Une croissance toujours d’exception

Le niveau de croissance est bon. Et il n’a rien de surprenant pour des titulaires qui ont connu pendant l’année 2021 les missions de dépistage et de vaccination contre le Covid-19, avec un mois de décembre en surchauffe. C’est ainsi que les pharmacies ont bouclé leur exercice avec une trésorerie excédentaire de 194,6 k€ (+ 43,8 k€ par rapport à 2020, source : KPMG). « La marge dégagée par les nouvelles missions ne s’étant pas traduite par une augmentation de la rémunération des titulaires, on la retrouve en fin d’exercice dans la trésorerie des officines », explique Emmanuel Leroy, expert-comptable associé, leader national santé de KPMG. Par ailleurs, l’année 2021 a été marquée par le retour à une consommation de soins qui s’est progressivement normalisée après une année 2020 très chaotique en raison des confinements, et ce particulièrement pour les pharmacies de centres commerciaux et de grand passage.

Les pharmacies ont donc pu compter sur une reprise de l’activité traditionnelle et l’indéfectible progression des médicaments chers. « Avec la crise sanitaire, la pharmacie d’officine tient de plus en plus un rôle d’accompagnement de la santé des Français au sens large », constate David Syr, directeur général adjoint de Gers Data.

Ainsi, même pour une grande majorité d’officines n’ayant pas eu recours aux tests antigéniques et à la vaccination anti-Covid-19, « toutes les catégories de pharmacies progressent, quelle que soit leur situation géographique ou leur taille », signale Joël Lecoeur, expert-comptable du cabinet LLA et président de CGP. Un bilan toutefois à nuancer. « Nous constatons de fortes disparités d’une pharmacie à une autre, les officines dont le chiffre d’affaires hors taxes (CA HT) est inférieur à 1,5 M€ enregistrent une évolution d’activité plus modérée compte tenu de la difficulté pour elles de mettre en place les nouvelles missions, faute de locaux adaptés et de main-d’œuvre suffisante », indique-t-il. « En retraitant les nouvelles missions liées au Covid-19, la progression reste soutenue (+ 4,9 %) », observe Emmanuel Leroy. Preuve que l’économie de l’officine reste toujours tributaire des volumes et de la prescription médicale.

2022 garantit une belle progression

En matière de progression d’activité, l’année 2022 sera également un très bon millésime. Sur les huit premiers mois écoulés, le CA HT global augmente de 10,18 % (ventes + prestations), selon les dernières données du cabinet LLA. Avec les tests antigéniques et la vaccination en début d’année, le CA des missions « Covid-19 » a progressé de 158,54 % en cumul fixe arrêté au 31 août. De fait, les indicateurs clés de l’officine (CA, marge, rentabilité) devraient se maintenir largement dans le vert en dépit de l’inflation. « Attention cependant à ne pas sombrer dans un optimisme qui éclipserait l’enjeu de la préservation de la rémunération officinale », avertit Emmanuel Leroy.

CONTRIBUTEURS

EMMANUEL LEROY (KPMG)

DAVID SYR (Gers Data)

L’analyse

Malgré l’évolution spectaculaire de l’activité en 2021, 20 % des officines analysées par Fiducial voient leur chiffre d’affaires (CA) diminuer en moyenne de 3,8 %, alors que les 80 % restantes enregistrent une hausse moyenne de 8,6 %. Elles correspondent aux pharmacies qui, faute d’espace, de moyens ou d’effectifs, n’ont pas réalisé les vaccins anti-Covid-19 et les tests antigéniques.