Destination inconnue

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Publié le 12 mars 2005
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Premier contact avec le malade et l’équipe soignante, l’année hospitalo-universitaire offre aux étudiants la possibilité de se familiariser avec la prescription et les analyses biologiques. Leur permet-elle réellement de s’intégrer dans un service, leur apporte-t-elle un « plus » pour l’exercice de leur future profession ? Les avis sont partagés.

L’entrée dans le 3e cycle des études de pharmacie est marquée par l’exercice de fonctions hospitalières à mi-temps, sous forme de stages pour moitié en unités de soins, pour moitié dans les services de pharmacie et de biologie. Le choix de l’hôpital se fait généralement en fonction du classement de la 4e année, sur la base d’une liste imposée. Quant à l’organisation, elle varie selon les facultés.

Clément Foulon, en filière officine à Paris-V, a accompli son premier stage dans le service de médecine nucléaire de l’hôpital Avicenne de Bobigny (Hauts-de-Seine), qu’il visait. Il juge ces trois mois très positifs. « J’ai suivi les consultations des médecins, participé aux interrogatoires et à l’observation des patients avant leur scintigraphie thyroïdienne. L’autre aspect du travail a consisté à préparer et contrôler les injections sous la responsabilité d’un radiopharmacien. Parfaitement intégré, j’ai vécu une expérience très concrète. » Actuellement, Clément effectue son deuxième stage dans le service de bactériologie, avec en plus ici une fonction d’observateur. Il lui restera ensuite à faire encore six mois de stages dont trois à nouveau en service clinique. Très enthousiaste, il va essayer de préparer sa thèse durant cette année.

Tout dépend du chef de service.

Fabien Calvagno a passé l’internat et est en 6e année à Marseille. Il a gardé de l’année passée un sentiment partagé. « J’ai tout d’abord intégré le laboratoire de toxicologie de l’hôpital de la Timone où le service de réanimation nous a demandé un dosage d’antibiotique, non réalisé en routine. Il a fallu chercher des publications de référence, commander le matériel, définir le protocole du dosage. A la suite de cela, j’ai réalisé un poster. Ce fut globalement intéressant. » C’est le service pharmaceutique qui a ensuite accueilli Fabien. « J’ai réalisé un travail assez rébarbatif sur la traçabilité des prothèses imposées par les chirurgiens : saisie sur ordinateur des noms, des codes, des médecins… » Pour Fabien, les meilleurs stages se trouvent en biologie, biochimie, bactériologie, virologie ou hématologie. Mais l’intérêt qu’on en tire dépend aussi beaucoup du chef de service. Ce qu’il reproche à la 5e AHU : « Les services ne sont pas toujours bien choisis. Certains secteurs, comme la biologie, pourraient accueillir plus d’étudiants mais on n’augmente pas pour autant le nombre de places proposées. C’est actuellement un sujet de discussion avec le doyen. »

Alexandre Peinte se prépare à une carrière dans l’industrie. Il doit accomplir, comme tous les étudiants lillois de la filière, deux périodes de quatre mois. Pour son premier stage, il a pu choisir celui qu’il souhaitait : le service de pharmacovigilance de l’hôpital Claude-Huriez. Un stage très pratique : « J’ai fait des recherches bibliographiques sur les effets indésirables, en rapport avec les messages reçus des divers professionnels de santé, préparé des dossiers, etc. Bien encadré, j’ai été opérationnel dès les premiers jours. »

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Le cursus mis « entre parenthèses ».

Mais pour un certain nombre d’étudiants, le stage hospitalo-universitaire est toutefois vécu comme trop court et trop long à la fois. « Il est difficile de s’investir à fond dans son travail sur une période qui ne dure que trois ou quatre mois, commente Alexandre Peinte. D’un autre côté, une fois que l’on a fait le choix de son orientation, c’est aussi dommage de passer du temps en milieu hospitalier… » Selon Ludovic Prost, en 6e année industrie à Dijon, ce stage surviendrait trop tard dans le cursus : « Quelle est, pour nous, l’utilité de ce stage (six mois à temps plein) puisque l’on s’est déjà spécialisé ?… »

Aux « industriels » dijonnais, il est fortement recommandé de porter leur choix sur un laboratoire hospitalier. « Mais il n’y a pas assez de travail pour occuper les étudiants, souvent nombreux, à plein temps. De plus, le manque d’encadrement est assez fréquent », souligne Ludovic Prost. Il s’est finalement orienté vers deux stages de trois mois en gériatrie et pneumologie. « En gériatrie, mon travail effectif n’a pas dépassé deux à trois heures par jour… Mais avec un aspect positif : une bonne intégration à l’équipe (visites avec les médecins, beaucoup de contact avec les patients). En pneumologie, en revanche, dans le gros service de l’Hôpital du Bocage, le travail a été plus important (avec notamment la préparation des piluliers, un peu répétitif…) mais l’intégration plus difficile. » Pendant six mois, il a tout simplement eu l’impression de mettre son cursus « entre parenthèses ».

Même sentiment pour Claire Delpech (Paris-XI), future officinale, en pharmacie hospitalière : « Le travail que je fais est trop éloigné de mes attentes : vérification du niveau des gaz, saisie informatique, etc. Je n’apprends rien par rapport à mon choix de profession. Ce stage me permet simplement d’avoir une idée de ce qui se passe à l’hôpital… »

Une meilleure intégration dans les services, des tâches mieux définies, une organisation différente dans le temps… l’année hospitalo-universitaire serait-elle à revoir ? Les étudiants veulent être plus écoutés : « Le 3e cycle est soi-disant de professionnalisation, mais on ne tient pas compte de nos choix, de notre orientation. Le stage ne correspond généralement pas à nos attentes », estime Jean-Sébastien Massé, étudiant à Poitiers en filière officine.

LES NOUVEAUX STAGES EN INDUSTRIE

Ces stages sont obligatoires pour valider la 5e année et c’est à l’étudiant qu’il revient de trouver un laboratoire d’accueil.

– Lille : 3 mois à temps plein, de juin à septembre.

– Paris-V : 2 mois à temps plein.

– Paris-XI : 3 mois à temps plein à partir d’avril.

– Un stage de 3 mois devrait également voir le jour à Dijon.

FAIRE SON STAGE À L’ÉTRANGER

Un stage, c’est aussi l’occasion de partir à l’étranger. Mais il faut le trouver par soi-même. Nicolas Bister, en filière industrie à Toulouse, l’a effectué en Finlande. Pour ce faire, il a pris contact avec la faculté de pharmacie d’Helsinki afin de trouver un service hospitalier : « J’attends le résultat de mes démarches. Si tout va bien, je partirai d’avril à juin ou, à défaut, seulement en juillet.»