Omjjara, traitement de la splénomégalie dans la myélofibrose

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Omjjara, traitement de la splénomégalie dans la myélofibrose

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Publié le 9 septembre 2025
Par Ophélie Milert
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Le laboratoire GSK lance un médicament orphelin indiqué en hématologie pour le traitement de la splénomégalie ou d’autres symptômes associés à la myélofibrose. Omjjara (momélotinib) se décline en 3 dosages : 100 mg, 150 mg et 200 mg. Disponible à l’hôpital et en ville, il est remboursable à 30 %.

Indications

Indiqué dans le traitement de la splénomégalie ou des symptômes liés à la maladie, chez les patients adultes présentant une anémie modérée à sévère et atteints de myélofibrose primitive, de myélofibrose secondaire à une polyglobulie de Vaquez ou une thrombocytémie essentielle, qui n’ont jamais reçu d’inhibiteur de Janus kinase (JAK) ou qui ont été traités par le ruxolitinib.

Mode d’action

L’inhibition sélective des enzymes JAK1 et JAK2 induit une réduction de l’inflammation liée à la production anormale de cellules sanguines. Cette action diminue la splénomégalie et atténue les symptômes de la myélofibrose.

L’inhibition de l’activité de la protéine ACVR1, impliquée dans la régulation du taux de fer dans l’organisme, permet une plus grande disponibilité du fer pour la production de globules rouges et peut atténuer l’anémie.

Posologie

La dose recommandée est de 200 mg 1 fois par jour. La posologie peut être adaptée en fonction de la survenue d’effets indésirables.

Omjjara ne doit pas être utilisé en association avec d’autres inhibiteurs de JAK.

Contre-indications

Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients (lactose).

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Grossesse et allaitement.

Grossesse et allaitement

Omjjara est contre-indiqué pendant la grossesse et l’allaitement. Si la patiente tombe enceinte pendant qu’elle prend ce médicament, elle doit interrompre le traitement et être informée du risque pour le fœtus.

Effets indésirables

La diarrhée, la thrombopénie, les nausées, les maux de tête, les sensations vertigineuses, la fatigue, l’asthénie, les douleurs abdominales et la toux. 

Interactions médicamenteuses

Le momélotinib est principalement métabolisé par le cytochrome P450 (CYP) 3A4. Les inducteurs puissants de cette enzyme (rifampicine, carbamazépine, millepertuis) sont susceptibles de diminuer son efficacité.

Inversement, les inhibiteurs des transporteurs OATP1B1/1B3 (ciclosporine) tendent à augmenter l’exposition au médicament.

Le momélotinib accroît l’exposition à certains médicaments en inhibant des transporteurs comme la breast cancer resistance protein ou BCRP (rosuvastatine), la glycoprotéine P (P-gp), l’organic cation transporter 1 (OCT1) et la multidrug and toxin extrusion protein 1 (MATE1), ce qui nécessite de la prudence avec les substrats à marge thérapeutique étroite (metformine).

Il peut aussi influencer l’activité des CYP450, notamment en induisant ou en inhibant le CYP1A2 et le CYP2B6, avec un risque d’interactions (théophylline, cyclophosphamide).

Enfin, bien que le CYP3A ne semble pas affecté, l’efficacité des contraceptifs hormonaux pourrait être diminuée.

Surveillance particulière

Une surveillance rapprochée est nécessaire : numération formule sanguine complète et bilan hépatique, avant et au cours du traitement ; recherche d’infection et évaluation du risque cardiovasculaire.

Conservation

La spécialité ne nécessite pas de conditions spéciales de température pour sa conservation.

Dites-le au patient

Prendre le comprimé tous les jours à la même heure, pendant ou en dehors des repas.

Si une dose est oubliée, elle ne doit pas être rattrapée. Il convient de ne pas prendre deux doses en même temps.

Les femmes sous contraceptif hormonal oral doivent ajouter une méthode barrière pendant le traitement et jusqu’à 1 semaine après l’arrêt.

L’avis de la HAS

Dans le périmètre du remboursement, c’est-à-dire « dans le traitement de la splénomégalie ou des symptômes liés à la maladie, chez les patients adultes présentant une anémie modérée à sévère et atteints de myélofibrose primitive, de myélofibrose secondaire à une polyglobulie de Vaquez ou à une thrombocytémie essentielle, qui ont été traités par le ruxolitinib » :

– service médical rendu modéré ;

– absence d’amélioration du service médical (ASMR V).

La population cible en France est estimée à 350 patients.

Fiche technique

Omjjara, en comprimés pelliculés en boîte de 30, dosés à 100 mg (AMM : 34009 302 827 2 4), à 150 mg (AMM : 34009 302 827 3 1) et à 200 mg (AMM : 34009 302 827 4 8).

Prix hors honoraires de dispensation : 3 174,84 €, toutes présentations confondues. Remboursé à 30 %.

Laboratoire GSK : 01 39 17 84 44.

Délivrance

  • Liste I.
  • Médicament à prescription hospitalière, réservée aux médecins compétents en maladie du sang et aux spécialistes et services spécialisés en hématologie.
  • Médicament soumis à une surveillance particulière pendant le traitement.

La myélofibrose

Qu’est-ce que c’est ?

La myélofibrose désigne l’envahissement de la moelle osseuse par du tissu fibreux. La myélofibrose entraîne des signes cliniques tels que splénomégalie, douleurs osseuses et abdominales, fatigue, prurit, amaigrissement… Le principal risque est l’évolution vers une leucémie aiguë myéloïde, qui concerne 8 à 23 % des patients dans les 10 ans suivant le diagnostic.

À quoi est-elle due ?

La myélofibrose est une maladie rare dont l’incidence (nombre de nouveaux cas par an) est inférieure à 3 pour 100 000 habitants. Elle peut être primitive : elle porte également le nom de myélofibrose chronique idiopathique ou splénomégalie myéloïde. La myélofibrose primitive est un syndrome myéloprolifératif qui est généralement diagnostiqué vers 60 ans.

La myélofibrose peut également être secondaire à un syndrome myéloprolifératif : la maladie de Vaquez ou la thrombocytémie essentielle. La maladie de Vaquez, ou polyglobulie primitive, se caractérise par une prolifération de la lignée érythrocytaire (globules rouges). Ses principales complications sont la thrombose et la myélofibrose. Elle est le plus souvent diagnostiquée vers 60 ans. Quant à la thrombocytémie essentielle, elle se caractérise par une prolifération de la lignée mégacaryocytaire (plaquettes). L’âge moyen au moment du diagnostic est généralement d’environ 60 ans, mais la maladie peut toucher tous les âges. Elle est plus fréquente chez les femmes.

Qu’est-ce que la mutation JAK2 ?

La mutation JAK2 est présente dans 30 à 50 % environ des myélofibroses primitives et des thrombocytémies essentielles, et dans presque tous les cas de maladie de Vaquez. Cette mutation a pour conséquences une prolifération cellulaire anormale, des cytopénies ainsi qu’une hypersécrétion de cytokines inflammatoires. 

Delphine Guilloux