L’antiparasitaire : un best-seller sous haute tension

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L’antiparasitaire : un best-seller sous haute tension

Publié le 10 juin 2025
Par Charlotte Nattier
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Tirés par l’innovation, les antiparasitaires dominent les ventes vétérinaires en officine. Entre nouveaux formats, formules naturelles et stratégie One Health, le marché se diversifie et s’adapte aux enjeux sanitaires et climatiques.

En milieu rural comme en ville, les antiparasitaires restent les rois du rayon. Leur part de marché s’élève à 65,3 %, en progression de 11,4 % (chiffre Gers). « La catégorie est très dépendante de la météo, explique Julien Robinet, products manager Boehringer Ingelheim Animal Health France. Les parasites se multiplient en général de juin à septembre, mais certaines années, ils apparaissent dès le mois d’avril. » Pour Leila Baptista, senior innovation manager Laboratoires Perrigo France, « avec les dérèglements climatiques, les parasites peuvent être dévastateurs. Il y a une vraie tendance de prévention des piqûres pour soulager les animaux ».

Les traitements contre les parasites externes (puces, tiques, etc.) sont les plus demandés (43,6 % de parts de marché valeur à + 14,6 %), devant les traitements contre les vers (17,3 % de parts de marché valeur à + 5,1 %). Les produits 2 en 1, capables de cibler simultanément ectoparasites et endoparasites, progressent aussi (4,4 % de parts de marché, + 6,3 %). Selon le Gers, les colliers pour chiens et chats restent très prisés pour leur rémanence et leur action préventive, tandis que la capsule Capstar Chat d’Elanco, un traitement d’attaque rapide contre les parasites présents, a progressé de + 44,6 % l’an dernier.

« La catégorie est véritablement boostée par l’innovation, confirme Julien Robinet. Par exemple, le nouveau traitement contre les puces et les tiques chez les chiens en comprimés à croquer Frontpro a reçu un bel accueil. » Ces comprimés lèvent les contraintes d’application, notamment sur les animaux difficiles à traiter. Chaque année, les laboratoires complètent ainsi leurs gammes, à l’image de Frontline qui lançait, début 2025, Frontcontrol Wormer, son vermifuge destiné aux chiens et disponible en fonction de la taille de l’animal.

Au-delà de la santé des animaux, les propriétaires sont aussi attentifs aux formules. Le naturel et le bio gagnent du terrain, comme en témoigne la gamme de Biocanina (Domes Pharma), enrichie d’un répulsif bio pour chats, classé parmi les tops 10 des innovations selon le Gers.

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La diversification gagne du terrain

La place grandissante des animaux dans la vie des Français ouvre des perspectives dans les soins et le bien-être. Si les antiparasitaires dominent à présent le marché, les autres segments ne doivent pas être négligés. Vetoquinol a par exemple annoncé la création d’une offre commerciale hygiène et bien-être avec de nombreux produits indispensables. Les compléments alimentaires constituent également un segment porteur, tels ceux visant le soutien articulaire et la gestion de l’arthrose, avec l’apparition de références enrichies en CBD, tendance très forte aux États-Unis.

Parallèlement, l’alimentation animale fait son chemin en pharmacie. Selon Lapsa, sur les 8 000 officines actives dans la santé vétérinaire, la moitié propose déjà une offre de pet food. « Les contraintes de stockage et d’odeur limitaient jusqu’ici leur déploiement, analyse Antoine Simonotti. C’est pourquoi nous avons développé un modèle innovant, avec 38 références accessibles via une plateforme professionnelle, livrables en pharmacie ou directement chez le client, mais toujours rattachées à l’officine. Désormais, 60 % des commandes de références Lapsa passent par la pharmacie et créent ainsi du trafic ; le reste est commandé en click and collect ou livré directement au domicile du client. » Une gamme de pâtée humide viendra enrichir l’offre dès septembre 2025.

Le mouvement One Health

« One Health, c’est ce qui nous guide aujourd’hui. L’animal a pris une place importante au sein de la famille et de la société », annonce Leila Baptista chez Perrigo. Cet anglicisme qui signifie une seule santé, en français, repose sur une conviction : il faut traiter l’homme, l’environnement et les animaux de la même façon car les santés de tous sont indissociables. Cette approche globale devient incontournable face aux défis sanitaires contemporains. Formalisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le mouvement est officiellement reconnu en 2008 par le biais de la déclaration de Manhattan. Dans cette approche, tous les professionnels de santé doivent collaborer étroitement. Cela signifie que protéger la santé animale (prévention des maladies, vaccination, contrôle sanitaire) contribue directement à protéger la santé humaine car certaines maladies animales peuvent se transmettre à l’homme (selon l’OMS, 70 % des maladies émergentes humaines ont une origine animale). En officine, One Health renforce la place du pharmacien comme acteur de premier recours, capable de conseiller sur la santé de tous les membres du foyer… y compris les compagnons à quatre pattes. « Les parasites externes sont en croissance et un problème qui peut être dévastateur pour l’animal et pour l’homme. Nous devons être vigilants dans la prévention des maladies. Soulager les animaux de ces maux devient tout aussi important. Pour cela, il faut l’observance des maîtres. Pouvoir traiter son chien et son chat en toute sérénité, avec des produits adaptés est essentiel. C’est ce que nous proposons », conclut Leila Baptista.