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© coronavirus, covid-19, centre Covid, MG France, ville, soins ambulatoires, hôpital - Pixabay
Covid-19 : les couacs de la prise en charge en ville
« Quelle est la place de la médecine générale dans la lutte contre l’épidémie ? C’est une question étonnante, que l’on s’est posée nous aussi, alors que la réponse est évidente, déclare d’emblée Jacques Battistoni, président de MG France (syndicat de médecins généralistes) lors d’une conférence de presse le jeudi 9 avril. Comme a dit notre confrère au président de la République lors de sa visite d’une maison de santé à Pantin, le Covid-19 est d’abord une pathologie de médecine générale. » Alors pourquoi les médecins généralistes ne sont-ils pas en première ligne ?
Le président de MG France le rappelle : lors de la phase d’endiguement de l’épidémie, jusqu’à fin février, la prise en charge des patients passait par le Centre 15 et une hospitalisation, y compris pour isoler les malades. Ensuite, à partir de début mars, le gouvernement a estimé qu’il serait difficile pour les médecins de ville de prendre en charge les patients Covid +.
Des politiques hétérogènes
« Pour le gouvernement, puisque l’hôpital est débordé, forcément les médecins de ville vont eux-mêmes être débordés. On sait qu’il n’en a rien été », explique Jacques Battistoni. Pire encore : depuis la mise en place du confinement, les cabinets sont désertés par les patients. Selon MG France, la chute d’activité serait de l’ordre de 50 % (voir notre actualité du 8 avril). Pourtant, les médecins se sont adaptés. Ils ont notamment pris des mesures pour gérer les flux de patients Covid + et Covid – au sein de leurs cabinets. Et beaucoup d’entre eux ont décidé, avec d’autres professionnels de santé, de créer des centres de consultations Covid-19 ambulatoires (voir notre actualité du 5 avril). Avec plus ou moins le soutien des agences régionales de santé (ARS). « Il y a presqu’autant de politiques que d’ARS », constate à ce sujet le président du syndicat. En Normandie, l’ARS s’est désintéressé de la question, la zone étant peu touchée par l’épidémie. En Bretagne, en Ile-de-France ou dans les Hauts-de-France, les ARS ont aidé les professionnels de santé libéraux par des dons de matériel par exemple. En Nouvelle-Aquitaine, l’ARS a émis un cahier des charges exigeant des moyens de réanimation dans ces structures de ville, sans aucune concertation au préalable…
Pas d’afflux de patients Covid-19
En outre, l’évolution de l’épidémie en ambulatoire ne correspond pas aux craintes des pouvoirs publics. MG France estime que plus de 1,5 million de Français ayant consulté pour des symptômes de Covid-19 et ont été pris en charge en ville. En Occitanie, par exemple, 180 centres ont été ouverts mais certains commencent à fermer ou à se regrouper compte tenu du peu d’afflux de patients. « La population française qui reste « naïve » est importante », remarque Jacques Battistoni. Aujourd’hui, deux enjeux s’avèrent essentiels : le suivi des patients fragiles et chroniques, et celui des patients Covid-19 après leur hospitalisation. Dans le premier cas, la DGS invite les médecins à prendre contact avec leurs patients afin de leur expliquer qu’ils peuvent consulter et recevoir des soins en toute sécurité. Ce que compte bien faire MG France. Dans le second, le syndicat veut d’ores et déjà se positionner, car plusieurs hôpitaux mettent en œuvre leur propre suivi sans lien avec la ville. « Nous sommes des interlocuteurs privilégiés, il ne faut pas de dispositifs qui contournent les médecins généralistes », insiste le président du syndicat.
Une vision hospitalocentrée
Cette situation révèle non seulement une gestion des ressources médicales pas toujours efficiente mais aussi une vision encore très centrée sur l’hôpital public. « Les ARS et la Direction générale de santé s’occupent presqu’exclusivement de l’hôpital, alors que l’Assurance maladie et le réseau des caisses primaires d’assurance maladie sont attentives aux libéraux », relève Jacques Battistoni. Le décloisonnement entre ville et hôpital est loin d’être une réalité…
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