Chondroïtine : comment bien la conseiller dans l’arthrose ?

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Chondroïtine : comment bien la conseiller dans l’arthrose ?

Publié le 1 juin 2025
Par Nathalie Belin
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Faisant partie des antiarthrosiques symptomatiques d’action lente, la chondroïtine sulfate a récemment montré une certaine efficacité pour une dose quotidienne de 800 mg, conforme aux quantités autorisées dans les compléments alimentaires. Un regain d’intérêt qui ne doit pas faire oublier les précautions d’emploi à respecter.

La chondroïtine sulfate est un glycosaminoglycane présent dans les tissus conjonctifs. Elle est synthétisée par l’organisme à partir de glucosamine. Ces composés assurent, entre autres, la structure et l’élasticité du cartilage, des tendons et de la peau.

Elle intervient dans la synthèse des protéoglycanes, composants du cartilage, et inhiberait des enzymes protéolytiques et d’autres facteurs qui contribuent à la détérioration du cartilage. Elle présente également une activité anti-inflammatoire.

Elle fait partie des antiarthrosiques symptomatiques d’action lente.

La chondroïtine sulfate est présente dans des médicaments indiqués dans le traitement symptomatique à effet différé de l’arthrose de la hanche et du genou (800 à 1 200 mg par jour) et a obtenu récemment une indication dans l’arthrose de la main (800 mg par jour). Elle se trouve également dans des compléments alimentaires pour lesquels aucune allégation santé n’est à ce jour retenue.

Chondroïtine : que disent les études ?

Son efficacité a été évaluée dans de nombreuses études cliniques, parfois en association avec la glucosamine. Bien que les effets obtenus soient modestes, certaines études suggèrent des bénéfices sur les douleurs, le périmètre de marche et une amélioration de la qualité de vie. D’autres pointent des biais ou constatent l’absence de bénéfice significatif.

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En 2015, une méta-analyse Cochrane conclut à un bénéfice léger à modéré de la chondroïtine seule ou associée à la glucosamine sur le court terme, cependant les études sont jugées globalement de faible qualité. Ces résultats, montrant dans tous les cas des effets minimes et uniquement symptomatiques, ont conduit au déremboursement des antiarthrosiques symptomatiques d’action lente en 2013.

En 2017, un essai randomisé compare la chondroïtine (800 mg par jour) à un placebo et au célécoxib (200 mg par jour) chez des patients atteints d’arthrose du genou. Il montre une diminution statistiquement significative de la douleur sur 6 mois versus placebo et l’absence de différence avec le groupe sous anti-inflammatoire non stéroïdien.

Dans l’arthrose des mains, les études sont moins nombreuses mais pointent également un bénéfice léger de la chondroïtine (800 mg par jour) sur les douleurs versus placebo.

Quels sont les effets indésirables ?

La tolérance est globalement bonne. Les effets indésirables rapportés avec les médicaments sont des troubles digestifs (douleurs abdominales, dyspepsies) ou cutanés (érythème, rash), qui restent rares, voire des réactions allergiques (très rares) incluant des œdèmes de Quincke.

Concernant les compléments alimentaires renfermant de la chondroïtine sulfate seule, le dispositif de nutrivigilance relève des troubles digestifs (nausées, vomissements) et dermatologiques (érythème, urticaire, eczéma). Moins fréquemment, des troubles d’ordre hépatobiliaire sont signalés avec les compléments alimentaires qui combinent glucosamine et chondroïtine.

Quelles sont les doses préconisées et les précautions ?

Il est recommandé de ne pas dépasser la dose journalière de 900 mg par jour dans les compléments alimentaires. Un effet bénéfique n’apparaît généralement qu’au bout de 2 mois et peut se maintenir plusieurs semaines à l’arrêt du traitement.

L’utilisation chez la femme enceinte ou allaitante est déconseillée faute de données. La prudence est requise chez les patients insuffisants hépatiques.

Associations fréquentes

Dans les compléments alimentaires, la chondroïtine sulfate est fréquemment associée à la glucosamine qui fait l’objet de plus de précautions : elle peut perturber la glycémie chez des patients diabétiques ou prédiabétiques, exacerber des symptômes d’asthme, interagir avec les antivitamines K.

Des plantes faisant par ailleurs aussi l’objet de précautions d’emploi peuvent également être présentes (harpagophytum, saule, curcuma, etc.).

Les autorités préconisent de privilégier les formulations les plus simples et de veiller à ne pas cumuler plusieurs références (y compris des médicaments éventuellement prescrits).

Sources : « Clinical efficacy and safety of glucosamine, chondroitin sulphate, their combination, celecoxib or placebo taken to treat osteoarthritis of the knee: 2-year results from Gait », Annals of the Rheumatic Diseases, 2010 ; « Chondroitin for osteoarthritis », Cochrane, 2015 ; « Pharmaceutical-grade chondroitin sulfate is as effective as celecoxib and superior to placebo in symptomatic knee osteoarthritis: the chondroitin versus celecoxib versus placebo trial (Concept) », Annals of the Rheumatic Diseases, 2017 ; « Symptomatic effects of chondroitin 4 and chondroitin 6 sulfate on hand osteoarthritis: a randomized, double-blind, placebo-controlled clinical trial at a single center », Arthritis & Rheumatology Journal, 2011 ; avis de l’Anses, saisine n° 2015-SA-0069, 2019 ; base de données publique des médicaments ; Clickadoc.