Insecticide Sniper : l’interdit qui continue d’empoisonner

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Insecticide Sniper : l’interdit qui continue d’empoisonner

Publié le 17 septembre 2025
Par Ophélie Milert

L’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France alerte sur l’insecticide Sniper, interdit depuis plusieurs années mais toujours utilisé contre les punaises de lit. Ce produit hautement toxique est à l’origine d’intoxications graves, parfois mortelles.

Bien que le dichlorvos, la substance active du Sniper, soit interdit dans l’Union européenne depuis 2007 comme pesticide et depuis 2013 comme biocide, il continue de circuler sous différentes appellations, telles que Sniper 1 000 EC DDVP ou Shooter 1 000 EC DDVP. Principalement importés, ces produits se retrouvent encore sur certains marchés ou en vente en ligne, utilisés contre les infestations de punaises de lit. Depuis la fin août, l’ARS Île-de-France constate une hausse préoccupante des cas d’intoxication, dont plusieurs mortels.

Des signalements en augmentation

Selon l’ARS Île-de-France, les chiffres de 2025 témoignent d’une double hausse inquiétante :

  • 15 alertes recensées depuis le début de l’année, dont 11 depuis juillet, contre seulement 5 sur toute l’année 2024.
  • 21 passages aux urgences déjà enregistrés alors que l’année n’est pas terminée, soit presque le double des 11 cas comptabilisés en 2024.

Des intoxications non négligeables

La base de données toxicologiques de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) rappelle que le dichlorvos est un liquide incolore à ambré, d’odeur aromatique faible. Appartenant à la famille des organophosphorés, il agit comme un inhibiteur puissant des cholinestérases, entraînant un syndrome cholinergique. Il est hautement toxique, voire mortel, quelle que soit la voie d’exposition : inhalation, contact cutané ou ingestion.

L’intoxication se traduit par :

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  • des troubles respiratoires et oculaires qui apparaissant dès les premières minutes après inhalation : dyspnée, myosis, vision brouillée, larmoiement, pouvant évoluer vers une perte de connaissance.
  • des troubles digestifs précoces (15 minutes à 2 heures après ingestion) : nausées, vomissements, hypersalivation, crampes abdominales, diarrhées.
  • des signes neurologiques et neuromusculaires : faiblesse, fasciculations, tremblements, convulsions, pouvant aller jusqu’au coma et à la paralysie respiratoire.
  • des manifestations cutanées : réactions irritatives ou allergiques, parfois sévères.

Au-delà de ses effets sur l’Homme, le dichlorvos présente également une toxicité élevée pour l’environnement, notamment pour les organismes aquatiques.

En cas d’exposition

Il est nécessaire d’appeler :

  • le 15 ou,
  • le numéro téléphonique national des centres antipoison : 01 45 42 59 59.