Gagner ses galons

L’industrie pharmaceutique a su tirer son épingle du jeu. Une fois de plus, pourrait-on dire. La crise sanitaire a en effet renforcé la confiance tant de la population française (62 %) que des professionnels de santé (90 % des officinaux). Plus de 8 Français interrogés sur 10 prennent leurs médicaments les yeux fermés et ils sont 73 % à faire confiance aux vaccins, montre l’observatoire sociétal du médicament*, publié le 15 février.

On peut également saluer là le véritable travail de l’ombre qu’exercent les pharmaciens pour rassurer leurs patients face aux ruptures de stocks et faire en sorte qu’ils ne s’aperçoivent de rien ou presque en leur apportant une solution. Ces patients ne sont que 27 % à éprouver une difficulté à se procurer les médicaments dont ils ont besoin. Alors que 51 % des pharmaciens se plaignent de la situation. Une préoccupation que partagent d’ailleurs peu les généralistes (seuls 30 % estiment que l’accès aux médicaments n’est pas simple), les praticiens hospitaliers (20 %) et les élus (14 %). Tout va donc très bien, monsieur le pharmacien ? Dans ce concert de louanges, chacun a bien conscience que la France est dépendante en matière de production de médicaments et d’approvisionnement (77 %). Et que le pays n’investit pas assez dans le secteur pour faire face à une éventuelle prochaine crise sanitaire. Enfin, ceux qui se taillent une réputation de « jamais contents » – à moins qu’ils n’aient un esprit critique plus développé que la moyenne – pensent que l’industrie pharmaceutique ne propose pas toujours des médicaments à des prix justes et adaptés (56 %), qu’elle ne place pas les patients au cœur de ses priorités (61 %), voire qu’elle ne lutte pas efficacement contre les pénuries (63 %). Eux, ce sont les médecins, en particulier les jeunes praticiens.

* Enquête réalisée fin décembre 2022 auprès d’un échantillon de 1 500 personnes âgées de 18 ans et plus, représentatif de la population française, et de 306 professionnels de santé, dont 102 médecins généralistes, 102 médecins spécialistes hospitaliers et 102 pharmaciens. Avec un suréchantillon de 53 médecins de moins de 35 ans.