Négociateur patient

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Publié le 6 mai 2013
Par Annabelle Alix
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Secrétaire fédéral Force ouvrière de la branche officine de la Drôme-Ardèche, Christian Lantheaume se bat pour améliorer les conditions de travail des salariés.

Parents syndiqués, camarades engagés, Christian Lantheaume adhère à Force ouvrière (FO) dès ses premiers pas de préparateur. « Je voulais mieux connaître les conditions sociales d’exercice à l’officine afin de les transmettre à mes confrères ». Rapidement, il rejoint le bureau départemental de la branche officine de la Drôme-Ardèche. Tous les deux mois, il participe aux assemblées générales, assurant le relais entre le terrain et l’information syndicale. En 1981, il en devient secrétaire adjoint, et siège désormais dans les négociations à la commission paritaire nationale (CPN) aux côtés des syndicats de titulaires (FSPF, USPO, UNPF). « J’ai vite compris que pour faire évoluer sa condition il fallait s’en remettre aux commissions paritaires car la marge de manœuvre est faible dans les négociations directes avec son employeur », relève Christian Lantheaume, qui prône le dialogue sans véhémence. « Certains préparateurs voudraient qu’on révolutionne leurs conditions de travail, mais il faut y aller en douceur pour arriver à faire bouger les choses. Les relations doivent être bonnes avec les syndicats de titulaires, et nos échanges constructifs pour faire évoluer notre profession ». Aujourd’hui secrétaire général départemental, il qualifie son action de corporatiste, plutôt que militante. « C’est à l’issue d’un long processus de négociations que nous avons obtenu, en 2008, le passage des assimilés cadres au coefficient 330 ».

Chi va piano va sano

Certains sujets restent plus difficiles à négocier que d’autres. Celui du salaire du jeune diplômé fait débat. « Grâce aux négociations, il est passé du coefficient 210 à 220, puis 230 ». Il reste faible, face au Smic qui augmente plus vite que la valeur du point et à la valorisation récente du salaire de l’apprenti. « Le problème est que nous ne pouvons pas valoriser un seul salaire, c’est la valeur du point que nous pouvons négocier. Or, une revalorisation du point impacte tous les salaires de l’officine. » Un enjeu de taille pour les employeurs, qui demandent des contreparties, « comme baisser le salaire de l’apprenti, évoque Christian Lantheaume. Cette solution est évidemment inacceptable ! Mais nous relançons actuellement le débat sur la classification, comme nous sommes autorisés à le faire tous les cinq ans. Nous souhaitons supprimer le 230, mettre les débutants au 240 et faire passer les assimilés cadres au 350… »

Engagement désintéressé

L’ordre du jour des réunions en CPN, fixé bien en amont, est parfois sujet à des aléas : « Récemment, nous n’avons pas pu discuter de la valorisation de la prime de départ en retraite, les syndicats d’employeurs n’étant pas mandatés pour en parler avant la tenue de leur conseil d’administration », indique Christian, mais lorsque la négociation aboutit, « j’en tire satisfaction ». Pour autant, le travail n’est pas terminé. La rédaction de l’accord doit ensuite être négociée ligne par ligne. Les réunions en CPN ont lieu sur le temps de travail, comme le temps passé en commissions de travail pour préparer les négociations à venir, ou dans les instances où le préparateur est élu (commission exécutive, comité fédéral). Il gère aussi un budget social et une caisse de retraite. Durant ses heures, son salaire est maintenu, ses frais sont remboursés. Son engagement, lui, n’a pas de prix.

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Christian Lantheaume

Âge : 59 ans.

Formation : BP de préparateur en pharmacie.

Lieu d’exercice : Valence (26).

Ce qui le motive : améliorer la condition du salarié à l’officine.

Si vous étiez un titulaire ?

Je motiverais mon équipe plutôt que diviser pour mieux régner, pratique croissante à l’officine !

Si vous étiez un client ?

Je serais intransigeant sur la qualification de l’officinal qui me sert et demanderais à ce qu’il me présente son badge s’il ne le porte pas.

Si vous étiez un médicament ?

Un antidépresseur à usage interne pour remonter le moral des équipes.