Benzodiazépines : stop aux mauvaises habitudes

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Benzodiazépines : stop aux mauvaises habitudes

Publié le 10 avril 2025
Par Mathilde Combel
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En France, les benzodiazépines sont toujours très prescrites et sur des durées trop longues. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) lance ce 10 avril une campagne de sensibilisation, visant à promouvoir le bon usage de cette classe médicamenteuse. Les cibles ? Principalement les jeunes, les seniors et les professionnels de santé.

Des chiffres qui interpellent chez les jeunes et les seniors

Avec 9 millions de patients traités par des benzodiazépines en 2024, la France est le 2e pays le plus consommateur en Europe. La tendance observée est une baisse de la consommation des benzodiazépines depuis une dizaine d’années, de l’ordre de 5 %. Cependant, un phénomène nouveau se dessine : l’augmentation des prescriptions chez les jeunes, et plus particulièrement les femmes, de 18 à 25 ans, pour des troubles anxieux, souvent sans conscience des risques associés.

De plus, 40 % des prescriptions de benzodiazépine excèdent les durées de traitement préconisées, notamment chez les personnes âgées de plus de 65 ans, accentuant les risques de survenue d’effets indésirables.

Des messages spécifiques pour chaque population ciblée

Les jeunes adultes, entre 18 et 25 ans, sont très souvent mal informés sur les effets indésirables des benzodiazépines. Le risque de dépendance, l’altération de la capacité de conduite ou la majoration de ses effets en cas de consommation d’alcool associée leur sont peu connus. La majorité des accidents de la route sont d’ailleurs liés aux benzodiazépines.

Chez les plus de 65 ans, qui restent les plus grands consommateurs, les effets indésirables peuvent avoir des conséquences particulièrement graves. Plus le traitement se prolonge, plus ces risques s’accentuent. Chutes, troubles de la mémoire, accoutumance et dépendance figurent parmi les complications les plus fréquentes dans cette tranche d’âge. Il est donc essentiel de leur rappeler que ces médicaments ne doivent être utilisés que sur une durée limitée : de quelques jours à trois semaines pour traiter l’insomnie, et au maximum douze semaines pour l’anxiété.

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En ce qui concerne les professionnels de santé, cette campagne s’adresse tout d’abord aux médecins, en particulier aux généralistes, à l’origine de 75 % des prescriptions de benzodiazépines en ville. Les pharmaciens d’officine, derniers interlocuteurs avant la délivrance, sont également concernés car ils jouent un rôle déterminant. Les 5 messages clés de la campagne sont les suivants :

  • en première intention dans le traitement de l’insomnie ou de l’anxiété, des alternatives non médicamenteuses doivent être envisagées : hygiène de vie, activité physique, relaxation ou prise en charge psychothérapeutique ;
  • les benzodiazépines ne sont que des traitements symptomatiques. Ils ne doivent pas être considérés comme une solution unique, ni comme un traitement de première intention :
  • les traitements doivent rester courts, quelques jours à trois semaines pour l’insomnie et jusqu’à douze semaines pour l’anxiété. Les nouveaux petits conditionnements (4 à 7 comprimés) permettent d’en limiter l’usage ;
  • les risques tels que la somnolence, l’altération de la conduite, les troubles de la mémoire, les chutes et la dépendance sont à évoquer lors de la prescription et de la délivrance ;
  • l’arrêt du traitement doit être anticipé dès la prescription, avec, si possible, un rendez-vous de suivi déjà programmé à court terme.

Campagne 2.0 : affiches, vidéos et influenceurs

Pour relayer ces messages, l’ANSM lance une campagne s’appuyant sur plusieurs outils de communication : des affiches valorisant les alternatives non médicamenteuses comme la lecture, la méditation ou encore l’activité physique ; des brochures à destination du public et des professionnels ; ainsi que des vidéos de sensibilisation. En complément, des partenariats ont été établis avec des créateurs de contenus, comme le Dr WhyDoc sur YouTube. Cinq influenceurs interviendront au fil des 5 prochaines semaines pour amplifier l’impact de la campagne sur les réseaux sociaux (Instagram et TikTok), avec des rappels réguliers tout au long de l’année.

Pour les pharmaciens d’officine, cette campagne est une opportunité pour renforcer les bonnes pratiques autour de la dispensation des benzodiazépines. Ils contribuent directement à la sécurité des patients et à la lutte contre le mésusage. Les outils de communication de la campagne sont accessibles en téléchargement sur le site lesmedicamentsetmoi.fr et à la commande sur le site du Cespharm.