Etat de stress post-traumatique

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Publié le 11 mars 2017
Par Stéphanie Satger
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Face à des événements violents ou traumatisants, le risque de développer un état de stress post-traumatique (ESPT) est élevé. Actuellement, il est mieux défini et pris en compte.

De quoi s’agit-il ?

Il s’agit d’un ensemble de symptômes spécifiques perdurant chez un individu au-delà de un mois après un évènement traumatique, menaçant l’intégrité physique (confrontation à la mort) ou l’intégrité psychique (situations terrorisantes).

Les signes d’ESPT perturbent le fonctionnement social et professionnel de l’individu :

– souvenirs intrusifs, flashbacks, cauchemars, rêves répétitifs ;

– syndrome d’évitement (tendance à éviter les lieux, les pensées associées), anesthésie émotionnelle, restriction des activités, troubles de l’humeur et de la cognition (pessimisme, difficultés de concentration) ;

– troubles du sommeil, irritabilité, hypervigilance entretenant un épuisement permanent.

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Leur apparition peut être différée plus de 6 mois après l’événement traumatisant.

Qui en est atteint ?

Toute personne, même enfant, peut être concernée. Il existe cependant une vulnérabilité différente en fonction des personnes. Les facteurs de risque prédisposants sont liés :

– à l’individu : sexe (plutôt féminin), âge (personne jeune), niveau d’éducation, antécédents traumatiques, intensité de la réponse psychique, croyances religieuses ou spirituelles (caractère protecteur) ;

– aux caractéristiques de l’évènement : nature et intensité ;

– à la survenue par la suite d’autres évènements traumatisants ou à l’insuffisance du soutien social.

Existe-t-il un traitement ?

Plusieurs techniques psychothérapeutiques sont recommandées :

– thérapie cognitive comportementale. Une modification de l’attitude du patient par un apport de stratégies permet de réduire l’anxiété ;

– EMDR (acronyme anglais) : thérapie cognitive basée sur une exposition en imagination au souvenir douloureux. Celle-ci, couplée à des mouvements oculaires réguliers, des stimuli auditifs ou cutanés, vise à une désensibilisation émotionnelle.

Le traitement médicamenteux repose sur un antidépresseur (paroxétine en 1re intention, les autres ISRS ou les antidépresseurs imipraminiques en 2e intention) sur une période de 12 semaines. L’ajout d’hypnotiques et d’anxiolytiques (hydroxyzine) est possible sur une brève période. Les benzodiazépines ne sont pas recommandées (allongement du temps de traitement, dépendance). 

Sources : Institut de victimologie, état de stress post-traumatique ; INSERM, état de stress post-traumatique F43-1, prise en charge en médecine générale ; INSERM Science et sante, Attentats de Paris : prévenir le stress post-traumatique, n°29 janvier-février 2016 ; OMS, communiqué de presse : orientation sur les soins de santé mentale après un traumatisme, 2013 ; HAS, guide-affection longue durée : troubles anxieux graves. Juin 2007.

APPROCHE NEUROBIOLOGIQUE

Dans les situations traumatiques, il existe une sécrétion exagérée des médiateurs libérés lors de réaction de stress (adrénaline, noradrénaline, cortisol), qui perturbe le fonctionnement des structures impliquées dans le processus de mémorisation. L’événement traumatisant perdure comme un fait actuel au lieu d’être intégré en souvenir. La réponse émotionnelle est élaborée dans le système limbique qui comprend notamment l’amygdale et l’hippocampe. L’imagerie cérébrale met en évidence une activité accrue de l’amygdale et un dysfonctionnement de l’hippocampe.

A SAVOIR


• De nombreuses études portent sur l’intérêt d’administrer du propranolol en prévention ou en traitement de l’état de stress post-traumatique.

• Une étude d’envergure a été lancée par l’AP-HP au cours de l’année 2016, en collaboration avec l’université McGill (Canada). Elle a été réalisée dans le cadre d’une nouvelle approche du stress post-traumatique afin d’en limiter la survenue. Une prise de propranolol (1 heure avant la séance) pendant 6 semaines est associée à une thérapie par la parole, dans un court délai après l’évènement traumatisant.

• Cette association permettrait de transformer le souvenir traumatisant en souvenir normal et réduirait la durée de la prise en charge.