Douleurs : bien dispenser le tramadol

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Douleurs : bien dispenser le tramadol

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Publié le 17 juin 2025
Par Marianne Maugez
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Le tramadol est un analgésique opioïde à action centrale qui agit comme agoniste pur et non sélectif des récepteurs morphiniques μ, δ et k. Il inhibe également la recapture neuronale de la sérotonine et de la noradrénaline, ce qui explique ses potentielles interactions médicamenteuses.

Bon usage du traitement

Le tramadol est indiqué dans le traitement des douleurs modérées à intenses chez l’adulte (gélules à libération immédiate et gélules à libération prolongée sur 12 ou 24 heures) et l’enfant à partir de 3 ans (solution buvable). Comme pour tous les traitements antalgiques, la posologie doit être adaptée à l’intensité de la douleur et à la réponse clinique.

Chez l’adulte, la posologie recommandée est de 50 à 100 mg toutes les 4 à 6 heures sans dépasser 400 mg par 24 heures.

Chez l’enfant, la posologie dépend du poids du patient et varie de 1 à 2 mg/kg sans aller au-delà de 40 gouttes par prise (l’équivalent de 100 mg de tramadol), à renouveler 3 à 4 fois par jour en respectant un intervalle de 6 à 8 heures entre les prises.

En cas d’insuffisance rénale ou hépatique, il convient de rallonger le temps d’attente entre les prises en raison du possible retard d’élimination de la molécule.

Vigilance

L’utilisation répétée de tramadol peut entraîner une accoutumance et une dépendance physique et psychologique et un trouble de l’usage d’opioïdes. Chez les patients considérés à risque de développer ces troubles (antécédents personnels ou familiaux de troubles liés à la consommation de substances, y compris l’alcoolisme, antécédents personnels de problèmes de santé mentale), le traitement doit se faire sous surveillance médicale étroite.

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La prescription concomitante avec des sédatifs tels que les benzodiazépines ou d’autres médicaments apparentés augmente le risque de somnolence, de dépression respiratoire et peut conduire à un coma, voire à la mort.

Le tramadol est susceptible d’accroître le risque de convulsions chez les patients prenant d’autres produits qui abaissent le seuil épileptogène. Son utilisation est contre-indiquée chez les patients épileptiques non correctement contrôlés par un traitement.

L’utilisation concomitante du tramadol avec des médicaments sérotoninergiques tels que les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline, les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO), les antidépresseurs tricycliques et la mirtazapine entraîne parfois un syndrome sérotoninergique.

Prévenir les effets indésirables

L’arrêt brutal du traitement peut entraîner un syndrome de sevrage (anxiété, agitation, douleurs, tremblements, sueurs et troubles digestifs) lors d’une utilisation prolongée à dose élevée. Encourager un arrêt progressif des doses.

L’utilisation du tramadol est contre-indiquée ou déconseillée chez les patients traités simultanément ou qui l’ont été dans les 14 jours précédents par IMAO. Si un traitement concomitant avec d’autres molécules sérotoninergiques est justifié, une vigilance particulière est recommandée lors de l’instauration des prises et en cas d’augmentation des doses. Le patient doit être informé des symptômes du syndrome sérotoninergique (notamment nausées, agitation, comportement agressif, paresthésies, confusion, tremblements).

À dire au patient

Même en respectant les recommandations, le tramadol peut entraîner des effets de type somnolence, vertiges, et peut donc diminuer les réactions des conducteurs de véhicules.

Une nouvelle législation

Depuis le 1er mars 2025, les médicaments contenant du tramadol (seul ou en association) sont désormais assimilés stupéfiants. Ils doivent être prescrits sur une ordonnance sécurisée, en inscrivant en toute lettre le dosage, la posologie et la durée du traitement.

Ce changement de réglementation est justifié par la nécessité de sécuriser l’utilisation des médicaments opioïdes et de réduire les risques de mésusage, de dépendance, d’abus et de surdosage associés à leur consommation.

Pour rappel, la durée maximale de prescription du tramadol est de 12 semaines depuis avril 2020.