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Publié le 19 avril 2003
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L’officine latine est aujourd’hui cernée par les chaînes et l’Internet. Est-ce une fatalité ? Pas pour le Groupement des pharmacies de l’Union européenne (GPUE)* qui a pourtant dressé à Pharmagora une liste peu rassurante des changements réglementaires récents dans les pays qui nous entourent (voir encadré ci-dessous). Pour Flora Giorgi, du GPUE (photo), qui constate que « tous les gouvernements ont des problèmes similaires et adoptent des solutions similaires », la pharmacie se doit d’évoluer pour résister. D’autant que « le modèle officinal latin a un inconvénient : celui de coûter relativement cher », selon l’économiste Claude Le Pen. « Mais son avantage décisif, c’est le service, pas seulement la logistique. Et l’enjeu c’est que les clients ne voient pas là que des mots mais une réalité », analyse-t-il. D’où la nécessité pressante pour l’officine de se soumettre à une démarche qualité mesurable, « car le statut et le diplôme ne suffisent plus à légitimer une profession ».

Flora Giorgi ne fait pas d’autre analyse quand elle expose les propositions du GPUE : développer les services et le suivi thérapeutique en officine, systématiser une collaboration étroite avec les autres professionnels de santé, accentuer la formation… et développer le conseil ! Car selon une étude de l’Association européenne des spécialités grand public, si 90 % des gens se disent satisfaits du conseil du pharmacien, seuls 6 % ont reçu un conseil sans l’avoir sollicité. Le GPUE préconise aussi de développer le service aux… autorités ! Notamment la collecte de données, en particulier dans le cadre d’études post-AMM…

Reste le danger économique : au Danemark, les difficultés des officines ont précédé les chaînes ; et quand des officines sont en difficulté, il leur est difficile de ne pas céder aux propositions d’éventuelles chaînes rachetant à 130-140 % du CA, comme en Norvège. Que feraient les officinaux français dans la même situation ?

* Le GPUE représente les organisations professionnelles nationales à la Commission de l’Union européenne, met au point des positions communes et rédige notamment des amendements aux textes européens.

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Entendu

 » Notre système de distribution est cher, non pas par rapport au service qu’il rend. Mais pour l’évaluer, il faudrait aussi pouvoir mesurer le service réel rendu et non pas celui qu’il pourrait rendre en théorie d’après les textes. « 

Claude Le Pen, économiste de la santé

MODIFICATIONS RÉGLEMENTAIRES RÉCENTES DANS LES PAYS VOISINS

– Allemagne : validation de la vente à distance par les tribunaux.

– Danemark : vente de spécialités grand public hors pharmacie, libéralisation des heures d’ouverture.

– Espagne : possibilité d’offrir 10 % de rabais sur les spécialités grand public.

– Italie, Pays-Bas : passage des spécialités grand public en libre accès public.

– Norvège : introduction des chaînes.

– Royaume-Uni : disparition du prix de vente au détail fixe (possibilité de discount sur les médicaments autorisés), nombreuses demandes de switches, prise de position de l’autorité de la concurrence contre les restrictions d’ouverture des pharmacies.