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Publié le 8 novembre 2008
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Utiliser le web pour présenter son officine et informer sur les gardes ne suffisait pas à satisfaire Philippe Aufrère. Il est allé beaucoup plus loin en exploitant à fond l’outil pour créer des services utiles aux médecins, aux infirmières et… à ses confrères. Avec un objectif en tête : valoriser notre profession.

Philippe Aufrère est un passionné d’informatique. « Je me suis formé sur le tas », explique-t-il modestement. Discrètement mais sûrement, le titulaire de la Pharmacie Condom-Pyérénées, dans le Gers, offre tout de même depuis plusieurs années son savoir-faire au service des médecins exerçant dans sa proche région. Sur http://www.pharmacondom.com, à la rubrique « Espaces pros », il suffit en effet aux prescripteurs de cliquer sur « Espace médecins » et d’entrer leur mot de passe pour accéder à une foule d’informations précieuses. Car il n’est pas question pour Philippe Aufrère de mettre en ligne des textes professionnels que l’on peut trouver facilement. « Mon objectif est d’apporter aux médecins une plus-value pharmaceutique dans la gestion des pathologies de leurs patients », indique-t-il.

En d’autres termes, il s’agit de véhiculer par le Net les connaissances des pharmaciens jusque dans les cabinets médicaux. « J’ai par exemple mis en ligne les équivalences entre les doses des différents médicaments opiacés pour faciliter les changements de traitement antidouleur », explique Philippe Aufrère. Autre service unique : le module consacré à l’aérosolthérapie. L’officinal a récapitulé sous forme d’arbre décisionnel les techniques à utiliser en fonction de l’appareillage et de la pathologie des patients. Le médecin peut également vérifier la compatibilité des mélanges et savoir si le produit qu’il souhaite prescrire se trouve hors autorisation de mise sur le marché ou non. Philippe Aufrère valorise par ailleurs le rôle actif du pharmacien dans la prise en charge des patients : il a créé un module nutrition dans lequel le médecin peut trouver l’échelle MNA (mininutritional assessment) qui permet d’évaluer rapidement l’état de dénutrition d’un patient pour pouvoir décider objectivement la mise en place d’une supplémentation.

Bientôt un espace pour les kinésithérapeutes

Mais le module le plus ingénieux concerne le vaste champ du maintien à domicile (MAD). Jugez plutôt. Dans un premier temps, le prescripteur peut évaluer le niveau de handicap de son patient en répondant simplement aux quelques questions de l’échelle de Norton. Selon le score obtenu, une liste d’accessoires adaptés à l’état du malade s’affiche en images. Il ne reste plus au praticien qu’à cliquer sur les références de son choix pour les imprimer sur une ordonnance que le patient apportera à sa pharmacie habituelle. « Ce n’est pas du compérage car le système ne permet pas de retrouver l’identité de la pharmacie à l’origine du service », assure Philippe Aufrère, qui soumet chaque étape de son projet à la validation de l’ordre des pharmaciens. « J’honore tous les mois environ quinze prescriptions issues de l’outil Internet. Les médecins qui utilisent ce service m’appellent volontiers pour un renseignement, mais leurs patients ne viennent pas forcément dans mon officine. Mon principal objectif est de gagner en image car le pharmacien ne véhicule pas suffisamment son rôle de professionnel de santé auprès du corps médical ! »

Cette « aide à la pratique » ne s’adresse d’ailleurs pas seulement aux médecins. Un espace pour les infirmières est disponible depuis deux ans où elles peuvent trouver les équivalences entre la composition des pansements et la liste des produits qu’elles ont le droit de prescrire. « De la même façon, je vais ouvrir un espace pour les kinésithérapeutes », annonce Philippe Aufrère. Loin d’être à court d’idées, il ajoute : « Il y a aussi beaucoup de choses à faire dans le domaine de l’oncologie ».

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300 pharmaciens profitent de Pharmacondom.com

Officinal à plein temps la journée, Philippe passe ses soirées – et une partie de ses nuits – devant un ordinateur. « Je consacre 15 à 20 heures par semaine au développement de mon projet Internet », rapporte-t-il. Parce qu’il veut défendre sa place dans la chaîne de soins mais aussi celle de toute sa profession, il partage désormais les fruits de son savoir-faire numérique avec 300 confrères de son groupement (PHR). Philippe Aufrère crée des services, les teste sur son propre portail et les met ensuite à disposition de Pharma Référence pour lequel il est devenu conseiller Internet. S’il met un point d’honneur à communiquer avec le tissu médical environnant, il utilise également Internet pour faire jouer aux officinaux la carte du « service rendu aux patients ». Le pharmacien possède lui aussi son espace sécurisé dans lequel il peut tirer parti du logiciel de suivi vaccinal. L’avantage ? Le client se voit rappeler la date de son rappel par SMS.

Dernière « production web » de Philippe, le logiciel de suivi MAD devrait permettre de créer un dossier patient consultable par les autres équipes médicales. « L’idée est de remettre à la personne handicapée un document qui dresse ses besoins en matériel médical proprement dit mais qui liste aussi tous les accessoires pouvant améliorer son confort de vie (tel le pour les hémiplégiques) », détaille celui dont le leitmotiv est « Exploiter Internet pour vendre un savoir-faire ».

La partie grand public est accessible aux handicapés

Pour apporter une de la visibilité à cet engagement qualitatif, Philippe Aufrère n’a pas oublié de satisfaire le besoin d’information des internautes. C’est lui qui a créé la rubrique « Equivalence princeps-génériques » sur le portail Internet de toutes les pharmacies PHR. En tapant la dénomination commune internationale d’un médicament, n’importe qui peut donc retrouver le nom de la spécialité princeps. Idem pour la rubrique « Info voyages » qui propose une mine de recommandations sanitaires. « Tous les liens auxquels je renvoie sont des sites de référence : Institut Pasteur, Afssaps… Il faut veiller à donner des informations validées », insiste le pharmacien. Fait notoire, tout le site « grand public » est aux normes WAI (Web Accessibility Initiative), c’est-à-dire accessible aux personnes handicapées.

Philippe Aufrère ne laisse décidément rien au hasard ! « Aujourd’hui, on ne peut plus se passer de la communication Internet. La plupart des Français possèdent un ordinateur et je me dois d’exister par rapport à ma clientèle et à ma zone de chalandise, assure-t-il. Or, pour émerger efficacement sur Internet, il faut y être depuis longtemps. D’où l’intérêt de capter l’attention des consommateurs dès maintenant pour ne pas les laisser s’échapper demain dans d’autres circuits de distribution. »

Envie d’essayer ?

Les avantages

– Favorise les relations avec le tissu médical de proximité.

– Permet de revendiquer une place dans les réseaux de soins.

– Incite la clientèle à consulter le site de la pharmacie comme un site de référence.

– Permet de gagner l’estime et la confiance de la clientèle.

– Permet se démarquer de la concurrence.

Les difficultés

– La création d’un projet Internet demande un gros investissement de temps.

– Ce système fonctionne à sens unique : du pharmacien vers le médecin.

– La réglementation et la déontologie limitent les initiatives.

– L’astreinte d’une mise à jour régulière est indispensable.

Les conseils de Philippe Aufrère

« Communiquons sur le Net dès aujourd’hui pour fidéliser notre clientèle de demain. »

« Attention à respecter l’éthique de la profession et le code de déontologie ! »

« Le pharmacien a intérêt à donner sur son site des informations de qualité et difficiles à trouver par ailleurs. C’est un des moyens de faire reconnaître ses connaissances et son rôle de référent santé. »

– « Il faut profiter du Net pour vendre une image et non pas des produits. »