Face aux violences faites aux enfants, le réflexe 119

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Face aux violences faites aux enfants, le réflexe 119

Publié le 24 septembre 2025
Par Ophélie Milert
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Un enfant meurt tous les cinq jours dans le cadre familial. Pourtant, plus d’un Français sur deux affirme ne pas savoir comment signaler une situation de violence. La nouvelle campagne nationale rappelle l’importance du 119, numéro gratuit et confidentiel, accessible 24 heures/24, pour protéger les plus vulnérables.

Encore trop d’enfants sont impactés par des négligences, violences psychologiques, physiques ou sexuelles. Pourtant, 58 % des Français estiment que ce sujet reste un tabou, ce qui le rend difficile à aborder, favorisant la banalisation et retardant le signalement. La campagne nationale lancée début septembre vient rappeler que même en cas de doute, signaler peut sauver une vie. Pour appuyer le message, le ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles a lancé une enquête menée en janvier 2025 auprès de 2 065 adultes. Elle livre des données sur la perception et les comportements face aux violences faites aux enfants.

Les violences faites aux enfants, un tabou de société

Les chiffres sont parlants : 74 % des Français disent avoir du mal à identifier une situation de violence et 53 % ne sauraient pas comment la signaler. Pourtant, 35 % affirment avoir déjà soupçonné ou été témoins d’une violence envers un enfant, un taux qui grimpe à 58 % chez les 18-24 ans.

Le manque d’information reste un frein majeur : seuls 42 % des Français se disent bien informés. Et si les conséquences des coups ou des agressions sexuelles sont mieux connues, les violences psychologiques restent largement sous-estimées.

À ce jour, face à une situation suspecte, le signalement est minoritaire.

Des conséquences lourdes et durables

Les violences touchent tous les milieux et prennent des formes multiples. Leurs conséquences sont lourdes : troubles psychiques (anxiété, dépression, conduites suicidaires), atteintes physiques chroniques, difficultés scolaires ou sociales. Les violences sexuelles marquent particulièrement : 30 % des victimes ont déjà tenté de se suicider et 89 % souffrent de psycho-traumatismes ou de stress post-traumatique.

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Face à ces constats, la loi impose à chacun, qu’il soit ou non soumis au secret professionnel, de signaler toute situation de danger concernant un mineur.

Le 119 en bref

  • Gratuit, confidentiel, disponible 24h/24 et 7j/7
  • allo119.gouv.fr : tchat pour jeunes, formulaires pour adultes, accès en langue des signes
  • Professionnels de l’enfance formés (psychologues, juristes, travailleurs sociaux) à l’écoute
  • Transmission aux services compétents (CRIP, justice si nécessaire)
  • En cas de danger immédiat : composer le 17 (police), 18 (pompiers), 15 (Samu) ou le 114 par SMS pour les personnes sourdes et malentendantes

Un réflexe citoyen

Signaler, c’est aussi protéger, pourtant, trop de violences restent sous silence, même dans l’entourage proche. Déployée à l’échelle nationale, la campagne entend faire du 119 un réflexe citoyen. Elle s’inscrit dans le Plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2023-2027, qui met l’accent sur la prévention, la détection, la protection et la mobilisation de toute la société.

La campagne est diffusée du 15 septembre au 26 octobre 2025. Pour relayer le message, le ministère de la Santé met à disposition l’affiche de la campagne et le service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger propose des flyers adaptés aux enfants, et des brochures à destination des adultes.

Des signaux à savoir repérer

  • Moins de 6 ans : changements brusques de comportement (agitation, opposition, repli sur soi), troubles du sommeil ou de l’alimentation, régressions soudaines (propreté, langage, motricité), plaintes somatiques répétées (maux de ventre, maux de tête).
  • À partir de 6 ans : difficultés scolaires, troubles de l’humeur (irritabilité, tristesse), comportements en retrait ou en opposition, fugues, anxiété, douleurs physiques récurrentes.
  • Adolescents : décrochage scolaire, isolement ou agressivité, conduites à risque (automutilations, addictions), troubles anxieux, dépressifs ou alimentaires. Les symptômes somatiques sont fréquents et ne doivent pas être banalisés.