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Ce que veulent les adhérents de l’USPO
L’USPO a interrogé ses adhérents pour préparer les négociations sur la convention élargie, auxquelles elle espère participer. Ils réclament, entre autres, l’accès au dossier médical, des honoraires et la légalisation du renouvellement d’ordonnance.
La convention élargie avec l’Assurance maladie est un vieux serpent de mer. Incluse dans le protocole d’accord Etat-Officine de 1999, elle n’a jamais vu le jour. Ces derniers mois pourtant, la Fédération et l’UNPF en ont préparé le texte. Un document de 80 pages qui engagera contractuellement les pharmaciens et l’Assurance maladie sur de multiples sujets : dispensation, gardes, formation continue, réseaux de soins…
On avait annoncé sa signature pour le mois de juin dernier. Mais voilà : comme l’a confirmé Jean-Marie Spaeth, président de la CNAM, la convention ne peut être signée tant que les résultats de l’enquête de représentativité syndicale, lancée en 2001, ne sont pas connus. Et ils se font toujours attendre…
L’USPO ne désespère pas d’obtenir ce sésame qui lui permettrait de signer la convention. « Ce qui a déjà été négocié l’a été dans de mauvaises conditions. Si nous obtenons notre représentativité, en aucun cas nous ne signerons en état le texte existant, prévient Gilles Bonnefond, secrétaire général de l’USPO. C’est une contribution au débat, pas plus. » En prévision de prochaines négociations, l’USPO a donc mené l’enquête auprès de ses adhérents pour « savoir ce que veulent les confrères et ce qu’ils souhaitent voir introduit dans la future convention élargie », note Patrice Devillers, président du syndicat. 911 adhérents, sur environ 2 000, ont répondu à cette enquête entre août et octobre 2004. Un bon thermomètre de la profession.
Plébiscite pour le dossier médical personnalisé
85 % des pharmaciens interrogés souhaitent avoir accès au futur dossier médical personnalisé (DMP). Un peu plus que les médecins, qui dans un récent sondage du Quotidien du médecin étaient 82 %. Largement informatisée, la profession semble déjà opérationnelle. 48 % des officinaux disposent d’un historique de dispensation de plus de deux ans, 36 % de un à douze ans. Une mine d’or pour la partie thérapeutique du DMP !
Toujours plus de conseils
90 % des pharmaciens disent aller au-delà du conseil oral et apporter un support pharmacothérapeutique écrit pour accompagner leurs patients. 32 % le font même systématiquement. Dans la majorité des cas (48 %), cela prend la forme de mentions sur le conditionnement tandis que 7 % remettent un document spécifique (plan de posologie, fiche pathologie, carnet de suivi…). 35 % font les deux : mentions et remise de document. L’USPO a voulu aller plus loin et demandé à ses adhérents s’ils étaient prêts à établir un document à remettre à chaque malade comprenant systématiquement la posologie, la durée de traitement, les précautions d’emploi, les informations nécessaires au bon usage du médicament, les précautions particulières à prendre dans le suivi du traitement. Les pharmaciens sont partagés, 49 % s’y opposant. La moitié d’entre eux estime en effet que la dispensation du conseil ne nécessite pas une telle formalisation. « Les pharmaciens souhaitent limiter les contraintes administratives, analyse Gilles Bonnefond. Ils ne veulent pas d’une systématisation. » Un tiers des pharmaciens pense en tout cas que cela mérite une rémunération supplémentaire.
Réalisez-vous des dispensations anticipées par rapport à la consultation du prescripteurOui aux honoraires
Cheval de bataille de l’USPO, la rémunération au forfait est plébiscitée par ses adhérents. Logique. 79 % se disent prêts à abandonner une partie de leur marge liée au prix du médicament pour aller vers des forfaits spécifiques promouvant l’exercice pharmaceutique. Ils voudraient principalement voir rémunérer le suivi thérapeutique (95 %), la prévention et le dépistage (94 %), la prescription pharmaceutique (88 %) et l’opinion pharmaceutique (82 %). « Les pharmaciens ont compris que l’on ne pouvait plus être rémunéré qu’à la marge commerciale, relève Gilles Bonnefond. Le message est passé. »
Légaliser le renouvellement d’ordonnance
« Oui, les pharmaciens anticipent les renouvellements d’ordonnances, oui ils avancent des boîtes. C’est en principe interdit mais c’est la réalité, et elle est difficile à faire admettre aux CPAM, constate Gilles Bonnefond. Nous voudrions simplement légaliser ces pratiques. » L’USPO a voulu mesurer l’ampleur de phénomène. Plus de un sondé sur deux affirme ainsi réaliser des dispensations anticipées plusieurs fois par jour et environ une fois par jour pour 28 %. Les pharmaciens souhaitent prendre leur responsabilité et gérer le renouvellement d’ordonnance, s’agissant notamment des patients diabétiques (84 %), asthmatiques (83 %) ou atteints d’hypertension (81 %). Néanmoins, ils ne le feraient que dans la limite de un mois après l’échéance de l’ordonnance (74 %) et non de douze mois au maximum (22 %). Enfin, ils s’abstiendraient de toute intervention si le prescripteur s’y opposait formellement (64 %). Si ces nouvelles prérogatives du pharmacien étaient actées dans la future convention élargie, elle nécessiterait une modification du code de la santé publique et de la Sécurité sociale.
Participez-vous actuellement à un réseau de santé?Faciliter l’accès aux réseaux
Seulement 21 % des pharmaciens déclarent participer à un réseau. Ceux qui ne sont pas impliqués l’expliquent d’abord pas le manque de temps (28 %). Près d’un tiers également estime être victime de la concurrence déloyale des prestataires de services pour la délivrance du matériel médical et un dernier tiers déplore un manque de reconnaissance et de contacts avec les médecins hospitaliers. « Dans les réseaux, les pharmaciens sont souvent la cinquième roue du carrosse, remarque Gilles Bonnefond. Ces résultats sont la conséquence du retard pris dans la signature de la convention élargie. »
Faire respecter la garantie de paiement
Les pharmaciens interrogés se plaignent de la lourdeur de la gestion administrative du tiers payant avec les organismes d’assurance maladie obligatoire et des situations fréquentes de non-respect de la garantie de paiement. 34 % regrettent la lourdeur du tri des ordonnances et de la paperasse, les difficultés de lisibilité des retours informatiques et de rapprochement bancaire (32 %), et 18 % la mauvaise gestion du mode dégradé par les CPAM hors circonscription. 14 % dénoncent le non-respect de la garantie de paiement, notamment par les caisses dans le cadre de la CMU et des accidents du travail (62 %), mais aussi pour la maternité (46 %) et l’ALD (21 %). C’est le régime étudiant (LMDE, SMECO, SMEREP…) qui est désigné comme le mauvais élève (32 %), devant le régime général (CPAM), 27 %, le régime de la fonction publique (MGEN, MNT…), 13 %, et les régimes spéciaux (RATP, SNCF…), 11 %.
Revaloriser les gardes
La permanence des soins est un sujet majeur de la future convention élargie, principalement sa rémunération qui n’a pas été revue depuis vingt ans. 97 % des officinaux interrogés considèrent la rémunération des gardes insuffisante (20 %) ou très insuffisante (77 %). La quasi-totalité (95 %) accepterait de percevoir une astreinte (le pharmacien à son domicile) de 50 euros par tranche de douze heures (jour comme nuit), avec une revalorisation à 4 euros des honoraires par ordonnance quelle que soit l’heure. Les 5 % qui déclinent cette proposition de l’USPO aimeraient sans doute encore plus…
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