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Gaspillage médicamenteux : jusqu’à 1,7 milliard d’euros perdus en 2023
La Cour des comptes chiffre entre 561 millions et 1,73 milliard d’euros le coût du gaspillage de médicaments. L’institution appelle à renforcer le suivi, améliorer le conditionnement et à envisager la redispensation des traitements onéreux.
Selon le rapport thématique de la Cour des comptes rendu public le 4 septembre, Le bon usage des produits de santé, le gaspillage médicamenteux pèse lourd. En 2023, 8 503 tonnes de médicaments non utilisés ont été collectées par Cyclamed, soit en moyenne 124 grammes par habitant, l’équivalent de deux boîtes par Français. La Cour estime le coût de ces produits jetés entre 561 millions et 1,73 milliard d’euros, une fourchette large faute de données qualitatives fiables.
L’évaluation repose sur deux scénarios extrêmes : celui où seuls les traitements peu coûteux sont jetés (hypothèse basse) et celui où figurent des spécialités à très forte valeur comme certains anticancéreux (hypothèse haute). L’institution souligne « l’absence d’étude récente en France pour évaluer la nature des médicaments jetés » et demande de produire de nouvelles données pour affiner ces montants.
Des stocks hospitaliers mal suivis
Le gaspillage ne se limite pas à la ville. Dans les hôpitaux, les pertes sont difficiles à mesurer. La Cour recommande la généralisation des armoires à pharmacie informatisées, permettant de suivre les stocks et d’identifier les produits proches de leur date de péremption. Or, seuls 61 % des établissements interrogés déclarent disposer d’indicateurs sur la quantité de médicaments périmés ou altérés. Un déficit de pilotage qui risque d’alourdir les pertes, notamment pour les traitements les plus coûteux.
La facture croissante des prescriptions hospitalières
Autre tendance inquiétante : la hausse rapide des prescriptions hospitalières exécutées en ville. Entre 2019 et 2023, elles ont augmenté de 10,6 % par an en moyenne, pour atteindre 11,68 milliards d’euros, contre seulement + 2,6 % pour les prescriptions des médecins libéraux.
Côté dispositifs médicaux, la Cour pointe particulièrement les pansements, dont les dépenses dépassent 860 millions d’euros en 2023, soit près de 10 % du total des DM remboursés en ville. Elle recommande une meilleure implication des infirmiers afin de rationaliser les prescriptions.
Conditionnements, péremption et redispensation
La Cour appelle également les industriels à revoir leurs pratiques. Elle salue les outils mis en place pour favoriser des conditionnements adaptés, mais regrette qu’ils soient « peu utilisés ».
Sur les péremptions, elle cite le cas du daratumumab, anticorps monoclonal dont la dépense a frôlé un milliard d’euros en 2023. Selon une étude, sa durée de conservation pourrait passer de 36 heures à 28 jours, évitant des pertes massives.
L’institution va plus loin en recommandant d’ouvrir la voie à la redispensation de certains médicaments coûteux, ainsi qu’au recyclage ou à la réutilisation de dispositifs médicaux après stérilisation ou remise en état.
Vers une logique de durabilité
Pour la Cour des comptes, la politique du médicament doit désormais s’inscrire dans une approche durable, conciliant économie, santé publique et écologie. Le projet de budget 2026 esquissé par le Premier ministre François Bayrou prévoit déjà 5 milliards d’euros d’économies pour le secteur de la santé, dont une partie pourrait provenir d’une meilleure gestion des produits de santé.
« Des actions commencent à être menées dans ces directions », conclut le rapport, « mais elles doivent s’intensifier, compte tenu du potentiel existant ».
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