle des décollements de rétine ou des machoires déplacées. , insiste la jeune fille. Bilan: en six ans, quelques ecchymoses et une fois un choc au tibia.

La vie est un combat. L’oncle est arbitre de boxe anglaise et le père ancien champion de lutte gréco-romaine des Émirats Arabes Unis. Toute son enfance, elle a souffert de son absence. Quand elle parle de la relation avec son père, elle est tout aussi dure: Avec sa belle-mère qu’elle appelle , les choses ne sont pas simples. Dans ce contexte, le sport sera l’exutoire. Au collège, elle fait quatre ans de volley et de l’athlétisme (sprint, saut en longueur et lancer de poids) et du judo… Puis, à 16 ans, s’initie au Taekwondo, à 17 ans passe à la boxe, en cachette de son paternel formellement opposé aux sports de combat pour une fille. Les années lycées signeront la rupture avec la famille paternelle qui lui reproche sa libertée assumée et la juge débauchée parce qu’elle part vivre avec un garçon. Le plus dur pour elle, c’est de ne pas voir ses petites soeurs.

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Le goût des autres. En terminale économique et sociale, elle décroche et décide de travailler. Au centre d’information et d’orientation, elle découvre le bac pro commerce qu’elle peut faire en alternance, avec l’avantage de pouvoir être rémunérée. Elle l’obtient en 2004 avec mention assez bien, veut poursuivre avec le brevet de préparateur en pharmacie. Ce sera l’hôpital Maison Blanche à Neuilly-Plaisance et une plongée dans le monde de la psychiatrie. Au final, Stéphanie adore apprendre et à l’issue de son BP en 2006, elle trouve un poste à l’hôpital Ambroise Paré, pour découvrir et enchaîne avec le brevet de préparateur hospitalier, qu’elle obtient en 2008. Aujourd’hui, elle s’occupe de la rétrocession des médicaments et passe ses journées à accueillir des patients, à les conseiller pour favoriser l’observance.

Magie des rencontres. Stéphanie aime la magie des rencontres dans son travail, mais aussi dans la rue avec une SDF ou au fil de ses voyages. Elle revient d’un mois en Australie où sac au dos, elle a découvert toute la côte est. Pourtant, elle s’interroge. Stéphanie qui n’a jamais eu peur des coups, commence à ne plus avoir envie d’en donner. •

Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Un tournesol, symbole de soleil et de chaleur, un puits de promesse laissant découvrir des trésors, comme la générosité.

• Si vous étiez une forme galénique ? Un soluté injectable, direct comme l’attitude que je préfère chez les autres même si moi j’ai du mal à dire certaines choses.

• Si vous étiez un médicament ? Un antalgique pour soulager la douleur morale, ainsi que le manque de confiance en soi.

• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Une canne pour se relever, au sens poétique.

• Si vous étiez un vaccin ? Un vaccin contre la culpabilité et notre éducation judéo-chrétienne qui peut rendre coupable presque d’exister et qui freine nos actions.

• Si vous étiez une partie du corps ? Les mains qui prolongent notre esprit et traduisent nos sentiments.

Stéphanie Khalili

Âge : 24 ans.

Formation : brevet de préparateurs hospitalier.

Lieu d’exercice : Hôpital Ambroise-Paré (Hauts-de-Seine).

Ce qui la motive : les rencontres, les voyages pour découvrir l’autre.