L’aspartame

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Publié le 26 mars 2011
Par Delphine Guilloux
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Qu’est-ce que c’est ?

L’aspartame est un édulcorant de synthèse. Il se présente sous forme d’une poudre blanche cristalline inodore. Il a été découvert par hasard, en 1965, par un chimiste qui a goûté un des produits intermédiaires de la synthèse d’un médicament antiulcéreux. C’est un dipeptide composé de 2 acides aminés, l’acide aspartique et la phénylalanine. Ce dipeptide est ensuite estérifié avec du méthanol.

Où en trouve-t-on ?

C’est un additif alimentaire présent dans plus de 6 000 produits tels que des boissons, des desserts, des yaourts, des produits hypocaloriques. Sa présence dans les aliments est indiquée par son nom, ou par le numéro E-951. Les emballages doivent porter les mentions « avec édulcorants » et « contient une source de phénylalanine ». C’est aussi un édulcorant de table. Et il entre dans la composition de nombreux médicaments en tant qu’excipient.

Quelles sont ses propriétés ?

• Son pouvoir sucrant est 200 fois supérieur à celui du saccharose, utilisé comme référence. Les très petites quantités nécessaires rendent l’édulcorant quasiment acalorique. L’activation des récepteurs du goût sucré au niveau des papilles gustatives est conditionnée par la présence dans une molécule d’un groupement NH ou OH, d’un atome d’oxygène ou d’azote et d’un groupement hydrophobe, ces 3 éléments devant être à une distance précise les uns des autres. La molécule d’aspartame réunit ces conditions.

• Plusieurs études ont prouvé que les édulcorants intenses ne modifient pas l’activité cérébrale sur la sécrétion d’insuline. Des études réalisées en 2007 ont montré une diminution des apports énergétiques d’environ 10 % chez les consommateurs.

Que devient-il une fois ingéré ?

Après ingestion, l’aspartame est métabolisé dans l’intestin en acide aspartique, phénylalanine et méthanol. Ces 3 composés pris isolément sont naturellement présents dans l’organisme et dans d’autres aliments.

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Quelles sont les doses recommandées ?

Les évaluations menées en Europe, aux Etats-Unis et au niveau international ont abouti à l’établissement d’une dose journalière admissible (DJA) d’aspartame de 40 mg/kg de poids corporel. Il s’agit de la dose d’aspartame qu’un individu peut consommer par jour sans risque pour sa santé. Pour atteindre la DJA, une personne de 60 kg devrait consommer par jour environ 95 comprimés ou 190 cuillères à café d’édulcorant, ou encore 30 canettes de soda light.

Comment a évolué sa réglementation ?

L’aspartame obtient sa première AMM aux Etats-Unis en 1974. Quelques mois après, l’édulcorant est suspecté d’effets toxiques et cancérogènes sur le cerveau. Cela conduit à un retrait de son AMM mais une nouvelle AMM lui est accordée 7 ans plus tard suite à une réévaluation de ces effets. En France, l’aspartame est autorisé en 1988 et 7 ans plus tard, son utilisation est harmonisée au sein de l’Europe et dans plus de 90 pays.

Quels sont ses atouts ?

• Son pouvoir sucrant élevé.

• Son index glycémique est nul, il peut donc être utilisé par les patients diabétiques.

• Il est pratiquement acalorique : 4 calories par gramme.

• Il est acariogène.

• Il n’entraîne pas de diarrhées. Parmi les édulcorants de synthèse, ce sont ceux contenant des polyols (sorbitol, xylitol, isomalt, mannitol, maltitol et lactitol) qui sont responsables de troubles digestifs en cas de consommation excessive.

Quels sont ses inconvénients ?

• C’est un produit de synthèse.

• Son pouvoir sucrant diminue à la cuisson.

• Il n’est pas conseillé chez les enfants de moins de 3 ans.

• Il ne convient pas aux personnes atteintes de phénylcétonurie, en raison de la présence de phénylalanine.

Sources : EFSA/ Afssa-saisine n° 2006-SA-0140, Anses ; Lettre scientifique de l’institut français pour la nutrition ; Canderel ; Assugrin ; Rapport de projet tutoré Licence SIAL-février 2004, Julien Tap et Gaétane Collard ; Cedus.

BLANCHI PAR LES EXPERTS DE L’ANSES

Certaines études ont relancé en début d’année la polémique sur l’aspartame. Les études de toxicologie menées en Italie par l’institut Ramazzini rapportent un effet cancérogène chez l’animal. Par ailleurs, une étude danoise s’est penchée sur l’augmentation du nombre d’accouchements prématurés chez les femmes enceintes consommant de l’aspartame. Le 28 février, l’Anses (ex-AFSSA) a finalement conclu à la sécurité d’emploi de l’aspartame à la dose journalière admissible fixée. L’Agence a toutefois annoncé le 15 mars que des études complémentaires seraient menées afin de réévaluer la balance bénéfices/risques de la molécule.