« La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût » : l’Assurance maladie mobilise les assurés contre la fraude

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« La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût » : l’Assurance maladie mobilise les assurés contre la fraude

Publié le 29 septembre 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Depuis le 26 septembre, l’Assurance maladie informe systématiquement chaque assuré par courriel de toute dépense de santé prise en charge en son nom. Objectif affiché : renforcer la transparence et impliquer directement les patients dans la détection des anomalies de remboursement.

Chaque consultation, examen ou acte paramédical réalisé avec la carte Vitale déclenche désormais l’envoi d’un message électronique sous dix jours. Le courriel renvoie vers le compte Ameli, où l’assuré peut consulter le détail des remboursements effectués.

« Ces notifications rappellent, en toute transparence, ce que la solidarité nationale prend en charge », explique Marc Scholler, directeur financier de l’Assurance maladie.

Au-delà de l’information, le dispositif permet aux patients de signaler immédiatement une anomalie : surfacturation d’un acte, tarification abusive ou prestation fictive.

Les fraudes des professionnels, un poste majeur de pertes

Si les fraudes des assurés existent, l’essentiel des montants détectés en 2024, soit 628 millions d’euros, provenait des pratiques de certains professionnels de santé. Selon l’Assurance maladie, près de 70 % de ces indus étaient liés à des actes fictifs ou à des facturations excessives, facilitées par le tiers payant.

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« Ce n’est pas parce qu’on ne paie pas directement que c’est gratuit », insiste Marc Scholler. L’outil vise à responsabiliser les patients et à transformer chaque assuré en « vigie » du système.

Transparence et déficit sous tension

Cette campagne de courriels massifs illustre un virage assumé vers une vigilance collective, où la lutte contre la fraude devient un levier de maîtrise des dépenses. En 2024, le déficit de l’Assurance maladie a atteint près de 14 milliards d’euros, un niveau qui alimente la pression sur les comptes sociaux et la nécessité de trouver de nouvelles marges de régulation.

« Donner ce pouvoir d’alerte aux assurés, c’est multiplier les yeux et les voix capables d’identifier plus tôt les fraudes », résume Marc Scholler.

Au-delà du message, la campagne veut rappeler une évidence souvent oubliée : « La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. »

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