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Le numérique, incontournable pour une coordination réussie
L’exercice coordonné implique forcément des échanges entre les professionnels de santé. Disposer d’outils informatiques répondant à leurs besoins est alors essentiel. Reste à les mettre en place…
Equipe de soins primaires (ESP), maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) : quelle que soit la structure, l’équipe pluriprofessionnelle qui travaille de façon coordonnée a besoin d’échanger des informations sur le patient : documents (ordonnance, compte rendu, résultats d’examens, etc.), photos (par exemple, de plaies)… L’utilisation d’outils informatiques est donc indispensable. Avec un maître mot : la sécurisation.
Le dossier médical partagé
Le logiciel métier de chaque professionnel libéral constitue la base numérique. Avec le Ségur du numérique en santé, les logiciels ont évolué et intègrent désormais de nouvelles fonctions afin de permettre des échanges avec le patient et entre les professionnels de santé qui le prennent en charge. Premier outil : le dossier médical partagé (DMP). Désormais, le DMP est hébergé au sein de Mon espace santé dont chaque assuré social dispose. Ce DMP est aussi bien à la main de l’usager qu’à celle des professionnels de santé. Ainsi, l’usager peut ajouter tous les documents qu’il souhaite (ordonnances, résultats d’analyse, etc.). Quant aux professionnels, médecin traitant, pharmacien, praticiens d’un établissement de santé, infirmière, etc., ils ont également la possilité d’envoyer des documents. Par exemple, le médecin traitant peut déposer dans le DMP le volet médical de synthèse ou des résultats d’examens biologiques, le pharmacien une attestation de vaccination ou un bilan partagé de médication. Le dossier médical peut être complété d’un « profil médical » (mesures, allergies, antécédents familiaux, hospitalisations, etc.) renseigné par l’usager s’il le souhaite.
Par conséquent, le DMP permet un premier niveau de partage d’informations, sachant que les professionnels de santé n’ont pas accès à toutes les données de santé du patient. En effet, chaque profession dispose d’un niveau d’habilitation selon ses besoins. Ainsi, un kinésithérapeute n’a pas accès aux résultats biologiques.
Le DMP est sans conteste un outil pertinent. Néanmoins, tous les assurés sont loin d’avoir « ouvert » leur espace santé numérique. En mai 2023, ils n’étaient que 8,6 millions à l’avoir activé, selon la caisse d’assurance maladie. En revanche, côté pros, les logiciels référencés Ségur et mis à jour dans ce sens visent à faciliter l’accès au DMP des patients et au dépôt de documents.
Les messageries de santé sécurisées
Autre outil digital essentiel : la messagerie entre professionnels de santé. Cette boîte mail doit impérativement assurer la confidentialité des données de santé partagées. Il existe aujourd’hui plusieurs messageries sécurisées de santé (MSSanté) répondant aux critères de conformité établis pour les MSSanté. Là encore, les logiciels « Ségur » doivent favoriser leur utilisation par les professionnels. Selon l’Agence du numérique en santé (ANS), 317 151 en sont déjà équipés en octobre 2023. Il n’en demeure pas moins qu’ils ne les emploient pas forcément. Beaucoup préfèrent avoir recours à leur propre messagerie (Orange, Gmail, etc.) bien qu’elles ne soient pas sécurisées et aux messageries instantanées comme WhatsApp. Une messagerie particulièrement utilisée lors de la crise sanitaire du Covid-19, mais qui n’offre en fait aucune sécurité pour des échanges de données sensibles. Cependant, les messageries instantanées présentent l’avantage, dans le cadre de l’exercice coordonné, de permettre des échanges rapides et plus informels. A priori, certains éditeurs de logiciels élaborent de telles messageries et les intègrent dans le logiciel métier.
Des solutions numériques existent déjà. On peut citer l’exemple de l’application Globule, développée en Nouvelle-Aquitaine. Dans le cadre du projet des équipes de soins coordonnées autour du patient (Escap), un outil informatique a également été développé.
Les systèmes d’information
Un système d’information (SI) commun peut néanmoins être nécessaire au sein d’une structure d’exercice coordonné, comme une équipe de soins primaires (ESP), une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP) ou une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS). Grâce au SI, les professionnels partagent les dossiers patients, échangent des informations, disposent d’un agenda commun, etc. Plusieurs SI sont commercialisés. L’ANS recommande d’opter pour un SI labellisé qui réponde à des exigences précises de conformité et soit éligible aux rémunérations forfaitaires octroyées par l’Assurance maladie. L’agence préconise également de préparer en amont le projet d’informatisation de la structure en fonction de son organisation et de ses besoins. Elle conseille aussi de s’adresser aux groupements de coopération sanitaires (GCS) en e-santé qui accompagnent les maisons de santé dans la mise en place de leur SI à toutes les étapes (aide à l’analyse des besoins de la structure, identification des solutions du marché et gestion de la consultation des entreprises). Il est également possible, pour les professionnels de santé, de faire appel à des prestataires de services privés. Les unions régionales des professionnels de santé (URPS) peuvent enfin prodiguer des conseils utiles.
La labellisation des systèmes d’information
L’exercice coordonné pluriprofessionnel recouvre en réalité de nombreux aspects : médical, administratif, financier, organisationnel, etc. La labellisation des SI de l’Agence du numérique en santé permet de prendre en compte toutes ces dimensions :
– l’exercice individuel de chaque professionnel de la structure : gestion des consultations, du dossier patient, de l’agenda, de la facturation, etc. ;
– la coordination pluriprofessionnelle : gestion des protocoles, des accès aux dossiers patients, des réunions pluriprofessionnelles, etc. ;
– le pilotage de l’activité : production d’états pour le suivi de l’activité de la structure et le reporting vers les institutionnels (agence régionale de santé, caisse primaire d’assurance maladie, etc.) ;
– la gestion de la structure : ce qui comprend la logistique, les ressources, etc.
Le label garantit également la conformité à la réglementation en vigueur en matière de conditions d’hébergement des données (agrément HDS* de l’hébergeur de la solution), de dématérialisation des feuilles de soins (agrément Sesam-Vitale), d’aide à la prescription médicamenteuse (certification des logiciels d’aide à la prescription, ou LAP).
Enfin, le SI labelisé doit être « DMP compatible », c’est-à-dire permettre la création, la consultation et l’alimentation du DMP.
Deux niveaux de labellisation peuvent être obtenus par les éditeurs : niveau 1 (standard) et niveau 2 (avancé).
« En revanche, le label ne préjuge ni des aspects ergonomiques des solutions (les éditeurs restant libres dans la manière de mettre en œuvre les fonctionnalités attendues) ni des choix d’organisation laissés aux préférences des utilisateurs », prévient l’ANS.
Une liste des SI labellisés est disponible sur le site de l’ANS (esante.gouv.fr).
* Hébergeur de données de santé.

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