Poisson tropical et ciguatera : une liaison toxique

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Poisson tropical et ciguatera : une liaison toxique

Publié le 16 juillet 2025
Par Ophélie Milert
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L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) publie un avis relatif à l’étude des espèces de poissons à risque de ciguatera dans les Antilles françaises. Objectif : renforcer l’information sur les espèces pouvant causer cette intoxication alimentaire.

La ciguatera est une intoxication alimentaire due à la consommation de poissons tropicaux contaminés par des toxines marines appelées ciguatoxines, produites par des algues microscopiques vivant sur les récifs coralliens. Face à l’augmentation du nombre de cas en Guadeloupe et en Martinique, l’Anses a conduit un travail d’expertise pour repérer les espèces à risque et mieux informer les consommateurs. Le travail a permis de repérer les espèces impliquées dans la transmission de l’intoxication et de sensibiliser le grand public.

67 espèces à surveiller de près

Les poissons porteurs de ciguatoxines vivent essentiellement dans les eaux tropicales et subtropicales. Parmi les territoires français concernés, les îles de la Guadeloupe et de la Martinique sont particulièrement touchées, tout comme la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française.

L’analyse menée par l’Anses, croisant les échantillons prélevés lors d’intoxications humaines et les données scientifiques disponibles, a permis d’établir une liste de 67 espèces à risque de ciguatera dans les Antilles françaises. Les espèces les plus concernées sont notamment le barracuda, les mérous, les thazards, les sérioles, les vivaneaux et les carangues. D’autres espèces comme les poissons-perroquets, les thons et les balistes sont de plus en plus à risque.

Apparition rapide des symptômes

L’intoxication débute souvent par des troubles digestifs, tels que des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements et des diarrhées. Ces symptômes apparaissent dans les minutes ou heures suivant l’ingestion, généralement dans les 24 heures.

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Ils sont rapidement suivis de troubles neurologiques qui peuvent durer plusieurs semaines : fourmillements, démangeaisons au niveau des extrémités ou du visage, inversion de la perception du chaud et du froid, douleurs musculaires, sueurs abondantes. Des manifestations cardiovasculaires peuvent aussi survenir, comme une baisse de la tension artérielle ou un ralentissement du rythme cardiaque, durant plusieurs jours.

Certaines populations sont plus vulnérables aux formes sévères ou chroniques de ciguatera : les personnes âgées, les personnes atteintes de pathologies chroniques comme le diabète ou les maladies cardiaques, les femmes enceintes (par principe de précaution) et les personnes ayant déjà été intoxiquées auparavant.

Éviter l’intoxication

Des mesures sont à mettre en œuvre pour limiter le risque d’intoxication :

  • éviter la consommation de poissons figurant sur la liste des espèces à risque, quelle que soit leur taille ;
  • lors de l’achat de poissons, se renseigner auprès de vendeurs de confiance. En cas de doute, s’abstenir. La cuisson ou la congélation ne détruisent pas les ciguatoxines. Les ciguatoxines n’altèrent ni l’aspect ni le goût du poisson ;
  • ne pas consommer les parties les plus toxiques telles que la tête, les viscères, les abats.

Les bons réflexes en cas d’intoxication

– Contacter un centre antipoison ou consulter un professionnel de santé.

– En cas de troubles cardiaques (ralentissement du cœur, baisse de la tension), appeler immédiatement le 15, le 112 ou le 114 (pour les personnes malentendantes).

– Boire abondamment pour prévenir la déshydratation.

– Ne pas prendre de médicament sans avis médical, certains pouvant aggraver les symptômes.

– Conserver des restes du poisson ou du repas pour permettre une éventuelle analyse toxicologique.

– En cas d’allaitement, stopper l’allaitement immédiatement et demander un avis au centre antipoison pour connaître la durée de l’interruption.

Précautions après une intoxication

Certaines substances ou aliments peuvent réactiver les symptômes, parfois plusieurs semaines après l’intoxication. Il est donc recommandé d’éviter l’alcool, le café, le thé, les boissons énergisantes, les poissons et fruits de mer, les produits dérivés de la mer, les fruits à coque et le chocolat.