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Tabac et vape : six mesures concrètes du gouvernement pour bâtir une génération zéro tabac
Le ministère de la Santé, des Solidarités et des Familles a franchi une nouvelle étape dans sa politique de lutte contre le tabagisme, en annonçant, vendredi 30 mai 2025, six mesures concrètes destinées à réduire l’exposition des jeunes aux produits nicotiniques, qu’ils soient combustibles ou électroniques. Objectif affiché : empêcher toute nouvelle génération d’entrer dans le tabac, dans un contexte où 90 % des fumeurs déclarent avoir commencé avant 18 ans.
1. Interdiction de fumer dans de nouveaux lieux publics extérieurs (1er juillet 2025)
Un décret d’application immédiate interdira la consommation de tabac dans des lieux extérieurs largement fréquentés par les mineurs : plages, parcs, jardins publics, abribus, abords des établissements scolaires, bibliothèques, installations sportives et structures accueillant ou hébergeant des mineurs. Le périmètre exact sera défini par les collectivités locales, en fonction des réalités territoriales.
L’objectif est clair : dénormaliser l’acte de fumer dans les espaces de sociabilité juvénile. Une amende de 135 euros est prévue pour les contrevenants, avec une période de tolérance et une campagne de communication en soutien.
2. Réduction du taux de nicotine dans les produits du tabac et de la vape (2e semestre 2026)
Le gouvernement prévoit d’encadrer la teneur maximale en nicotine autorisée dans les cigarettes, cigares, tabac à rouler mais aussi dans les e-liquides. L’idée : maintenir un « effet seuil » suffisant pour les utilisateurs tout en limitant les risques de dépendance rapide, notamment chez les primo-usagers.
Ce dispositif est conditionné à la publication d’un avis scientifique de l’Anses, attendu pour septembre 2025, et à une notification préalable à la Commission européenne.
3. Limitation stricte des arômes dans les produits de vapotage
Autre levier : la réduction du nombre d’arômes disponibles dans les e-liquides, en particulier les saveurs dites « attractives » pour les adolescents. Les arômes exotiques ou sucrés, comme « barbe à papa », sont explicitement visés.
Là encore, le gouvernement attend les conclusions scientifiques de l’Anses et de la HAS pour déterminer les substances concernées, sans calendrier réglementaire précis à ce stade.
4. Avis scientifique renforcé sur les risques liés aux produits nicotinés
L’Anses, saisie par les ministères de la santé, de l’environnement et du travail, doit produire un rapport d’impact sur la réduction de la teneur en nicotine et la limitation des arômes dans les produits de vapotage. L’analyse devra également apprécier les risques de contournement par des produits non réglementés ou importés.
5. Lancement d’une campagne nationale de communication et de signalétique
En accompagnement des interdictions, l’État prévoit une campagne grand public dès l’été 2025, assortie de la mise à disposition de signalétiques officielles. Objectif : soutenir la mise en œuvre locale des mesures et favoriser leur appropriation par les usagers, en particulier dans les zones touristiques et éducatives.
6. Soutien financier à l’extension volontaire des zones sans tabac, y compris dans les hôpitaux
Bien que les abords des hôpitaux ne soient pas concernés par le décret, le Fonds de lutte contre les addictions accompagnera les établissements qui souhaitent étendre les zones non-fumeurs. Cette mesure prolonge la dynamique de « lieux sans tabac » déjà engagée dans certaines collectivités.
Une stratégie contestée sur la vape, soutenue sur le tabac
Si la majorité des acteurs saluent les interdictions ciblées dans les espaces publics extérieurs, les mesures touchant au vapotage divisent. La Fédération Addiction alerte sur un risque de retour au tabac chez les usagers fortement dépendants, en cas de restrictions trop strictes sur la nicotine et les arômes. Le CNCT, de son côté, juge ces annonces encore trop timorées face aux enjeux sanitaires, regrettant l’absence de régulation des terrasses de cafés et restaurants.
Une dynamique de fond confirmée par les chiffres
La politique de réduction du tabagisme semble produire ses effets. En 2023, seuls 23,1 % des adultes de 18 à 75 ans fumaient quotidiennement, soit le taux le plus bas jamais enregistré, selon l’OFDT. En parallèle, le recours aux dispositifs de sevrage progresse, et la part d’anciens fumeurs (23,9 % en 2021) ne cesse de croître.
Selon une enquête OpinionWay, 62 % des Français se disent favorables à un encadrement plus strict du tabac, et 78 % à son interdiction dans de nombreux lieux publics.
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