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Sachets de nicotine : une consommation loin d’être sans risque
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) alerte sur les dangers des sachets de nicotine, en particulier chez les adolescents. Retour sur un produit non réglementé en France, dont l’usage s’étend rapidement.
Présentés comme une alternative au tabac fumé, ces sachets, aussi appelés « snus », se placent entre la gencive et la lèvre. La nicotine est alors directement absorbée par les muqueuses buccales, ce qui permet un passage rapide dans la circulation sanguine et une action directe sur le cerveau via le système de récompense. Ce mode d’administration par diffusion favorise une dépendance rapide et marquée. De plus, leur format discret et leur goût aromatisé en font des produits attractifs.
Discret mais fort
Contrairement aux idées reçues, ces produits peuvent être très fortement dosés : entre 3 et 20 mg de nicotine par sachet, soit jusqu’à 10 fois la dose absorbée d’une cigarette classique (environ 1 à 2 mg). Leur utilisation peut entraîner une série d’effets indésirables plus ou moins sévères : nausées, vomissements, palpitations, douleurs abdominales, mais aussi rétraction irréversible des gencives, lésions buccales et, à long terme, un risque de cancers oraux et du pancréas.
À cela s’ajoute une composition chimique préoccupante. Ces sachets contiennent plusieurs substances toxiques ou cancérogènes : composés nitrosés, hydrocarbures aromatiques polycycliques, radionucléides, formaldéhyde et autres composés organiques volatils.
Les adolescents, premiers exposés
Depuis 2023, l’ANSES signale une recrudescence d’intoxications liées à ces produits. Sur la période 2017-2022, plusieurs cas sévères d’adolescents âgés de 12 à 17 ans ont été recensés : vomissements prolongés, convulsions, troubles de la conscience, hypotension. Les chiffres de 2023 et 2024 confirment cette dynamique préoccupante : les centres antipoison ont enregistré 90 signalements en lien avec les sachets de nicotine, dont plus de la moitié (54 %) concernait des adolescents. Dans 65 % des cas, la consommation avait lieu en groupe, en milieu scolaire. Parmi eux, onze jeunes ont présenté une intoxication sévère nécessitant une hospitalisation. Ces chiffres sont probablement sous-estimés, de nombreux cas n’étant pas déclarés ou pris en charge en dehors du circuit des centres antipoison.
Un encadrement juridique en cours
En Europe, le snus est interdit à l’exception de la Suède. Ils échappent à la directive européenne 2014/40/UE sur les produits du tabac. Ils ne sont pas encadrés par la législation française, et leur commercialisation se fait principalement en ligne.
Un projet de décret visant à interdire la vente de produits à usage oral contenant de la nicotine est en cours de consultation auprès de la Commission européenne. Parallèlement, une proposition de loi déposée en juin 2025 vise à mieux encadrer ces nouveaux vecteurs de consommation de nicotine, en particulier chez les jeunes.
Enfin, l’ANSES attire l’attention sur l’émergence de sachets dits « sans nicotine », qui contiendraient en réalité des substances analogues, telles que la 6-méthylnicotine ou la métatine. Leur profil toxicologique reste encore très mal documenté, soulevant de nouvelles interrogations sanitaires.
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