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CANCER : L’hôpital n’arrive pas à rétrocéder la chimiothérapie injectable
La prise en charge en ville des patients cancéreux, qui sera bientôt effective pour les formes orales, est bloquée en ce qui concerne la chimiothérapie injectable. Faute de structures. L’Académie de pharmacie tire la sonnette d’alarme et appelle les officinaux à se former.
Dans le cadre du décret sur la rétrocession, le passage à l’officine des anticancéreux par voie orale devrait être effectif dès le 1er mai prochain. Parallèlement, et dans l’indifférence, l’utilisation des formes injectables au domicile des patients faisait l’objet de nouvelles dispositions réglementaires parues au Journal officiel du 23 décembre 2004 (arrêté du 20.12.04).
En théorie, une nouvelle organisation des soins en oncologie doit se mettre en place. Elle exige la préparation extemporanée de la chimiothérapie dans une pharmacie à usage intérieur avant d’être administrée au domicile du patient. Pour ce faire, une convention doit être signée entre l’établissement de santé et chaque professionnel libéral participant aux soins. « Cette convention fixe un cadre réglementaire au profit des réseaux de soins en oncologie ville-hôpital », précise François Chast, pharmacien-chef de service à l’Hôtel-Dieu (Paris).
Bientôt des officinaux à l’hôpital ?
Mais, en pratique, aucune convention n’a été signée à ce jour alors que le processus devait entrer en vigueur le 20 février 2005 ! Résultat : la rétrocession aux structures de ville des anticancéreux injectables est bloquée. Et la chimiothérapie à domicile ne peut se réaliser que dans le cadre de l’hospitalisation à domicile, inexistante dans un tiers des départements français. L’Académie de pharmacie, inquiète, alerte les pouvoirs publics.
« L’enjeu est d’organiser rigoureusement le passage du médicament en ville en conciliant la qualité de vie du malade et la qualité des soins », indique François Chast. Les académiciens conseillent donc la préparation des chimiothérapies injectables dans des unités centralisées et l’ouverture des pharmacies hospitalières aux pharmaciens de ville intégrés dans les réseaux de soins. « Il faut réfléchir à la possibilité d’une formation pratique sur le site hospitalier », juge Jean-Pierre Lousson, président de l’Académie de pharmacie. Pour les académiciens, cette possibilité est envisageable, sur le modèle des radiologues privés qui aujourd’hui travaillent partiellement dans le public, en utilisant « pour leur compte privé » le matériel sophistiqué hospitalier.
Les hospitaliers réclament leurs confrères officinaux.
La perspective des sorties de la réserve hospitalière marque le début d’une minirévolution des pratiques actuelles. Aujourd’hui, la réflexion va même plus loin. Elle s’étend aux réseaux d’oncologie (une soixantaine actuellement) auxquels les officinaux vont devoir adhérer dans le cadre de la délivrance des anticancéreux (par voie systémique) issus de la réserve hospitalière. Dans le contexte des réseaux de santé, le patient pourra bénéficier – s’il le souhaite – d’une chimiothérapie à domicile, la première administration ayant toujours lieu à l’hôpital. « Nous avons envisagé d’attribuer à l’officinal le rôle de coordinateur de soins. En relation avec le médecin traitant, il entrerait en contact avec l’infirmière et avec le pharmacien hospitalier. C’est lui qui apporterait la chimiothérapie au malade, pour une sécurité optimale », indique Jean-Michel Descoutures, pharmacien au centre hospitalier d’Argenteuil. Le pharmacien de ville assurerait donc la livraison à domicile, avec tout le problème du partage des responsabilités…
Utopie ou seule solution possible pour rattraper le retard de la France où seules 20 % des chimiothérapies sont pratiquées à domicile (contre 80 % en Allemagne) ? Le débat est désormais ouvert puisque les pharmaciens hospitaliers réclament haut et fort l’aide de leurs confrères officinaux. Encore faut-il qu’on puisse leur assurer une rémunération et une formation adéquate…
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