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La chiropratique a désormais les mains libres en France
Longtemps décriée par la médecine traditionnelle, la chiropratique a obtenu la reconnaissance officielle de son exercice en France dans la loi sur le droit des malades du 4 mars dernier. Désormais, les chiropraticiens sont des professionnels de santé à part entière. L’occasion de faire le point sur cette thérapie manuelle visant à restaurer l’équilibre du système nerveux.
Mal connue en France, la chiropratique (et non plus chiropraxie !) est née aux Etats-Unis à la fin du siècle dernier. Médecine alternative, elle compte aujourd’hui 60 000 chiropraticiens à travers le monde dont 400 en France. Tous travaillent dans le même but : rééquilibrer la colonne vertébrale. Dans le jargon professionnel, il s’agit plus exactement de corriger les subluxations, c’est-à-dire de remettre en place le moindre déplacement de vertèbre donc d’agir sur les problèmes de dos (hernie discale, déplacement du nerf sciatique…), de torticolis ou encore de lumbago.
Mais le rôle de la chiropratique ne s’arrête pas là. « En corrigeant les défauts de la colonne vertébrale et en éliminant les tensions, je libère des interférences nerveuses liées au dysfonctionnement d’une articulation », explique Caroline Lambert, chiropraticienne à Paris.
Pour comprendre cette action, il suffit de se représenter la colonne vertébrale protégeant la moelle épinière ainsi que de visualiser les racines nerveuses entre chacune des vingt-quatre vertèbres. Toute mauvaise position de l’ossature entraîne, selon les chiropraticiens, une pression ou une irritation nerveuse. D’où, par exemple, le recours à l’ajustement chiropratique pour des maux de tête liés à une mauvaise position des cervicales.
Les champs d’action sont vastes et concernent tous les dérèglements du système nerveux : insomnies, énurésie, problèmes digestifs, sans oublier le lot des manifestations dues au stress. Mais attention, la chiropratique n’est pas une science miracle et ne prétend pas guérir des pathologies graves. Elle peut cependant améliorer la qualité de vie des patients. Dans cette optique, Caroline Lambert travaille en collaboration avec un centre antidouleur. Une démarche qui prouve une complémentarité avec la médecine allopathique. Règle d’or : les ajustements doivent toujours être indolores quelle que soit la technique utilisée. « Il existe plusieurs tendances concernant les pratiques, du contact léger aux ajustements plus dynamiques. A chaque cas correspondent des modes d’intervention différents. Je ne peux pas ajuster de la même manière une femme âgée souffrant d’ostéoporose et un sportif atteint d’une hernie discale », rapporte la chiropraticienne, qui insiste sur le concept de séances personnalisées.
Déterminer les « points faibles » du patient
En pratique, toute première consultation passe obligatoirement par l’étape de l’analyse chiropratique. Pour déceler des subluxations, le patient est soumis à un interrogatoire détaillé sur d’éventuelles causes de traumatismes. Accidents, chutes, sports, position pour dormir, accouchement difficile…, autant d’indices qui aident le praticien à déterminer les « points faibles » du patient et la façon dont le reste du corps « compense » les déficiences. Et Caroline Lambert de relater le cas de cette patiente de 34 ans victime d’une double fracture du tibia droit à l’âge de 8 ans. Une fragilité que la jambe gauche a palliée par une pression au sol nettement plus prononcée… Tant et si bien que le bassin a suivi le mouvement et a basculé vers la gauche. Les vertèbres sacro-iliaques et lombaires ont alors perdu leur alignement. Résultat : douleurs lombaires chroniques et début de sciatique.
Si le récit du patient permet de cerner les défauts de posture, l’examen physique est essentiel. Le thérapeute procède à une « inspection » des déséquilibres corporels (oreille ou épaule plus haute que l’autre, hanches asymétriques, torsion de la colonne vertébrale…) et débute la palpation pour localiser les subluxations. La séance peut alors véritablement débuter. Le temps d’ajustement est en général rapide (10 à 20 minutes). « L’acte ne se détermine pas en fonction du temps passé mais de la précision et de l’impact du geste », assure Caroline Lambert, pour qui un travail correct ne peut se réaliser qu’après avoir pris connaissance des radiographies du patient. « La visualisation des articulations permet de ne pas passer à côté d’un problème ou d’une pathologie indétectable à la palpation. »
« Un moyen de lutter contre le charlatanisme »
Le traitement se déroule généralement en trois étapes : la phase d’urgence ayant pour objectif de calmer la douleur (trois à six semaines), la phase de correction rétablissant un équilibre définitif et pouvant aller de trois à vingt-quatre mois, puis la phase d’entretien avec des séances régulières tous les ans.
Le prix de la consultation varie de 40 à 60 Euro(s) en fonction de l’emplacement géographique du praticien. Le remboursement ? En France, la chiropratique n’est pas prise en charge par les caisses d’assurance maladie. En revanche, certaines mutuelles comme la RATP remboursent une partie des frais. En outre, la profession ne plaide pas pour un remboursement intégral. « Nous cherchons à responsabiliser les patients. Notre métier comporte une grande part d’éducation pour aider les individus à s’autogérer, à éviter d’eux-mêmes les positions délétères », confie Caroline Lambert.
Interrogée au sujet de la reconnaissance de la chiropratique, elle ne cache pas sa satisfaction. « C’est un moyen imparable de lutte contre le charlatanisme », dit-elle. Ne peut revendiquer le titre de docteur en chiropratique que les personnes ayant suivi une formation standardisée commune aux vingt-cinq collèges dans le monde. A ce titre, la chiropratique est reconnue par l’OMS. En France, les professionnels sont formés à l’Institut franco-européen de chiropratique (IFEC) installé à Ivry-sur-Seine. En tout, six années d’études à plein temps (après le baccalauréat) dont une année d’assistanat sont nécessaires. Au programme : anatomie, physiologie, orthopédie, techniques de traitement…
Les erreurs de manipulation de la colonne vertébrale peuvent être lourdes de conséquences. Les pharmaciens se doivent donc d’orienter les patients sensibilisés à cette thérapie vers des chiropraticiens dignes de ce titre. Il suffit de leur communiquer les coordonnées de l’Association française de chiropratique (AFC*) qui fournit la liste des professionnels diplômés.
* AFC: 24, rue de Monttessuy, 75007 Paris. Tél.: 01 45 55 24 18.
Quelle différence avec l’ostéopathie ?
Comme la chiropratique, l’ostéopathie correspond à une approche globale des troubles osseux, nerveux et musculaires. Comme la chiropratique, c’est une thérapie manuelle dont l’exercice a été récemment reconnu en France. Mais contrairement à la chiropratique, les formations s’avèrent nombreuses et différentes, avec des durées de cursus très variables. Il existe ainsi plusieurs « courants » dont l’ostéopathie crânienne, viscérale ou structurelle. Les professionnels viennent de tous horizons. Ils comptent de nombreux médecins ou kinésithérapeutes qui utilisent cette thérapie manuelle en complément de leur pratique, telle une spécialisation. Peuvent également être titulaires du diplôme en ostéopathie (DO) des ostéopathes sans « base scientifique » mais ayant suivi un cursus plus dense (à temps complet sur cinq ans). Tous les praticiens DO sont inscrits au Registre des ostéopathes de France. Un filtre indispensable pour sanctionner les enseignements insuffisants.
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