Les anti-H 1 antiallergiques

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Publié le 16 décembre 2017 | modifié le 1 janvier 2025
Par Maïtena Teknetzian
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Les antihistaminiques H 1 de 2 e génération, moins sédatifs que les molécules de 1 re génération et sans effet anticholinergique, sont utilisés en première intention dans les manifestations allergiques. Cependant l’utilisation de certains d’entre eux doit prendre en compte le risque d’allongement de l’espace QT.

MÉCANISME D’ACTION

Blocage des récepteurs H1

Les anti-H1 s’opposent par antagonisme plus ou moins réversible aux effets de l’histamine sur la peau, les vaisseaux et les muqueuses. On distingue ceux de 1re génération, antagonistes des récepteurs H1 centraux et périphériques, à effet sédatif et présentant des propriétés anticholinergiques, et ceux de 2e génération, sélectifs des récepteurs H1 périphériques, pas ou peu sédatifs et dépourvus d’effet anticholinergique aux doses préconisées.

Les anti-H1 de 1re génération sont des antagonistes compétitifs (effet surmontable en présence de forte concentration d’histamine), tandis que les anti-H1 de 2e génération sont des antagonistes non compétitifs. Ceci explique l’action prolongée de ces derniers permettant une administration en 1 à 2 prises par jour, au lieu de 2 à 4 pour ceux de 1re génération, et leur efficacité même en cas de concentration élevée d’histamine.

INDICATIONS

Allergies cutanéomuqueuses

Formes systémiques : elles sont notamment indiquées dans les rhinoconjonctivites allergiques, les urticaires aiguës, les prurits allergiques.

Formes locales : l’azélastine est utilisée par voie nasale (Allergodil) dans la rhinite allergique, et en collyre (Allerdual, Allergodil) dans la conjonctivite allergique tout comme la lévocabastine (Allergiflash, Lévofree, Lévophta). Des topiques cutanés (diphénhydramine, Butix ; prométhazine, Phénergan) sont indiqués dans le traitement du prurit en cas de piqûres d’insectes ou d’urticaire.

PHARMACOCINÉTIQUE

Solubilité différente

Les molécules de 1re génération, liposolubles, passent bien la barrière hémato-encéphalique. Les anti-H1 de 2e génération sont plus hydrophiles et passent difficilement la barrière hémato-méningée, raison pour laquelle ils sont moins sédatifs.

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EFFETS INDÉSIRABLES

Tolérance variable

Les anti-H1 de 1re génération exposent au risque de somnolence ou plus rarement d’excitation paradoxale, d’hypotension orthostatique, de troubles moteurs (tremblements…) et d’effets atropiniques périphériques (mydriase, troubles de l’accommodation, sécheresse buccale, constipation, dysurie, rétention urinaire) et centraux (confusion, désorientation, troubles mnésiques). Les molécules de structure phénothiazine (alimémazine, méquitazine, prométhazine) exposent au risque de photosensibilisation, de leucopénie, voire d’agranulocytose.

Les anti-H1 de 2e génération peuvent être responsables de céphalées, vertiges ou asthénie. Une somnolence est possible chez certains patients.

Certains anti-H1 de 1re génération (hydroxyzine, méquitazine) ou 2e génération (ébastine, mizolastine) peuvent allonger l’espace QT et favoriser la survenue de torsades de pointe. Des molécules de 1re génération (comme la cyproheptadine et le kétotifène) ou de 2e génération (mizolastine, bilastine, rupatadine, cétirizine, lévocétirizine) peuvent favoriser une prise de poids.

Tous peuvent induire des réactions d’hypersensibilité.

PRINCIPALES CONTRE-INDICATIONS

Liées aux effets atropiniques ou torsadogènes

Pour les molécules de 1re génération (sauf le kétotifène qui a des effets anticholinergiques moins marqués) : risques de glaucome par fermeture de l’angle et de rétention urinaire (troubles urétro-prostatiques).

Pour les phénothiazines : antécédents d’agranulocytose liée aux phénothiazines, nourrissons de moins de 1 ou 2 ans (car suspectées d’augmenter le risque de mort subite du nourrisson).

Pour les molécules allongeant le QT : QT long, hypokaliémie, bradycardie.

Selon le CRAT*, cétirizine, lévocétirizine, loratadine, desloratadine, fexofénadine sont utilisables au cours de la grossesse et de l’allaitement ; l’azélastine uniquement au cours de l’allaitement.

PRINCIPALES INTERACTIONS

Dues au risque torsadogène

Méquitazine, hydroxyzine, mizolastine : contre-indiquées ou déconseillées avec d’autres torsadogènes (dompéridone, citalopram, antiarythmiques…). Méquitazine (métabolisée par le CYP 2D6) : déconseillée avec de nombreux médicaments inhibant son métabolisme (duloxétine, fluoxétine, paroxétine, bupropion, cinacalcet, terbinafine…).

Inhibiteurs puissants du CYP 3A4 (kétoconazole, itraconazole, érythromycine, clarithromycine…) : contre-indiqués avec la mizolastine et déconseillés avec l’ébastine. La prudence s’impose avec la rupatadine. Cette dernière ne doit pas être prise avec du jus de pamplemousse.

Prise d’alcool : déconseillée avec les anti-H1 de 1re génération.

  • Sources : « Antihistaminiques H 1 », Collège national de pharmacologie médicale, 31 mai 2017, pharmacomedicale.org ; « Antihistaminiques H 1 », pharmacorama.com ; « Rhinite allergique », Vidal recos, 21 novembre 2017, vidal.fr ; Guide pharmaco clinique, G. Willoquet et R. Gervais, 5 e édition ; Guide des interactions médicamenteuses 2017, Prescrire, mars 2017.

Certaines molécules de 1re génération ont aussi des indications :
– Antitussives (alimémazine, oxomémazine, prométhazine, piméthixène)
– Antiémétiques ou antinaupathiques (diménhydrinate, diphénydramine, méclozine – également indiquée dans le traitement de la crise de vertiges)
– Sédatives (doxylamine, prométhazine) ou en prémédication anesthésique (alimémazine, hydroxyzine)
– Comme décongestionnant nasal (phéniramine, chlorphéniramine).