J’ai mis en place la livraison à domicile… à vélo

J e suis titulaire d’une officine située dans le centre-ville de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Elle compte une équipe composée de trois autres personnes : deux pharmaciens, dont un à mi-temps, et un préparateur. Sous l’impulsion de notre groupement Giphar, nous nous sommes lancés dans la délivrance à domicile il y a dix ans pour des personnes qui sont dans l’impossibilité passagère ou durable de se déplacer. Nous allons chercher la prescription, nous préparons la commande et nous l’apportons au patient. Nous passons environ un quart d’heure au domicile pour expliquer l’ordonnance à la personne ou faire le point sur le suivi du traitement.

600 livraisons par an

Depuis quelque temps, nous fonctionnons aussi avec l’application d’envoi d’ordonnance Giphar qui nous permet de gagner du temps, tout en gardant une trace informatique de la commande. Dans le cas de traitements réguliers, dès lors que le patient ne rencontre pas de difficultés particulières, la délivrance à domicile devient une simple livraison. Nous avons établi un forfait pour 5 à 10 livraisons par an. Le montant de base est de 4 euros la demi-heure, mais il reste modulable selon les revenus, d’autant que nous avons dans notre patientèle un certain nombre de gens modestes.

En général, c’est un pharmacien qui assure la délivrance à domicile, car nous valorisons le diplôme. En cas d’indisponibilité, c’est le préparateur qui s’en charge. La fréquence est aléatoire, elle varie de une à quatre livraisons quotidiennes, pour un total d’environ 600 par an. Nous donnons la priorité aux personnes âgées, qui souhaitent continuer à vivre chez elles, dans leur quartier. Le maintien du lien social est en effet un enjeu de la démarche qui nous tient très à coeur : nous rentrons chez les gens, nous connaissons leurs conditions de vie, leurs difficultés… Pour certains, très isolés, nous représentons leur seule visite.

Une question d’organisation interne

Je considère que la dispensation à domicile est l’avenir de la profession. Alors que le nombre de personnes isolées, de familles monoparentales, de travailleurs aux plannings morcelés, est amené à s’accroître, nous participons à améliorer la qualité de vie de ces populations. Or, sur le plan pratique, c’est une simple question d’organisation interne.

Par ailleurs, nous avons ajouté une autre dimension à notre démarche. Il y a quatre ans, à la suite de la mise en place du stationnement payant dans le quartier, nous avons troqué la voiture contre le vélo électrique pour assurer nos déplacements au domicile des patients, dans un rayon de deux kilomètres en moyenne et de cinq kilomètres maximum autour de l’officine. Les avantages sont nombreux : la souplesse, la rapidité, la facilité d’utilisation quelque soit l’âge car différentes générations cohabitent à l’officine… De plus, cette décision, prise collectivement, va dans le sens d’un engagement écoresponsable plus large. L’équipe apprécie cette possibilité de prendre l’air et de faire un peu d’exercice. 

Conformément au Code de la santé publique (art. R5125-51), la dispensation à domicile peut être effectuée, lorsqu’un patient ne peut se déplacer, par le pharmacien titulaire, un adjoint, les préparateurs en pharmacie ou les étudiants dès leur inscription en troisième année et dès lors qu’ils ont reçu préalablement, les instructions nécessaires à une bonne observance et compréhension de la prescription par le patient. Les médicaments ou autres produits doivent être transportés dans des conditions garantissant leur parfaite conservation. Il faut aussi veiller à ce que toutes explications et recommandations soient mises à la disposition du patient.