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« Une entraide extraordinaire ! »
De la pharmacie du Pont de l’Europe, il ne reste que des cendres et une équipe au chômage technique. Elle a brûlé le 4 avril suite aux incidents qui ont eu lieu en marge des manifestations contre le sommet de l’OTAN. Isidore Rubinstein, son titulaire, se dit réconforté par la solidarité qui se manifeste à son égard.
« Le Moniteur » : Une semaine avant que ne débute le sommet de l’OTAN, vous souhaitiez maintenir votre pharmacie ouverte. Quand avez-vous changé d’avis ?
Isidore Rubinstein : Lorsque nous avons pris connaissance du tracé de la manifestation dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Personne ne nous en avait informé jusque-là. On a alors compris que la situation serait tendue quand on a vu que tout le quartier serait bloqué et la manifestation cantonnée au pont Vauban.
Que ressentez-vous aujourd’hui?
Colère et tristesse. Tristesse pour le quartier et pour la pharmacie, l’une des cinquante en France à être habilitée à fabriquer certains médicaments homéopathiques et la seule dans l’Est, et pour les habitants du quartier qui se sont sentis abandonnés, pour les patients et bien entendu pour mon équipe.
De nombreux témoignages de solidarité se sont exprimés, avec même un rassemblement où des habitants du quartier arboraient des pancartes « Isidore, le Port du Rhin t’adore ! » aux côtés de vos collaborateurs et des courriers publiés dans « Les Dernières Nouvelles d’Alsace » !
Nous avons reçu des centaines de lettres, le soutien des habitants du quartier qui parlent de « leur pharmacie », du Neuhof [quartier sud de Strasbourg qui compte 15 000 habitants] et, plus largement, des malades et de la profession. Le doyen de la faculté de pharmacie a mis à notre disposition un bureau avec ordinateur, téléphone et fax. Oscar Wehrlé, du laboratoire de pharmacie galénique, nous a proposé d’utiliser ses installations. Certains confrères sont prêts à nous aider à fabriquer…
Le maire de Strasbourg, Roland Dies, a annoncé la reconstruction au plus vite d’une officine provisoire sur le site. Qui va payer ?
On a effectivement demandé la reconstruction le plus vite possible. Les gravats sont déjà déblayés et les plans sont en cours d’élaboration. En attendant, une pharmacie provisoire sera installée sur le site. En revanche, pour l’unité de fabrication, tout est à refaire et, malheureusement, la bibliothèque de la pharmacie est, elle aussi, partie en fumée. La Ville s’est engagée à reconstruire, la Mutuelle des pharmaciens s’est engagée à nous soutenir, l’assurance couvrira une partie des dégâts. L’Etat s’est lui aussi engagé à nous soutenir administrativement et financièrement. Nous en attendons la concrétisation. Il y a une chaîne d’entraide extraordinaire des patients, des médecins et des pharmaciens pour nous aider à tout reconstituer.
Quid des patients cancéreux que vous suivez pour le renouvellement de leurs préparations homéopathiques destinées à améliorer leur qualité de vie ?
C’est vrai que notre compétence est reconnue dans ce domaine bien spécifique. On a même publié dans le Bulletin du cancer, il y a deux ans, sur les soins de soutien. Notre site (1) donnera dès que possible aux patients les indications pour se réapprovisionner. On va pouvoir aussi me joindre sur le téléphone de la pharmacie qui va être remis en service (2).
(1) http://www.pharmacieponteurope.com.
(2) 03 88 61 88 03.
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