Médecins et pharmaciens catalans vont soigner ensemble les hypertendus

La collaboration entre pharmaciens et médecins existe déjà à un niveau local, mais cet accord la porte à un niveau institutionnel, une première en Espagne », explique Roger Vinyeta, l’un des responsables de la Société catalane de médecine familiale et communautaire (3 900 médecins). L’accord signé récemment avec le Collège des pharmaciens de Barcelone (COFB) répondait à une attente. « Nous sentions depuis longtemps la nécessité d’une collaboration plus étroite avec les médecins de famille », reconnaît Mercé Barau, une des dirigeantes de la COFB.

Uniformiser le service offert par les pharmacies aux patients et faire de l’ordonnance électronique un canal d’intercommunication entre médecins et pharmaciens sont les deux idées fortes du projet. « En unifiant les procédures, nous apportons une garantie de qualité. En intensifiant la relation avec le médecin, nous devenons des assistants de santé », estime Mercé Barau.

Pas de compensation financière pour l’instant

L’hypertension et les maladies pulmonaires sont les deux chantiers prioritaires. Dès septembre ou octobre prochain, les pharmaciens pourront, moyennant une formation préalable et le strict respect de protocoles en cours d’élaboration, intervenir dans ces deux domaines. « Pas en se substituant à nous, mais en contrôlant le suivi et la bonne prise du traitement et en nous avertissant le cas échéant », précise Roger Vinyeta. S’agissant de l’hypertension artérielle, le protocole définira quand le pharmacien doit orienter vers une un généraliste ou vers les urgences, demander au médecin un changement d’ordonnance, intervenir auprès du patient pour un meilleur suivi du traitement. En cas de succès, l’expérience pourrait être élargie : cholestérol, ostéoporose…

Débordés, les médecins de famille catalans sont demandeurs et les pharmaciens se disent prêts à appliquer les protocoles sans compensation économique. Jusqu’à un certain point. « Certains actes exigeant un surplus de travail devront être remboursés aux pharmaciens en accord avec le gouvernement régional », admet Mercé Barau. Et de citer l’exemple des pharmaciens basques qui ont déjà obtenu de leur gouvernement régional le remboursement de la préparation hebdomadaire des médicaments pour les patients polymédiqués. A moyen terme, la COFB ne verrait pas d’un mauvais oeil que les revenus des pharmacies dépendent moins de la quantité de médicaments vendus et plus des soins apportés.