Pascal Werhlé : « Donner plus de visibilité à ce qui se fait dans les facultés »

Le Moniteur : Vous êtes le tout nouveau président de l’Appex (Association pour la promotion des pharmacies expérimentales). Quels sont vos projets ?

Pascal Werhlé : L’Appex regroupe des universitaires et des enseignants associés, c’est-à-dire des titulaires ou des adjoints en exercice, qui enseignent à mi-temps à la faculté. Son objectif est de former au mieux les pharmaciens de demain en mettant en commun toutes les pratiques pour échanger, affiner, améliorer. En prenant la présidence de l’association, j’assurerai la continuité de ce qu’a fait l’Appex jusqu’ici tout en se recentrant sur les échanges, sur la pédagogie. Il faut donner plus de visibilité à tout ce qui se fait dans les facultés par nos membres. Les journées de l’Appex pourraient ainsi évoluer vers un congrès international pédagogique avec présentations des actions des uns et des autres sous forme d’ateliers ou de posters. Tous ces échanges seront disponibles sur le site de l’Appex que nous allons créer, afin de mutualiser les expériences. Une lettre d’information trimestrielle permettra de ne pas perdre le fil entre deux réunions physiques des membres de l’Appex.

Comment allez-vous concrètement former les pharmaciens à leur métier de demain, qui risque d’être bien différent de celui d’aujourd’hui ?

P.W. : Nous devons prendre le virage de la santé connectée encore peu enseignée et celui des entretiens pharmaceutiques plus rapidement. Les étudiants sont prêts à y aller. Ils ont davantage envie de ce métier que de celui d’aujourd’hui. L’idée, c’est d’initier en France ce qui existe dans les pays du Nord ou au Canada : l’enseignement du pharmaceutical care. Notre enseignement doit être beaucoup plus centré sur le patient en multipliant par exemple les jeux de rôle dans nos pharmacies expérimentales ou les serious games comme dans le monde virtuel de Pharma 3D. Ces différents moyens sont des classes inversées, innovation pédagogique en France fondée sur l’apprentissage par résolution de problèmes. Il nous faut par ailleurs beaucoup plus travailler entre professionnels de santé en développant l’interprofessionnalité dès la faculté en proposant des enseignements communs, notamment en fin de parcours en faisant travailler ensemble étudiants en médecine et en pharmacie sur les mêmes ordonnances. Par ailleurs, la récente réforme des études offre une place à l’éducation thérapeutique du patient, celle-ci doit absolument être développée en collaborant avec les différents acteurs de santé.