Les pharmaciens aspirent à prescrire des substituts nicotiniques

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Les pharmaciens aspirent à prescrire des substituts nicotiniques

Publié le 13 juillet 2025
Par Sarah Belain
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La prescription de traitements d’aide à l’arrêt du tabac dans les officines devrait être expérimentée en fin d’année, dans trois régions. À ce stade, le cadrage réglementaire est toujours en cours d’élaboration.

La prescription de traitements de substitution nicotinique (TSN) par les pharmaciens sera expérimentée à partir de fin 2025 dans trois régions pilotes et pour une durée de deux ans. Les modalités ont été définies le 13 mars dernier lors d’une réunion du Comité de liaison officinal (CLO), qui a réuni les syndicats représentatifs de la profession et les directions centrales de l’administration sanitaire. L’expérimentation prendra effet en Nouvelle-Aquitaine, en Provence-Alpes-Côte d’Azur (Paca) et dans les Hauts-de-France.

Un cadrage réglementaire en attente

La Direction générale de la santé (DGS) travaille à l’élaboration d’un support initial de cahier des charges. Celui-ci est attendu pour la fin du premier semestre 2025. Il servira de base de négociations avec les agences régionales de santé (ARS) et les représentants de pharmaciens. Les modalités précises de l’expérimentation seront publiées par décret dans le courant de l’année. C’est une condition sine qua non au lancement du programme. Pour rappel, c’est la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2022 qui a prévu la possibilité de délivrance de substituts nicotiniques par le pharmacien avec prise en charge par l’Assurance maladie sans ordonnance médicale préalable. Cette nouvelle implication officinale s’inscrit dans le programme national de lutte contre le tabac 2023-2027, permettant un accès facilité aux traitements de substitution à la nicotine.

Les acteurs se tiennent prêts

Comme modèle au protocole à venir, l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens de Paca a proposé un programme d’accompagnement du patient fumeur à l’officine. Après repérage, le service d’accompagnement est proposé aux personnes concernées. S’il est accepté, un entretien d’accompagnement est mis en place. Sinon, un rendez-vous est tout de même planifié pour évoquer l’intérêt et les conditions de l’arrêt du tabac au cours d’un entretien motivationnel. L’accompagnement est complété par des entretiens de suivi et un dernier pour clôturer la démarche. « L’objectif serait d’intégrer la délivrance de TSN dans le cadre d’entretiens au sevrage tabagique, explique Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). La Haute Autorité de santé soulève qu’un fumeur a plus de chances d’arrêter s’il est soutenu par un professionnel. Nous souhaitons que le pharmacien puisse accompagner le patient dans sa démarche de sevrage et qu’il soit rémunéré pour cela. »

Les syndicats de pharmaciens souhaitent en effet obtenir une rémunération de bout en bout pour ce service et non uniquement pour la prise en charge des TSN. Ils demandent que l’ensemble des officines des régions pilotes puissent être impliquées dans l’expérimentation, quelle que soit leur typologie. Les pharmaciens représentent un levier stratégique dans le programme de lutte contre le tabac 2023-2027. À l’issue des deux ans, l’expérimentation pourrait permettre la généralisation de cet accompagnement à l’ensemble des officines, facilitant ainsi l’accès au sevrage tabagique pour le patient. Le gouvernement y sera certainement enclin, qui affiche sa volonté d’arriver d’ici 2032 à la première génération sans tabac.

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