Comment se sortir du guêpier

Réservé aux abonnés
Publié le 10 mai 2003
Mettre en favori

Face aux problèmes pratiques posés par les baisses de taux de remboursement, le ministère a décidé de reporter la date limite d’écoulement des stocks des produits comportant d’anciennes vignettes au… 28 mai. Malgré les parades informatiques, l’opération s’annonce cependant délicate.

Craintes de rejets de dossiers par les caisses, difficultés d’épurement des stocks de médicaments remboursables aux anciens taux dans les délais, modification des programmes informatiques, explication à la clientèle d’une mesure impopulaire, refus de livraisons non conformes quitte à se retrouver en rupture de stock… Mai risque d’être un mois noir pour les officinaux. Et ce n’est pas la décision du ministère de la Santé – ayant visiblement sous-estimé les tracasseries causées par l’application immédiate de l’arrêté du 18 avril (voir Le Moniteur n° 2487) – de prolonger le délai d’écoulement des stocks jusqu’au 28 mai inclus qui résoudra les problèmes des officinaux.

La date butoir était initialement prévue le 20 mai. Le délai de grâce de huit jours est jugé bien dérisoire par les intéressés qui, quelques semaines plus tôt, suivaient les consignes professionnelles de surstocker les génériques pour atténuer les effets du TFR. Certains figurent dans la liste des baisses de remboursement de Pâques, comme les génériques de la trimétazidine, du tétrazépam, du thiocolchicoside, de la bétahistine… Même si ces produits représentent de forts volumes, mai et ses ponts ne se prête guère à un écoulement rapide.

Refus des anciennes vignettes.

Qu’il s’agisse de princeps ou de génériques, l’UNPF a donné la consigne à ses adhérents de refuser sur le champ tous les produits livrés portant une vignette à l’ancien taux alors que le ministère de la Santé demande, dans une lettre adressée aux syndicats, « d’accepter la livraison par les grossistes auprès des pharmaciens d’officine de boîtes anciennement vignetées jusqu’au 12 mai inclus ». Par ailleurs, sur les spécialités Vogalène et Séglor, il leur demande d’accepter les livraisons avec anciennes vignettes jusqu’au 30 mai, sachant que le délai d’écoulement est dans ce cas particulier prolongé jusqu’au 15 juin. L’USPO s’est, elle, adressée à la Chambre syndicale de la répartition pour l’engager à respecter ses délais d’écoulement des stocks et à faire figurer la mention « Attention changement de taux » pour les spécialités concernées.

Concernant l’Assurance maladie, les officinaux n’ont pas la garantie que les caisses accepteront de rembourser à 65 % après l’échéance, comme c’est souvent le cas. « Nous sommes attentifs à toute difficulté éventuelle d’application chez les officinaux et restons en concertation avec les syndicats professionnels », se contente de répondre la CNAM.

Publicité

La solution la plus simple pour se débarrasser des vignettes blanches serait de retourner les boîtes à son grossiste ou au fabricant. « La plupart des laboratoires n’acceptent aucune reprise et nous avons donné comme instructions à nos clients de limiter leurs commandes à quinze jours de ventes », se plaint Philippe Maquart, président du directoire de Sogiphar, coopérative du groupement Giphar.

Surstocks de génériques sur les bras.

Face au problème plus aigu d’écoulement des génériques figurant dans la liste du 18 avril, les génériqueurs se montrent en général plus conciliants sur les reprises que les laboratoires de princeps. « Notre partenaire Merck Génériques propose un échange standard aux adhérents qui se sont surchargés à condition qu’il s’agisse de colis complets », signale Lucien Bennatan, président de Pharma Référence. « Nous avons obtenu de la part de certains génériqueurs un engagement écrit de reprise pour les produits non écoulés après la date limite, précise Philippe Maquart. Ceux qui refusent sont mis en rupture dès lors qu’il y a d’autres génériques pour les suppléer. » Ainsi, G GAM assure la reprise et l’échange de ses génériques à vignette blanche. Biogaran n’envisage pas pour le moment des reprises car ce laboratoire espère un écoulement de ses spécialités avant la fin mai. « Entre les baisses de prix, les baisses de remboursement et le TFR, les laboratoires de génériques sont confrontés en peu de temps à trois vagues successives de revignetage, explique Erick Roche, directeur général chez Biogaran. Or le coût unitaire d’un revignetage est environ de 11 centimes ! De plus, cette opération ne s’impose pas dans la mesure où des manipulations informatiques permettent d’écouler les stocks d’anciennes vignettes sans risque pour le pharmacien. »

Basculer l’informatique au dernier moment.

De leur côté, les SSII sont sur le pied de guerre. Elles ont donné le même mot d’ordre auprès de leurs clients : lancer au dernier moment, donc le 28 mai, les mises à jour des programmes et des fichiers permettant la facturation sécurisée des médicaments aux nouveaux taux de remboursement, avec les bons codes CIP, et ce quelle que soit la couleur de la vignette de la boîte. En effet, les rejets de factures par les caisses peuvent être déclenchés par la saisie des informations de la vignette à l’ancien taux qui écrase systématiquement les données du fichier produit, si le programme du pharmacien n’est pas verrouillé. « Nous conseillons aux officinaux de biffer les vignettes des produits restant en stock à l’ancien taux et de faire cette opération en même temps que les mises à jour informatiques », indique Philippe Rousset, directeur des études chez Alliadis. Une mesure de précaution complémentaire à l’envoi par cette SSII d’un CD-ROM permettant la modification du programme de facturation et, par Internet, de programmes permettant de charger les nouveaux codes CIP et les nouvelles bases de remboursement, mais aussi de déclencher des messages d’alerte en cas de saisie d’un code obsolète. C’est le parti pris également par Winpharma-Everys : « Notre système de contrôle et de blocage force l’opérateur à passer en vignette bleue », explique Alexandre Karpov, gérant, en précisant que cette application permettra aussi de gérer la prochaine vague de modifications liées au TFR.

TFR et cahier des charges SESAM-Vitale.

« Chez Caduciel,les clients abonnés à notre service de maintenance peuvent télécharger par Internet la liste mise à jour des 616 spécialités concernées par la baisse du taux de remboursement, indique Alain Malot, directeur délégué. Cette mise à jour intègre un système de blocage de la correction du taux et du prix lors de la lecture du code à barres de la vignette. »

En prévision du 1er juillet, échéance du TFR, Alliadis, Pharmagest et CIP ont rencontré la mission SESAM-Vitale pour souligner leurs difficultés à déployer des programmes conformes au dernier cahier des charges dans les délais réglementaires. « Les seules modifications exigées par la mission d’ici au 1er juillet portent sur la mise en place du TFR qui aura pour conséquence pratique de rajouter trois caractères sur le code de la vignette, un espace plus les chiffres 01 pour signaler que la spécialité est soumise au forfait de remboursement ou les chiffres 00 pour celle qui ne l’est pas », indique Philippe Rousset. Début juillet promet d’être encore plus chaud que mai.

A retenir

Le délai d’écoulement des stocks pour les baisses de remboursement de Pâques passent du 20 au 28 mai pour les pharmaciens. Le ministère leur demande d’accepter d’être livrés sous l’ancienne vignette jusqu’au 12 mai inclus. L’UNPF a, elle, donné pour consigne de les refuser dès le 4 mai.

L’Assurance maladie réfute tout délai de tolérance. Mais elle a coutume de continuer à prendre les anciennes vignettes après l’échéance.

La saisie des informations vignette à l’ancien taux écrase les données de votre fichier produits si votre programme n’est pas verrouillé. Il faudra attendre le 28 mai pour lancer vos programmes de mise à jour des fichiers produits.

Le coût unitaire d’un revignetage est d’environ 11 centimes selon Biogaran.