La vaccination monte en puissance en officine

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La vaccination monte en puissance en officine

Publié le 14 août 2025
Par Matthieu Vandendriessche

Des pharmacies s’investissent dans une activité de vaccination à grande échelle, jusqu’à en faire une spécialisation. L’expertise officinale en la matière justifie le recours à un entretien préalable, actuellement expérimenté en Auvergne-Rhône-Alpes.

C’était il y a moins de dix ans et pourtant ces débuts semblent appartenir à une époque lointaine. À l’automne 2017, les pharmaciens se lancent dans l’expérimentation de la vaccination contre la grippe saisonnière. Installé à Yenne, en Savoie, Daniel-Jean Rigaud y a participé. Désormais, son officine réalise près de 1 200 injections antigrippe par an. Trois cabines ont été aménagées pour vacciner, six pharmaciens et trois préparateurs s’y emploient. « Au-delà de la pratique elle-même, la vaccination demande une expertise de plus en plus poussée. Le calendrier en la matière s’est étoffé au fil du temps tant chez l’adulte que chez l’enfant. Il faut tenir compte des situations particulières et mettre à jour ses connaissances en permanence. Cela ne peut pas être une activité que l’on fait de temps à autre », considère ce titulaire. Preuve en est, des infirmiers, déjà très occupés par ailleurs, choisissent de ne pas s’investir davantage dans ce domaine et renvoient les patients vers son officine. Même attitude du côté des médecins : « La préparation de vaccins avant administration leur prendrait trop de temps. » Daniel-Jean Rigaud veille à transmettre les notes de vaccination de manière systématique aux médecins traitants. « Plus ils ont ce retour, plus ils nous confient cet acte. » Selon le pharmacien, l’officine a un atout : « Elle n’est pas seulement un lieu pour l’administration des vaccins, elle sert aussi de base logistique. »

Expérimentation en cours

Au comptoir, tous les patients de plus de 65 ans sont questionnés sur ce qu’ils savent de leur statut vaccinal. Lorsque des réticences apparaissent, le titulaire conseille de demander l’avis médical en laissant un post-it sur l’ordonnance. C’est ainsi qu’il s’est lancé dans l’expérimentation relative à l’entretien préalable à la vaccination en cours en Auvergne-Rhône-Alpes. Une centaine d’officines y participent et près de 800 personnes ont déjà bénéficié de cette initiative, baptisée PharmaVaxAura, depuis son lancement en novembre par l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens. « Nous avons la possibilité de prescrire des vaccins, mais cela ne se fait pas à la volée au comptoir », considère Olivier Rozaire, président de l’URPS. Cet entretien d’une durée de 10 à 20 minutes s’adresse aux personnes de 25 à 75 ans. « Je le positionne dans les nouveaux bilans de prévention aux âges clés de la vie », précise Daniel-Jean Rigaud. L’échange peut avoir lieu sur rendez-vous. « C’est le cas lorsque l’on pressent qu’il va demander du temps. Mais il peut aussi être conduit dans la foulée », souligne-t-il.

Une possibilité de généralisation

Un carnet numérique est créé sur la plateforme mesvaccins.net. Après analyse, ce logiciel produit une aide à la décision vaccinale. L’entretien est organisé et les vaccinations sont planifiées. Les pharmaciens sont rémunérés 25 € pour cette démarche, qui fait appel à un financement de l’URPS. L’expérimentation doit durer jusqu’en octobre et vise l’intégration de 2 500 à 3 000 personnes. Les données seront étudiées par un laboratoire d’analyse indépendant. Selon Olivier Rozaire, cet entretien gagnerait à être porté au niveau national dans les échanges entre partenaires conventionnels. « Il pourrait également s’appliquer aux médecins et aux infirmiers de sorte qu’un parcours vaccinal, inexistant à ce jour, puisse se mettre en place. Actuellement, il dépend du bon vouloir du professionnel que le patient rencontrera. »

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