Le « stérilisateur »

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Publié le 29 juin 2013
Par Annabelle Alix
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Préparateur en unité de stérilisation à l’hôpital de Lorient, Guillaume Kerjean a trouvé une place de choix parmi les soignants, où le médico-technique se conjugue aux soins.

Pyjama, charlotte et sabots, Guillaume Kerjean a troqué la blouse pour une tenue moins glamour. Depuis neuf mois, ce préparateur hospitalier participe au pilotage de l’unité de stérilisation de l’hôpital de Lorient (56), qui dépend de la pharmacie à usage intérieur (PUI). Sous la responsabilité du pharmacien, il veille au bon fonctionnement des processus de stérilisation, « une branche à part de la pharmacie hospitalière ». D’ailleurs, l’unité est près du bloc et non de la pharmacie. Dans cette unité, transitent les instruments utilisés au bloc opératoire et dans les services. Ils y suivent un parcours de stérilisation précis avant de servir à nouveau. « Je dois valider les cycles de stérilisation, être réactif en cas de problème et remonter les dysfonctionnements au pharmacien », explique le préparateur qui exerce en PUI depuis 2008.

Guillaume prend sa mission à cœur. Il la partage entre 8 heures et 21 heures avec une infirmière de bloc opératoire (Ibode) et un infirmier-anesthésiste. Il a dû se faire accepter des Ibode, ses nouveaux interlocuteurs dont le bloc est le fief, et des treize aides-soignants de l’unité qui lavent, recomposent, reconstituent et stérilisent les compositions d’instruments à l’aide d’un logiciel de traçabilité. « Les soignants connaissent mal le métier de préparateur, mais aujourd’hui j’apprécie de travailler avec eux car ils sont tournés vers l’humain, et j’aime cet état d’esprit ».

Les journées ne se ressemblent pas

« Je n’ai pas deux journées identiques et c’est ce qui me plaît ». Guillaume vérifie la conformité des compositions stérilisées et surveille les cycles de l’autoclave. Il sait réagir en cas de panne électrique, répondre aux demandes ponctuelles du bloc et gérer les stocks, en commandant via la pharmacie. « Être préparateur est un atout pour les activités de gestion, beaucoup plus éloignées des fonctions du soignant ». Guillaume reçoit aussi les représentants : « Je ne leur achète rien car, à l’hôpital, les marchés s’obtiennent par appels d’offres à projet lancés par le service des achats. Ainsi, les rapports sont plus sains qu’à l’officine. Les commerciaux vérifient notre utilisation des matériels, relèvent d’éventuels problèmes de matériovigilance et apportent des informations scientifiques ».

La qualité avant tout

Une erreur de recomposition, un retard dans la mise à disposition, et c’est une feuille de non-conformité à remplir. « Dans notre unité, certifiée ISO 9001, la qualité est primordiale ». En cas de problème, des solutions sont trouvées pour parer à l’urgence. Des réunions d’équipe ont lieu une fois par mois pour réfléchir aux actions de fond. « Lorsqu’un souci est identifié, les causes sont analysées afin d’identifier l’origine de l’erreur. Les dysfonctionnements sont souvent le fait d’un problème organisationnel ». Formé à la qualité dans le cadre de son diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière obtenu en 2011, Guillaume rédige des procédures depuis son entrée en PUI : gestion des stupéfiants, manipulation de chimiothérapie… Il a même mis au point un produit à base de quinine pour les essais de manipulation. « J’ai été publié et ma formule a été présentée lors du congrès Gerpac 2011 [Groupe d’évaluation et de recherche sur la protection en atmosphère contrôlée] ». Une imagination loin d’être stérile celle-là.

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Guillaume Kerjean

Âge : 27 ans.

Formation : BP de préparateur en pharmacie, diplôme de préparateur en pharmacie hospitalière. DU stérilisation et hygiène en projet.

Lieu d’exercice : Lorient (56).

Ce qui le motive : proposer, être écouté et contribuer à la prise de décisions.

Si vous étiez un titulaire ?

Je serais ouvert et je déléguerais beaucoup.

Si vous étiez un client ?

Je serais exigeant sur la qualité de l’écoute, du produit et sur le conseil.

Si vous étiez un médicament ?

De la kétamine (anesthésique) car cette molécule a la particularité d’être très efficace, sans être nocive.