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Le maintien à domicile main dans la main
Anny et Gérard Muller ont fait toute leur carrière officinale ensemble. Aujourd’hui ils dirigent une société de vente et de location de matériel paramédical. Une manière pour Gérard, non-voyant, de rester autonome en aidant les plus dépendants.
Gérard Muller, 57 ans, est non-voyant à la suite d’une maladie rétinienne. Il reconnaît avoir vécu « une période difficile », et son implication dans la vie associative l’a beaucoup aidé, notamment pour la recherche en ophtalmologie. Il soutient également une école « inclusive » qui accueille des handicapés et des jeunes désoeuvrés dans une favela au Brésil. « C’est une école qui s’adapte au handicap. J’y suis allé pour enseigner aux jeunes aveugles comment acquérir un maximum d’autonomie. J’ai eu la chance de pouvoir l’apprendre moi-même… » Et Anny, son épouse, à toujours été à ses côtés.
Anny et Gérard sont tous deux nés en 1948. Ils se sont rencontrés en 3e année de pharmacie. En filière industrie, ils optent finalement pour l’officine. Quand Anny et Gérard s’installent à Merkwiller-Pechelbronn, dans le nord de l’Alsace, ils ont déjà deux de leurs quatre enfants. Pierre, l’ainé, est aujourd’hui médecin urgentiste, guide de haute montagne et intervient à l’hôpital de Briançon. Martin, pharmacien, est installé à Niederbronn-les-Bains. Odile, également pharmacien, est installée à Sainte-Croix-en-Plaine et Jean est étudiant en oenologie à la faculté de Montpellier.
« Ce métier, souligne Anny, m’a permis d’élever mes enfants à la campagne et de rester très proche d’eux. Vivre et travailler au même endroit facilite la vie de famille et ce choix nous l’avions fait à cause du problème de Gérard et du désir d’avoir une grande famille. Nous savions déjà, quand nous nous sommes installés, que Gérard avait une rétinopathie pigmentaire. »
Rester toujours ensemble.
Au début, l’exercice était encore aisé puis, au fur et à mesure de l’aggravation de la maladie, est venue la dépendance. Quand Annie choisit de reprendre une autre officine, Gérard estime que c’est une bonne décision. Il veut éviter de « peser ». « La dépendance était difficile pour lui mais aussi pour moi, indique Anny. Beaucoup de gens ont cru que c’était le début d’une séparation. C’était tout le contraire. »
Objectif maintien à domicile.
Peu après, Gérard crée en parallèle la société de matériel médical Paramédical des Thermes, toujours à Niederbronn-les-Bains. Trois domaines d’activité y sont développés : le maintien à domicile, l’orthopédie et le matériel pour les professionnels. « Je voulais que l’endroit soit aussi le plus accueillant possible, le plus chaleureux. J’ai demandé à une amie artiste peintre d’agrémenter les lieux. Ce que j’aime, c’est le contact », souligne Gérard.
Et puis l’idée d’arrêter l’officine s’est petit à petit imposée même si la décision a été longuement mûrie. « On s’était toujours dit qu’après 50 ans on ferait autre chose. » Gérard et Anny décident alors de vivre à Strasbourg pour se simplifier la vie : « Je peux y prendre seul le tram ou l’avion », explique Gérard Muller. Il se consacre alors complètement à Paramédical des Thermes.
Au début, la société ne faisait que de la location de lits pour le maintien à domicile. « Nous répondions à la demande des deux officines. Au fur et à mesure, nous nous sommes développés mais nous ne disposions toujours pas de local de vente », raconte Gérard. Pour se développer, il leur faut un local plus grand et mieux adapté.
En décembre 2004, Anny et Gérard s’installent à Haguenau dans un ancien garage. « Il nous fallait une grande surface. Nous avons 450 m2 de stockage. » Le tunnel de décontamination et la salle d’exposition nécessitent de l’espace. Aujourd’hui tout est regroupé, alors qu’avant le stockage se faisait à dix kilomètres de là. « Nous ne voulions pas, par exemple, que la partie exposition soit un dépôt. »
Anny et Gérard possèdent aujourd’hui l’un des plus grands magasins de matériel médical de France, sur une surface de près de 1 000 m2. Tout le monde peut ainsi trouver ce qu’il recherche : le matériel pour le maintien à domicile, les handicaps, l’orthopédie (un atelier est consacré aux semelles, faites sur mesure) ou celui destiné aux professionnels (sages-femmes, médecins, pharmaciens, hôpitaux…).
Pharmaciens dans l’âme.
Les relations avec les anciens confrères ? « Je travaille avec ceux qui ont la même conception que moi du travail. Un pharmacien qui veut un fauteuil peut venir nous voir. Je peux l’aider avec toujours l’objectif de bien équiper le malade. Nous nous rendons systématiquement à domicile. Nous proposons au pharmacien un service. Et il n’y a pas que la vente, il y a aussi le service après-vente. Par exemple, si un pneu de fauteuil roulant est à plat, la pharmacie ne change pas le pneu. Nous, oui !, souligne Gérard Muller qui table avant tout sur la qualité. Nous respectons les normes de la Sécurité sociale. Les lits sont tous des produits à la norme NF et rien d’autre. Je suis sûr de ce que je propose. »
Gérard Muller ne compte pas sur ses seuls diplômes et formations : « J’ai l’agrément pour le fauteuil roulant mais j’estime que ce n’est pas suffisant. » Le service au patient demeure essentiel pour les Muller qui sont restés pharmaciens dans l’âme.
GÉRARD ET ANNY EN QUELQUES DATES
– 1948 : naissances en Alsace, dans le Bas-Rhin, lui à Haguenau, elle à Erstein.
– 1972 : diplômés en pharmacie.
– 1975 : création d’une officine à Merkwiller-Pechelbronn. Ils travaillent ensemble.
– 1989 : rachat d’une officine à Niederbronn-les-Bains qu’ils dirigent d’abord en association.
– 2004 (décembre) : ouverture du magasin Paramédical des Thermes (1 000 m2) à Haguenau.
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