- Accueil ›
- Thérapeutique ›
- Médicaments ›
- Mieux délivrer ›
- Benzodiazépines : l’entrée en Ehpad favorise leur usage prolongé
© Getty Images
Benzodiazépines : l’entrée en Ehpad favorise leur usage prolongé
Une étude montre que l’entrée en Ehpad est associée à un risque de prescription inappropriée de benzodiazépines. Les pharmaciens d’officine peuvent réaliser pour les résidents des bilans partagés de médication à partir desquels les prescripteurs sont incités à réévaluer les traitements.
La moitié de l’environnement des résidents est concernée par une prescription inappropriée (PPI) au sein des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Ces prescriptions portent principalement sur les benzodiazépines, soit des spécialités anxiolytiques ou hypnotiques. Les PPI se caractérisent par des traitements qui deviennent chroniques (se poursuivant au-delà de trois mois) et par un recours à des molécules à durée d’action longue.
Une étude récente* de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) montre que l’entrée en Ehpad constitue un risque de PPI, marqué par une augmentation significative (10 points) de ces ordonnances inappropriées, en particulier pour ce qui concerne les benzodiazépines. Cette augmentation est enregistrée pour les résidents non traités auparavant, principalement au cours des six mois qui suivent l’admission et souvent sans remise en question par la suite. Elle porte davantage sur les anxiolytiques (+ 6 points) que sur les hypnotiques (+ 1,5 point). Avant l’entrée dans l’établissement, la moitié des personnes bénéficie déjà d’une prescription de benzodiazépines. Certains facteurs semblent influencer le risque de PPI. Les Ehpad qui disposent d’une proportion plus élevée d’infirmiers ou qui sont rattachés à un hôpital public présentent une augmentation des prescriptions moins importante au moment de l’entrée.
L’étude suggère de réévaluer les prescriptions dans les six mois qui suivent l’entrée du résident. Cette intervention doit s’appuyer sur une action pluridisciplinaire. Les médecins seront incités financièrement à partir de janvier prochain à la déprescription des traitements pour les patients âgés de plus de 80 ans et recevant au moins dix lignes de traitement. Cette réévaluation doit s’appuyer sur les bilans partagés de médication, qui ont été adaptés pour être menés par les pharmaciens d’officine dans les établissements. La démarche peut être initiée par le médecin traitant du résident ou le médecin coordonnateur de l’Ehpad, dont la mission de suivi médical et de prescription a été renforcée par un décret en date du 4 septembre dernier. La réduction de ces PPI passe également par l’aménagement d’espaces d’accueil pour les personnes atteintes de troubles cognitifs et la présence de psychologues. « Pour les troubles du sommeil, il peut s’agir d’éliminer les sources de lumière et de bruit pendant la nuit, d’encourager la pratique d’une activité physique et la relaxation ou encore de mettre en place une routine apaisante au moment du coucher », encourage la Drees.
* Menée auprès de 443 434 résidents entrés en Ehpad entre 2016 et 2017 via les bases SNDS et Resid-ESMS. Comparaison des prescriptions 2 ans avant et 2 ans après l’entrée.
- Comptoir officinal : optimiser l’espace sans sacrifier la relation patient
- Reishi, shiitaké, maitaké : la poussée des champignons médicinaux
- Budget de la sécu 2026 : quelles mesures concernent les pharmaciens ?
- Cancers féminins : des voies de traitements prometteuses
- Vitamine A Blache 15 000 UI/g : un remplaçant pour Vitamine A Dulcis