Non, les pharmaciens ne seront pas les caissiers de la Sécu

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Non, les pharmaciens ne seront pas les caissiers de la Sécu

Publié le 21 juillet 2025 | modifié le 22 juillet 2025
Par Sana Guessous
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Le budget d’austérité du Premier ministre François Bayrou pour 2026 comprend un volet d’économies sur les dépenses sociales et de santé. Pour réaliser cet effort évalué à cinq milliards d’euros, certaines des mesures envisagées impacteront directement les officinaux et leurs patients.

Les dépenses de santé augmenteront de dix milliards d’euros en 2026, une hausse « pas soutenable » et qu’il faut réduire de moitié, a proposé mardi 15 juillet François Bayrou dans le cadre de son plan de rééquilibrage des comptes publics. Pour les syndicats de pharmaciens, cet effort budgétaire est « entendable. » « C’est un appel à la responsabilité individuelle et collective. Il est évident que nous devons trouver des solutions pour nous désendetter », assure Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Haro sur le doublement de la franchise médicale

Mais maîtriser les dépenses ne doit pas se faire au détriment des patients chroniques, en particulier les plus modestes. Le président de la FSPF estime « injuste » le doublement de la franchise médicale, portée de 50 à 100 euros : « Les bénéficiaires du RSA ne seront pas concernés par cette mesure mais il n’en sera pas de même pour ceux qui sont juste au-dessus du plafond. » De nombreux professionnels de santé s’inquiètent du renoncement aux soins que pourrait entraîner une telle décision pour les patients précaires. « La lutte contre le déficit ne peut se faire au prix de la perte de chance », préviennent les Libéraux de Santé (LDS), organisation regroupant les dix principaux syndicats de professionnels de santé libéraux dont fait partie la FSPF.

Collecter les franchises au comptoir, c’est non !

Cette proposition risque également de complexifier l’exercice officinal. Lors de la présentation du budget 2026, la ministre de la Santé Catherine Vautrin a en effet assuré que les franchises seraient « versées directement au comptoir, pour être tout simplement plus visibles et pour aider chacun à mieux économiser. » Une idée à laquelle Philippe Besset s’oppose fermement : « Il est hors de question que nous récupérions ces franchises au comptoir. Nous n’allons pas mettre une tirelire comme pour les pièces jaunes pour collecter un euro par boîte, à porter toutes les semaines ou tous les mois à l’Assurance maladie. » Lucie-Hélène Pagnat, directrice générale de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), abonde : « Les pharmaciens n’ont pas la possibilité de vérifier où en est le plafonnement du patient au moment où ils assurent la délivrance. Le prélèvement de ce cadre forfaitaire n’étant pas contrôlé par les pharmaciens, il nous paraît impensable de réaliser cette perception, en l’absence de précisions gouvernementales. »

La généralisation du DMP plébiscitée

D’autres mesures sont accueillies favorablement par les syndicats, comme la régulation des arrêts de travail et l’amélioration de la politique des achats hospitaliers. De même, le fait de rendre obligatoire l’usage par les professionnels de santé du dossier médical partagé (DMP) est « une excellente façon d’éviter la redondance des actes médicaux », affirme Philippe Besset. « Une cohérence de soins de tous les professionnels de santé nous semble légitime et nécessaire. Nous avons besoin d’une convergence de compréhension du schéma de soins des patients et, pour ce qui nous concerne, des schémas thérapeutiques dispensés aux patients, qu’ils soient chroniques ou ponctuels », assure pour sa part Lucie-Hélène Pagnat.

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