Stéphanie Rist, une rhumatologue au chevet de la Santé

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Stéphanie Rist, une rhumatologue au chevet de la Santé

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Publié le 13 octobre 2025
Par Christelle Pangrazzi
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La députée Renaissance du Loiret, médecin hospitalier de formation, vient d’être nommée ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Pilier discret mais influent de la majorité, elle prend la succession de Yannick Neuder et de Catherine Vautrin, avec en toile de fond la réforme des retraites et des chantiers explosifs pour le système de soins.

Rhumatologue au centre hospitalier régional d’Orléans (Loire), Stéphanie Rist a fait ses premiers pas en politique en 2017, faisant partie de la vague de députés issus de la société civile emmenée par Emmanuel Macron. Élue puis réélue en 2022 et 2024, elle s’est imposée comme une voix appliquée et respectée au sein de la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Proche de Gabriel Attal, elle a été nommée secrétaire nationale de Renaissance en charge de la Santé et de la Prévention quelques mois avant son entrée au gouvernement.

Médecin toujours en activité, elle conserve un pied dans son service hospitalier chaque lundi. Formée au CHU de Tours (Indre-et-Loire), elle a rejoint Orléans en 2005, y gravissant tous les échelons jusqu’à devenir cheffe de service puis cheffe de pôle.

Une parlementaire au profil social

« J’ai pour objectif de faire tout ce que je peux pour obtenir des compromis », a-t-elle confié dimanche à La République du Centre. La formule résume le style Rist : une députée moins médiatique que d’autres, mais rodée aux compromis législatifs et dotée d’un solide ancrage dans les dossiers sociaux.

Rapporteure générale du Budget de la Sécurité sociale entre 2022 et 2024, elle s’est fait connaître par sa défense sans relâche de la réforme des retraites portée par Élisabeth Borne et Olivier Dussopt, texte qui continue de fracturer la majorité et que le Parti socialiste exige de suspendre en échange de sa non-censure.

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Une législatrice active

Au Palais Bourbon, Stéphanie Rist a multiplié les textes. En 2021, elle a porté une proposition de loi traduisant dans la loi les promesses non financières du « Ségur de la Santé », dont la mesure phare fut le plafonnement de la rémunération des médecins intérimaires. Deux ans plus tard, en 2023, elle a déposé une nouvelle proposition de loi élargissant les compétences de plusieurs professions paramédicales et assouplissant l’accès à certains professionnels de santé.

Plus récemment, début 2025, elle a cosigné avec l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) un rapport consacré à la prise en charge de la ménopause, un sujet longtemps resté dans l’angle mort des politiques publiques de santé.

Ambitions locales et nationales

Au-delà du Palais Bourbon, Stéphanie Rist est également engagée dans sa ville. Conseillère municipale à Orléans depuis 2020, elle a été désignée cheffe de file de Renaissance pour les élections municipales de 2026. Ce double ancrage, local et national, fait d’elle une personnalité dont le profil dépasse la seule étiquette partisane.

Sa nomination rue de Ségur la place désormais face à des dossiers sensibles : mise en œuvre des nouvelles missions de santé publique, pilotage de l’autonomie et du handicap, et surtout gestion de la réforme des retraites, enjeu central de stabilité pour le gouvernement.

Une ministre attendue au tournant

Médecin et parlementaire chevronnée, Stéphanie Rist arrive avec un parcours solide mais une équation politique complexe : rassurer les soignants tout en contenant les tensions budgétaires, répondre à la demande sociale sans rompre avec la ligne réformatrice de l’exécutif.

Le monde de la santé, à l’hôpital comme en ville, attend de voir si la rhumatologue d’Orléans saura transformer son pragmatisme de praticienne et son expérience législative en impulsion politique durable.

Loi Rist : un tournant pour les missions officinales

Adoptée en avril 2023 pour limiter l’intérim médical à l’hôpital, la loi Rist ouvre aussi de nouvelles perspectives aux pharmaciens. Dans un contexte de pénurie de médecins, le texte élargit le champ de compétences des professions de santé et fait des officinaux des acteurs clés de l’accès aux soins de premier recours.

La loi autorise désormais les pharmaciens à prescrire certains médicaments dans le cadre de protocoles, à prolonger une ordonnance expirée de traitement chronique jusqu’à trois mois (article 15) et à intervenir dans la vaccination et le suivi de pathologies bénignes comme les angines ou les cystites.

Une montée en compétence des préparateurs

La loi reconnaît par ailleurs le Deust préparateur/technicien en pharmacie pour l’exercice en officine (article 9). Les préparateurs peuvent, sous supervision du pharmacien, administrer les vaccins.

Réponse aux déserts médicaux

En élargissant les missions des pharmaciens et de leurs équipes, la loi Rist s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de lutte contre la désertification médicale. L’officine s’affirme ainsi comme un relais indispensable de soins de proximité.

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