Blogueuse

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Publié le 3 septembre 2013 | modifié le 29 juillet 2025
Par Annabelle Alix
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Forte de vingt ans d’expérience en pharmacie, Miss X (1) a développé un blog. Elle y (dé) livre ses coups de gueule en évoquant son expérience. Et crée du lien avec ses « lecteurs ».

Miss ? X.(1) est une passionnée. Surtout dans l’exercice de sa profession : « Je me suis syndiquée à Force ouvrière dès la fin de mon apprentissage dans le but de défendre mon métier ». Un moyen de se relier aussi aux autres préparateurs, car « d’une officine à l’autre, la communication a du mal à s’établir ». Le temps passe, l’expérience fait son chemin. Dix ans plus tard, elle troque son CDI contre une succession de contrats divers : « Je voulais rencontrer d’autres personnes, découvrir de nouvelles ambiances et façons de travailler. » Aromathérapie, merchandising, orthopédie, elle élargit sa palette. Et en 2013, elle crée le blog « Les “bonnes” pratiques officinales »(2), pour raconter son expérience et susciter l’échange. « Je désirais surtout extérioriser mes coups de gueule pour éviter de les ramener à la maison ». Tout en préservant son anonymat pour ne pas nuire aux pharmacies qui pourraient se reconnaître.

Pour que la parole exulte

« Vous, je ne sais pas, mais moi, ça me perturbe ! Tout au long de ma carrière, on m’a toujours dit : “Ce qui sauvera notre métier, c’est le conseil avisé” Et maintenant, on crée des rayons en “libre accès” où les clients remplissent des sacs comme dans des rayons de supermarché »… Une incompréhension sur sa profession, une aventure de comptoir ou une amitié qui se forme dans l’équipe sont autant de raisons d’écrire. La préparatrice relève les événements et les petits riens qui marquent sa journée, et saisit son clavier en rentrant le soir, pour exprimer ses ressentis. Des anecdotes qui trouvent souvent écho auprès de ses lecteurs. Trois à quatre préparateurs lui envoient ainsi un mail chaque semaine, rebondissant sur un écrit, réclamant un conseil ou un échange. « Une préparatrice s’est reconnue dans l’un de mes récits car elle s’était fait arnaquer de la même façon que moi. Un client avait subtilisé son billet pendant qu’elle cherchait dans la caisse la monnaie à lui rendre. Me lire lui a fait du bien », raconte la blogueuse, ravie d’avoir été source de réconfort. Elle aborde souvent les sujets avec légèreté. « Je veux aider les préparateurs à dédramatiser leurs mésaventures. Il faut évacuer nos soucis et en rire plutôt que de râler et de finir aigri. Mon blog aide également les jeunes à entrer dans le bain… »

Simple et sans tabous

Ce blog « pour tous » adressé aux préparateurs débutants, expérimentés et aux pharmaciens, elle l’a créé seule et l’a voulu sobre et sans prétention, « mon but n’étant pas d’en mettre plein la vue ou de créer le buzz ». Ses récits sont courts, clairs et sans prose – « Je ne suis pas écrivain ! » Il se veut accessible et percutant : « J’écris comme je parle, parfois même en commettant volontairement des fautes de syntaxe quand la formulation me semble plus parlante. Je veux que les préparateurs se retrouvent dans ma façon de parler, et surtout, ne pas passer pour la préparatrice expérimentée, prétentieuse, qui a tout vu. » Sa devise ? Parler de tout, sans langue de bois. Son plus ? Apporter son éclairage de préparatrice aguerrie. Certains articles sont même informatifs. Ils déchiffrent une législation, aident à interpréter une grille des salaires… « La page la plus lue est, bien sûr, celle concernant la paie ».

(1) Notre préparatrice souhaite rester anonyme.

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(2) http://lepreparateur.canalblog.com

« Anonymus preparatus »

Âge : 39 ans.

Formation : BP de préparateur en pharmacie.

Lieu d’exercice : Provence-Alpes– Côte-d’Azur.

Ce qui la motive : le relationnel ; rendre service et se sentir utile.

Si vous étiez un titulaire ?

Je serais un manager de terrain qui favorise l’échange, porté sur la formation et la cohésion de groupe.

Si vous étiez un client ?

Je serais un client furtif, qui achète son produit et ressort aussitôt. J’aime écouter les autres mais ne suis pas à l’aise pour parler de moi.

Si vous étiez un médicament ?

Du protoxyde d’azote ! Un gaz hilarant, car si j’apprécie le travail bien fait, je n’aime pas me prendre au sérieux.