Numéro NIR dans le téléservice Asafo : de la poudre aux yeux ?

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Numéro NIR dans le téléservice Asafo : de la poudre aux yeux ?

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Publié le 5 février 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Afin d’améliorer la lutte contre la fraude et de faciliter la vérification des ordonnances suspectes, le téléservice Asafo (fausses ordonnances) fait l'objet d'une mise à jour. Désormais, une recherche directe grâce au numéro d’inscription au répertoire (NIR) est possible. Mais est-ce un progrès aussi considérable que le prétend l'Assurance maladie ?

Le nouveau fonctionnement d’Asafo permet aux pharmaciens de vérifier une ordonnance suspecte en lisant la carte Vitale du patient ou en renseignant directement le numéro NIR dans la rubrique « Identification du patient ». Ce système vise à simplifier le processus de vérification. Si le numéro NIR n’apparaît pas dans la base de données, un message d’erreur s’affichera pour signaler l’absence d’enregistrement. En revanche, si ce NIR a déjà été lié à un signalement, le pharmacien pourra accéder à la liste des ordonnances suspectées de fraude. Selon l’Asurance maladie, cette mise à jour serait une réponse directe aux défis posés par les fausses ordonnances, qui continuent d’affecter le bon fonctionnement des officines.

Une fonctionnalité très limitée

« La communication de l’Assurance maladie sur cette fonctionnalité correspond à la libération d’une V2. Or, historiquement, on pouvait déjà faire une recherche par les NIR dans les filtres du moteur de recherche », explique Valérian Ponsinnet, responsable du numérique et des sujets conventionnels pour la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).

Selon de nombreux pharmaciens, cette fonctionnalité ne répond qu’à un seul cas : celui des patients falsifiant eux-mêmes leurs ordonnances pour accéder à des médicaments, le plus souvent psychotropes. « Ce nouveau dispositif ne permettra pas d’enrayer la problématique de la fraude en bande organisée, toujours très massive pour toutes les officines aussi bien urbaines que rurales », poursuit Valérian Ponsinnet.

Des problèmes persistants

De nombreux problèmes associés à Asafo, repérés dès août 2024 au moment du déploiement de la plateforme sur l’ensemble du territoire, n’ont toujours pas été résolus. Par exemple, selon la « casse » utilisée pour saisir le nom -majuscule ou en minuscule-, la recherche aboutit… ou pas !

Autre difficulté soulevée par les professionnels : l’absence de mise en ligne rapide des ordonnances falsifiées. Certes, si la suspicion de fraude se confirme, le pharmacien peut immédiatement procéder à un signalement mais, « il s’écoule parfois trois semaines entre le moment où nous repérons une fausse ordonnance et celui où l’information est diffusée sur la plateforme. C’est un délai beaucoup trop long, pendant lequel les fraudeurs ont le temps d’agir et d’écumer les officines », souligne Valérian Ponsinnet. Les 6 300 fausses ordonnances enregistrées dans le téléservice Asafo au 31 décembre 2024 seraient-elles une goutte d’eau dans l’océan de falsification auquel l’institution et les officinaux doivent faire face ?

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Les pharmaciens attendent l’ordonnance numérique

Afin de se préserver davantage du phénomène grandissant de la fraude et donc de potentiels risques d’indus, les pharmaciens attendent le déploiement de l’ordonnance numérique. En 2022, date de la signature de la Convention, l’Assurance maladie s’était engagée à une mise en place rapide, voire dans l’année. Las, trois ans plus tard, cette dématérialisation reste trop peu développée. « Aujourd’hui, j’ai de très sérieux doutes sur la capacité du milieu hospitalier à automatiser l’ordonnance numérique avant 2026 », poursuit Valérian Ponsinnet. D’ici ce déploiement espéré, une troisième version d’Asafo est attendue courant 2025. Meilleure ?

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