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Ces pandémies qui ont marqué l’histoire
Peste, rage, sida, grippe espagnole, Covid-19…. L’histoire bégaie. Le Covid-19, une pandémie inédite ? Oui, par son ampleur et l’onde de choc qu’elle a déclenchée à une époque où la mémoire de telles crises est lointaine ; pour le reste elle n’est malheureusement pas inédite. Souvenirs.
L’homme, l’animal et leur écosystème seraient-ils indissociables ? Le Covid-19 est une maladie due à un coronavirus d’origine animale, qui proviendrait du marché d’animaux vivants de Wuhan en Chine. L’origine vient d’une chauve-souris, l’hôte intermédiaire pourrait être le pangolin. Santé humaine et santé animale sont-elles donc si indissociables ? Oui, le concept d’une seule santé (« One health ») est d’ailleurs connu depuis longtemps, Claude Bourgelat, fondateur des écoles vétérinaires, en parle déjà au 18e siècle. Les grandes pandémies de l’histoire tiennent déjà leurs racines dans ce lien entre l’homme et l’animal : la peste via les puces et les rats, le sida, dont la consommation de viande de singe est à l’origine, la grippe espagnole en raison de la proximité de l’homme avec des élevages de canards et de porcs…
« 60 % des maladies humaines sont d’origine animale et 75 % des maladies émergentes le sont aussi », martèle Jean-Luc Angot, président de l’Académie vétérinaire de France. Si on élargit avec les maladies vectorielles, les maladies en lien avec l’animal sont encore plus nombreuses : chikungunya, zika, dengue. Le virus Ebola a lui-aussi comme réservoir la chauve-souris.
« La crise du Covid-19 vient rappeler au monde que la santé humaine est totalement dépendante de la santé animale », explique Frédéric Bizard, économiste de la santé et président fondateur de l’Institut Santé dans les colonnes de La Semaine Vétérinaire du 24 avril 2020, « le vétérinaire devrait être au cœur de la gestion de cette crise, du fait de ses compétences dans les transmissions infectieuses de l’animal à l’homme, entre autres. » Et de conclure qu’il est « absolument nécessaire de rappeler que la médecine vétérinaire est stratégique en matière de santé publique ».
Proximité physique, adaptabilité virale
La chauve-souris est porteuse d’un grand nombre de virus, une soixantaine ont été détectés, ils colonisent des écosystèmes variés. Les chauves-souris sont souvent impliquées dans les maladies humaines en tant que réservoirs, soit en raison de leur proximité avec les hommes, soit du fait de trafics illégaux de la faune sauvage, soit parce que l’homme consomme ces animaux, soit en raison de la destruction de l’équilibre des écosystèmes (le virus Nipa porté par la chauve-souris frugivore a été transmis à l’homme en raison de la déforestation qui a rapproché son habitat de celui des élevages porcins et de l’homme). « Nos connaissances en matière de coronavirus animaux et notre contribution sont importantes dans la mesure où le coronavirus a non seulement une origine animale, mais surtout parce qu’il a très probablement effectué un passage par une espèce animale intermédiaire », explique Jean-Luc Manuguerra, vétérinaire et chercheur à l’Institut Pasteur.
Parmi les facteurs d’émergence de ces maladies d’origine animale, plusieurs sont identifiés : l’augmentation de la démographie humaine, les échanges internationaux, le changement climatique, les modifications des écosystèmes, le commerce légal et illégal d’animaux sauvages.
Les virus finissent par franchir la barrière d’espèce et colonisent ainsi plusieurs espèces : porc, oiseaux, chauve-souris… Espèces sur lesquelles le virus n’entraînera pas de maladies s’il ne trouve pas les récepteurs qu’il lui faut. En revanche, c’est en passant par un hôte intermédiaire sauvage qu’il s’adapte ainsi à l’homme.
Un rapprochement encore trop timide
La notion de One health a beau être ancienne, elle peine encore à se concrétiser dans les faits. « C’est en 1832 que l’Académie de médecine a mis en avant le fait que les deux médecines étaient vraiment sœurs », rappelle Jean-Luc Angot. Alors que la France a freiné des quatre fers au début de la pandémie pour prendre en compte l’aide proposée par les laboratoires vétérinaires, l’Allemagne a réquisitionné les laboratoires vétérinaires des Länder dès le début de l’épidémie de Covid-19 pour pouvoir réaliser des tests diagnostiques à grande échelle. Lesquels ont permis de circonscrire les premiers foyers de contamination précocement. Il est vrai qu’aux côtés d’Angela Merkel et de son ministre de la Santé, figurent deux scientifiques de renom : Christian Drosten, chimiste et médecin de formation, qui a mis au point en janvier 2020 le premier test de dépistage du SARS-CoV-2 et le vétérinaire Lothar Wieler, président de l’Institut Robert-Koch.
Craintes à venir
« Nous espérons que les maladies animales bien connues ne s’adapteront pas à l’homme », déclare Jean-Luc Angot. Les coronavirus sont malheureusement des bons candidats pour les épidémies humaines (impliqués 3 fois en moins de 20 ans). Ce sont des virus courants qui ont des formes variées ; ils sont portés par de nombreuses espèces animales et sont répandus.
Les risques liés à l’influenza aviaire sont eux aussi bien réels, d’autant que le virus évolue très rapidement. « J’espère que la crise actuelle va permettre d’anticiper, de faire un retour d’expérience, et pour la suite d’être mieux préparé, d’avoir une meilleure coopération entre la médecine humaine et animale au niveau national et international », conclut Jean-Luc Angot.
Maîtriser, anticiper et avoir une prise de conscience transverse et intégrative reste essentiel.
D’origine animale et pas si lointaine …
• La grippe espagnole de 1918-19 est une pandémie particulièrement meurtrière. L’origine aviaire de ce virus est fortement suspectée en raison de l’interaction de l’homme avec les espèces aviaires et porcines. Les oiseaux sont des réservoirs de virus qui peuvent se transmettre au porc. L’homme peut être atteint par le biais des porcs, en raison de son contact avec les élevages.
• La grippe asiatique (1956 à 1958) provient aussi d’un virus aviaire.
• La grippe de Hong Kong en 1968 et 1969 rappelle ce même risque d’un virus aviaire. Elle tue près de 40 000 personnes en France et un million dans le monde…
• Le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) est dû à un coronavirus. La chauve-souris en est le réservoir. C’est la consommation de civette masquée (animal sauvage qui est l’hôte intermédiaire) au sud de la Chine qui a entraîné la transmission de la maladie à l’homme. Le SRAS apparaît en Chine fin 2002. La maladie se manifeste jusqu’au printemps 2004. L’épidémie aura touché une trentaine de pays.
• La grippe aviaire à virus H5N1 hautement pathogène (HP) suscite l’inquiétude de décembre 2003 jusqu’au printemps 2006. Ce virus montre qu’il est capable d’infecter au moins cinquante espèces d’oiseaux et au moins dix espèces de mammifères, dont les hommes. Plus d’une centaine de décès sont notifiés à l’OMS par une dizaine de pays. Chez l’homme, le taux de létalité général du H5N1 HP s’établit à 56 %. Il est élevé dans toutes les tranches d’âge et maximal chez les sujets de dix à trente-neuf ans.
Ce virus H5N1 hautement pathogène a été retrouvé en France fin 2015 encore, fort heureusement, avec un risque zoonotique très faible. Le risque de pandémie de grippe aviaire reste une menace sérieuse.
• La grippe aviaire à virus H1N1 sévit en 2009, mais la terrible pandémie attendue n’a finalement pas lieu en France (un scénario pandémique prévoyait 30 000 décès en France). Elle a été anticipée par la ministre de la Santé de l’époque, Roselyne Bachelot. Des segments d’ARN de virus d’origine humaine, aviaire et porcine composent le génome de ce virus. Son émergence provient de virus influenza en circulation dans l’espèce porcine en Amérique du Nord, aux Etats-Unis et au Canada.
• Au printemps 2013, le virus A/H7N9 de l’influenza aviaire faiblement pathogène tue en Chine des hommes. Des mutations du virus inquiètent les scientifiques. Plusieurs centaines de décès humains liés à ce virus sont à déplorer en Chine. Les volailles atteintes sont quasi asymptomatiques et la transmission à l’homme s’effectue par des contacts étroits avec des volatiles infectés, essentiellement sur les marchés d’oiseaux vivants ou lors de l’abattage à domicile.
• MERS-CoV (Middle East Respiratory Syndrome Coronavirus). Fin 2012, un nouveau coronavirus d’origine animale est découvert. L’infection ne s’étendra pas et restera localisée au Moyen-Orient, la péninsule arabique, notamment la Jordanie, l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats arabes unis. Les cas européens sont soit importés de cette région, soit des cas contacts. Plusieurs études indiquent que les dromadaires ou leurs produits sont les vecteurs principaux de la transmission à l’homme. Il n’est pas exclu que d’autres espèces soient des réservoirs éventuels.
• En 2014-2015, l’épidémie due au virus Ebola en Afrique cause plus de 11 000 décès humains. La multiplication des foyers Ebola est liée au contact étroit avec les liquides biologiques ou les tissus d’animaux infectés (tels que les chauves-souris frugivores, les singes ou le gibier sauvage).
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