Puces, tiques et phlébotomes : quelle prise en charge à l’officine ?

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Puces, tiques et phlébotomes : quelle prise en charge à l’officine ?

Publié le 12 août 2025
Par Nathalie Belin et Anne-Gaëlle Harlaut
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Les infestations parasitaires ne sont pas sans conséquences pour les animaux : démangeaisons, infections, transmission de maladies parfois graves comme la leishmaniose. À l’officine, le conseil est essentiel pour recommander un traitement adapté de l’animal et son environnement, mais également prévenir les récidives. 

La piqûre de puces, ectoparasites hématophages le plus fréquent des animaux, n’est pas seulement responsable de démangeaisons. Elle peut provoquer également des dermatites allergiques, transmettre un parasite ou une bactérie pathogène (dipylidium, bartonella…) voire entrainer une anémie en cas de forte infestation. Les tiques ne provoquent souvent qu’une irritation mais peuvent transmettre le piroplasme, responsable de la redoutée piroplasmose (ou babésiose).

Généralités

Le traitement curatif et préventif fait appel à des insecticides/acaricides externes ou par voie orale. Les œufs et larves de puces se développant dans le milieu extérieur et pouvant rester quiescentes pendant des mois, la lutte impose de traiter simultanément l’environnement pour éviter d’inévitables récidives.

La leishmaniose est due à un parasite transmis par la piqûre d’un petit insecte, le phlébotome, endémique des régions méditerranéennes. Elle touche surtout les chiens et, quand elle est symptomatique, peut provoquer des lésions cutanées voire l’atteinte grave d’autres organes : troubles oculaires, insuffisance rénale, anémie, boiterie… Son traitement curatif, non spécifique, est difficile, d’où l’importance de la prévention des piqûres de phlébotome pour les animaux exposés.

Contre les puces et les tiques

En curatif

Par voie orale, les produits systémiques (nitenpyram, fluralaner, lotilaner, afoxolaner…) empruntent la voie sanguine et permettent de neutraliser les parasites adultes en quelques heures après leur repas sanguin, même en cas de forte infestation. Parmi les références en conseil : Capstar actifs sur les puces ou les comprimés à croquer arôme « viande » actifs contre les puces et tiques AdTab, FrontPro… Sur liste II, dont la prescription est renouvelable un an : Nexgard, Bravecto…

Par voie locale, les topiques insecticides et/ou acaricides (perméthrine, deltaméthrine, fipronil, imidaclopride, dimpylate…) agissent directement sur les adultes par contact et/ou peuvent avoir une action répulsive. L’action est rapide pour les sprays qui couvrent d’emblée le corps (Frontline, Tick-Puss, Caniguard, Effipro…), en moins de 24 heures pour les formes spot-on (Permetrix, Fiprodog, Advantix, Frontline Tri-Act, Effitix…) et en moyenne 48 heures pour les colliers (Deltatic, Seresto, Scalibor…).

Les régulateurs de croissance (S-méthoprène, pyriproxifène, fénoxycarb…) ont une action sur les œufs et larves des puces, ils rompent le cycle de croissance et contribuent ainsi à traiter l’environnement (les œufs déposés dans l’environnement ne peuvent se développer) : en association à un adulticide dans les gammes « Combo » : Frontline, Fyperix, Fiprodog…

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Associés à un vermifuge. Des références (liste II) combinent des insecticides/acaricides à un vermifuge pour une action conjointe sur certains vers intestinaux : Credelio Plus, Nexgard Spectra, Advocate…

En pratique : respecter l’espèce, le poids et l’âge de l’animal. Éviter les bains 2 jours avant et après l’application en pipette ou en spray, isoler les autres animaux en cas de risque de léchage pendant au moins 12 heures. Vérifier que le produit choisi convient en cas de gestation ou d’allaitement.

En préventif

Les traitements curatifs comme prévention. Rémanents, la plupart des produits ci-dessus restent efficaces pendant 4 à 6 semaines, parfois plusieurs mois (8 mois pour Seresto, 6 mois pour Deltatic et Scalibor…) et exercent ainsi une action préventive. Contrairement aux croyances, les puces ne contaminent pas les animaux qu’en été mais toute l’année, y compris l’hiver en cas de température clémente ou quand des larves sont présentes dans la maison chauffée : le traitement doit être régulier pour protéger en continu l’animal, a fortiori s’il sort à l’extérieur.

En pratique : il peut être nécessaire de renouveler le traitement plus tôt, par exemple en cas de bains prolongés ou fréquents pour les topiques.

Les répulsifs. Des produits « naturels » issus de plantes (margousier, géraniol, lavandin, citronnelle…) revendiquent une action répulsive contre les parasites : pipettes, lotions et/ou colliers Biocanina, Lapsa, Vetosan, Vetoform, Canys, Up Veto…

L’environnement

Condition sine qua none pour se débarrasser des puces durablement, l’environnement doit être traité impérativement en cas d’infestation. Il convient ainsi d’aspirer les coussins, paniers, sols, moquettes… Le sac d’aspirateur doit être jeté dans un contenant fermé. Recommander parallèlement de laver à 60 °C les textiles qui peuvent l’être (housses de coussins, doudous, plaids…).

Des antiparasitaires et/ou régulateurs de croissance permettent d’agir sur les zones non lavables, les recoins, les parquets… : gammes « habitat » Biocanina, Clément-Thékan, Canys, Tiquanis, Vetoform ; Parastop Plus, Frontline Homegard… Des alternatives à base de plantes sont également disponibles : Spray Pure habitat Biocanina, Vetosan Spray répulsif 2 en1…

Des conseils contre les puces

  • Traiter tous les animaux du foyer – Un traitement simultané limite le risque de ré-infestations entre animaux. En plus de l’âge et du poids, attention aux spécificités d’espèces : des pyréthrinoïdes (perméthrine, deltaméthrine…) sont notamment toxiques voire mortels pour le chat dont les fonctions de détoxification hépatique pour ces molécules ne serait pas fonctionnelle.
  • Vermifuger – Les piqûres de puces pouvant transmettre des parasites intestinaux comme le cestode dipylidium, accompagner le traitement insecticide curatif d’un vermifuge adéquat.
  • Soulager – Si l’animal infecté est gêné par les démangeaisons et irritations, proposer une lotion apaisante à base d’extraits de plantes (aloe vera, lavande, arbre à thé…) : gammes Anti-démangeaison Biocanina ou Lapsa, Anti-gratte Up Veto, Calmocanil…

Contre les phlébotomes

Pour quels animaux ?

La prévention des piqûres de phlébotomes est particulièrement importante pour les chiens – les chats sont plus rarement touchés – vivant ou se rendant dans les zones endémiques : en France, il s’agit des zones plutôt chaudes (milieu adéquat pour le développement des phlébotomes), en particulier le pourtour méditerranéen, la Corse, les Pyrénées-Orientale, la Guyane. Néanmoins, en raison notamment du réchauffement climatique, le territoire des phlébotomes a tendance à s’élargir : des cas groupés de leishmaniose canines ont ainsi été détectés dans des régions du nord de la Métropole.

La saison d’activité des phlébotomes, semblable à celle des moustiques, s’étend généralement du mois d’avril à fin novembre.

Les molécules actives

L’action insecticide neurotrope de certains pyréthrinoïdes (perméthrine, deltaméthrine…) est efficace contre les phlébotomes pour prévenir les risques de leishmaniose. Souvent associées à d’autres molécules insecticides/acaricides dans des formules à large spectre, les références sont destinées à la voie externe et agissent sur l’insecte en amont de la piqûre. Parmi celles-ci, le choix peut se porter sur la forme collier (Seresto, Scalibor, Deltatic…), active durant plusieurs mois, ou les spot-on (Advantix, Effitix, Frontline Tri-ACT, Permetrix, Perfikan…) généralement actifs durant 3 ou 4 semaines.

En pratique : respecter l’âge et/ou le poids minimum pour ne pas provoquer d’intoxication.  Attention à la toxicité de certains pyréthrinoïdes chez le chat (voir encadré) : ne pas partager les produits entre plusieurs espèces animales. La durée d’action contre les phlébotomes est parfois inférieure à celle constatée contre les puces et tiques ; il peut donc être nécessaire de renouveler le traitement un peu plus tôt en période d’activité des phlébotomes.

Mesures complémentaires

Pour limiter le risque de piqûre des animaux, du crépuscule au petit matin (période d’activité des phlébotomes), éviter de laisser l’animal à l’extérieur, fermer les fenêtres ou les équiper de moustiquaires très fines (les phlébotomes sont très petits), utiliser des ventilateurs, qui éloignent les insectes, dans la pièce de vie de l’animal.

Un vaccin est disponible pour les animaux particulièrement exposés et non encore porteurs du parasite (vérification par un test chez le vétérinaire). Il réduit les risques de développer la maladie mais n’est pas efficace à 100 % : les mesures préventives doivent donc être poursuivies. 

Leishmaniose : des risques aussi pour l’homme

La leishmaniose est une zoonose, le parasite Leshmania infantum qui infecte le chien pouvant être transmis à l’homme par piqûre de phlébotome.

  • Quelles formes ? Différentes formes cliniques de la maladie existent : cutanée, cutanéomuqueuse ou viscérale. Cette dernière, qui touche surtout les enfants et les personnes immunodéprimées peut être mortelle en l’absence de traitement.
  • A quelle fréquence ? L’incidence de la maladie est relativement faible et stable. Entre 1998 et 2020, 446 cas autochtones en France métropolitaine et 3 470 en provenance de Guyane ont été répertoriées*.
  • La prévention ? Elle repose sur les mesures de protection des piqûres d’insectes : vêtements longs et couvrants, insecticides, moustiquaires à mailles fines… Il convient de traiter régulièrement les chiens en zone endémique pour limiter le risque qu’ils deviennent réservoirs du parasite.

* Epidémiologie des leishmanioses sur le territoire français de 1998 à 2020, G.Pasquier et al. Infectious Diseases Now, 2021