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Les pharmaciens adjoints pourraient-ils devenir des collaborateurs libéraux ?
Le chantier a été officiellement lancé à l’initiative de la CAVP, soucieuse d’élargir sa base de cotisants face au vieillissement de la population de pharmaciens titulaires. « Le président de la CAVP, Philippe Berthelot, nous a saisis pour ouvrir le sujet des collaborateurs libéraux », confirme Philippe Besset, président de la FSPF.
Aujourd’hui, seuls les pharmaciens titulaires cotisent à la CAVP. Les 28 000 pharmaciens salariés exerçant en officine en sont donc exclus. Le statut de collaborateur libéral, déjà existant dans d’autres professions de santé (avocats, kinésithérapeutes), pourrait permettre à une fraction de ces adjoints d’exercer à titre indépendant, tout en restant dans l’officine.
Un statut libéral… sans parts sociales obligatoires
Le collaborateur libéral n’est pas nécessairement associé. « Ce n’est pas un adjoint qui prend des parts – un adjoint salarié peut détenir jusqu’à 10 % du capital de l’officine NdlR – C’est un pharmacien qui exerce à titre libéral, sans lien de subordination », insiste Philippe Besset.
Cela signifie : pas d’horaires imposés, pas de hiérarchie directe, mais une autonomie d’exercice, formalisée par un contrat de collaboration libérale. La rémunération, versée sous forme d’honoraires, n’est donc pas soumise au salariat.
L’USPO appelle à un encadrement strict
Ce nouveau modèle interroge les équilibres de l’équipe officinale. « Ce statut est intéressant, mais il doit être rigoureusement encadré », alerte Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO. Il pointe notamment le risque de dérives dans les maisons de santé pluriprofessionnelles, où certains pharmaciens pourraient se retrouver isolés du circuit officinal classique.
Selon lui, l’enjeu est de garantir que le collaborateur libéral reste inséré dans le tissu officinal, au service de la dispensation et des missions de santé publique.
Un levier pour la CAVP et une réponse au malaise des adjoints
Pour la CAVP, l’intérêt est évident : renforcer les effectifs de cotisants libéraux afin de préserver la viabilité du régime de retraite. Mais le statut de collaborateur libéral répond aussi à une attente de fond des pharmaciens adjoints, en quête de reconnaissance, d’autonomie et de perspectives de carrière.
Le blocage actuel sur la revalorisation de la grille salariale dans la convention collective accentue le sentiment d’impasse. La réforme du diplôme d’études spécialisées (DES) en pharmacie d’officine, qui entrera en vigueur à l’automne 2025, creuse encore l’écart entre les futurs diplômés et les adjoints actuellement en poste.
Entrée au capital, l’autre verrou à faire sauter
En parallèle, l’USPO demande une révision du plafond de capital social accessible aux adjoints salariés, aujourd’hui limité à 10 %. « Il faut revoir ce taux. Les adjoints veulent aussi s’investir dans l’entreprise officinale dans laquelle ils sont salariés », plaide Pierre-Olivier Variot.
Permettre une montée progressive au capital pourrait favoriser l’ancrage des adjoints dans les officines, renforcer la stabilité des équipes et préparer la relève dans un contexte où l’installation devient de plus en plus complexe.
Un calendrier déjà engagé
Les premières discussions entre les syndicats et la CAVP ont eu lieu avant les vacances d’hiver. Les travaux doivent reprendre mi-avril, une fois les arbitrages sur la financiarisation du secteur rendus.
L’objectif est d’aboutir à une proposition juridiquement solide, fiscalement viable et compatible avec les impératifs de la profession. Des échanges avec les instances ordinales et les pouvoirs publics sont également prévus.
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