« Modératrice »

C’est une communauté de préparateurs qui s’anime tous les jours sur le Net. « Plus de 4 000 inscrits pour environ 200 membres actifs », précise Nicole Cardinale. Cette préparatrice saisonnière gère la page du célèbre groupe « Tu sais que tu es préparatrice en pharmacie quand… » sur Facebook avec trois autres personnes. Les « tusaisqueurs » y partagent avec dérision leurs mésaventures de comptoir, échangent des opinions sur leur métier, s’entraident sur des questions de droit, rebondissent sur une difficulté… Le tout dans une ambiance régulée.

La modération tu pratiqueras

Accro à Internet, Nicole prend son rôle à cœur : « J’ai cherché la définition d’un modérateur avant de me lancer. Mon rôle consiste à supprimer les insultes, les propos racistes ou diffamatoires… » Elle retire aussi les publicités ou les commentaires ne respectant pas la confidentialité : photos d’ordonnances nominatives, etc. Ce « flicage » est parfois mal perçu : « Je suis fréquemment accusée de bafouer la liberté d’expression, certains me traitent de dictateur ! Mais les préparateurs exercent un métier de contact et doivent observer un peu de retenue. Ils n’ont pas toujours conscience de leurs responsabilités ». La confrontation des points de vue n’est pas toujours pacifique sur la Toile, « comme dans la vie, mais sur le Net, caché derrière un pseudo, on se permet davantage… Les gens sont oppressés, observe aussi Nicole. Ils se contiennent devant le patron et se lâchent sur le Web sitôt rentrés chez eux ». Elle jette un œil attentif à la page matin, midi et soir pour vite contrer les dérives. Les posts lui sont notifiés par alerte sur son mobile.

La démocratie tu impulseras

Nicole n’en est pas à son coup d’essai. La créatrice de la page l’a désignée administratrice il y a trois ans en se retirant du groupe, accablée par le poids de sa mission. À l’époque, Nicole souhaite s’entourer, mais « entre les psychorigides, les susceptibles et les narcissiques » qu’elle a recrutés, elle a du mal à imposer une page libre où les administrateurs n’interviennent que pour contrer les débordements. « Finalement, j’ai joué la rapidité en supprimant tous les autres administrateurs. Et cette fois, j’ai pris le temps de choisir… » Les critiques fusent devant cette action aussi radicale qu’arbitraire. Nicole poursuit son objectif, avant de tirer sa révérence, fatiguée de cette guerre virtuelle. Mais un an plus tard, elle refait surface et juge le groupe trop « mou ». Il doit être « secoué ».

La profession tu dynamiseras

« Les anecdotes de comptoir, c’est sympa, mais je souhaitais mettre en valeur la profession », explique la préparatrice. De nouveau administratrice – sa demande ayant été acceptée –, elle crée des événements, des vitrines de Noël sur Facebook, relaie des offres d’emploi… Elle veut aussi motiver les jeunes et donner des réponses à leurs questions. Quand elle ne les a pas, elle les cherche sur les sites officiels, dans la convention collective ou la presse professionnelle (Porphyre, Le Moniteur des pharmacies…). « J’ai posté la grille des salaires, la convention, des informations sur la prime de blouse ou les congés payés ». Résultat, pour le « tusaisqueur », s’en remettre à ses pairs sur la Toile est presque devenu un réflexe.

Nicole Cardinale

Âge : 53 ans.

Formation : bac professionnel commerce par validation des acquis de l’expérience (VAE), puis BP en 2009.

Lieu d’exercice : Haute-Savoie et autres régions.

Ce qui la motive : aider les gens et échanger avec eux.

Si vous étiez un titulaire ? Je serais dans l’apprentissage et le partage du savoir, rigoureux, mais sans virer psychorigide.

Si vous étiez un client ?

J’écouterais le conseil du professionnel sans me référer systématiquement à la publicité vue la veille…

Si vous étiez un médicament ?

Un qui actionne les capacités. Son nom : « Réveille-toi ». Son indication : « Profite de la vie ». Sa posologie : « À consommer sans modération ».