Pharmacovigilance : les erreurs médicamenteuses en hausse

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Pharmacovigilance : les erreurs médicamenteuses en hausse

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Publié le 8 septembre 2025
Par Ophélie Milert
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L’ANSM confirme la progression des signalements d’effets indésirables, tous domaines confondus en 2024. Mais des écarts sont à noter, entre hausse marquée des cas graves et recul des déclarations de patients.

Publié le 4 septembre 2025, le rapport d’activité de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) met en évidence une dynamique de hausse des signalements dans les différents domaines de vigilance, dans le prolongement de la tendance observée depuis la pandémie de Covid-19. En 2024, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) ont enregistré une hausse des cas d’effets indésirables médicamenteux. La tendance concerne également les cas graves. Parallèlement, le nombre de cas marquants (des signalements jugés suffisamment graves ou atypiques pour déclencher une analyse approfondie) est en baisse, tout comme les mesures de réduction du risque mises en œuvre.

12 500 signalements émanant de pharmaciens

Les centres régionaux ont enregistré 60 003 cas de pharmacovigilance en 2024, contre 58 996 en 2023 (+ 1,7 %). Les cas graves progressent également, passant de 31 288 à 33 779 (+ 7,96 %). En revanche, les déclarations émanant directement de patients reculent nettement (- 17,3 %). À noter que le rapport 2024 ne distingue plus les signalements liés aux vaccins anti-Covid-19, contrairement à celui de 2023. Cette différence de présentation met en évidence que la forte participation des patients en 2023 était portée par les déclarations liées à la vaccination anti-Covid-19, désormais en recul.

En addictovigilance, les notifications augmentent de 14 % (8 234 en 2024 contre 7 225 en 2023). Les erreurs médicamenteuses suivent une dynamique encore plus marquée, avec 4 349 signalements en 2024 contre 3 075 en 2023 (+ 41 %).

La matériovigilance bondit à 32 601 signalements en 2024 (26 722 en 2023, + 22 %). À l’inverse, la réactovigilance est en léger repli, avec 1 535 signalements en 2024 contre 1 642 en 2023 (- 6,5 %). L’hémovigilance reste quasi stable chez les receveurs (9 598 cas en 2024 contre 9 650 en 2023, – 0,5 %). Chez les donneurs en revanche, le périmètre ayant changé, seuls les cas graves sont désormais comptabilisés : 141 en 2024 contre 7 993 en 2023, ce qui se traduit mécaniquement par une baisse de 98 %.

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Toutes vigilances confondues, les pharmaciens ont transmis plus de 12 500 signalements en 2024, contre un peu plus de 12 000 en 2023. Ils se maintiennent ainsi au troisième rang des contributeurs derrière les laboratoires pharmaceutiques et les médecins, mais devant les patients et les autres professionnels de santé.

Une vigilance à dimension internationale

La France conserve un rôle au niveau européen et mondial en termes de pharmacovigilance. Elle siège au Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne du médicament (EMA), où plusieurs dossiers majeurs ont été examinés en 2024.

Elle contribue aussi activement à la base mondiale de l’Organisation mondiale de la santé, VigiBase, représentant environ 2,5 % des cas rapportés dans le monde, ce qui en fait la première contributrice européenne et la septième mondiale.

Comment signaler un effet indésirable ?

Tout professionnel de santé, tout patient ou toute association peut signaler un effet indésirable, une erreur médicamenteuse ou un cas d’abus.

La déclaration se fait directement en ligne via le portail national : signalement.social-sante.gouv.fr.

Les informations sont transmises aux CRPV, qui analysent les cas et, si nécessaire, alertent l’ANSM afin de déclencher des mesures de sécurité.